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Les symboles révolutionnaires.
Fiche du Musée de la Révolution Française de Vizille
dimanche 1er mars 2015
INTRODUCTION
L’usage des symboles remonte à l’Antiquité, leurs formes se codifiant au cours des XVIe et XVIIe siècles. On retrouve dans le symbolisme révolutionnaire des influences diverses :
l’influence gréco-romaine, largement diffusée par les Jésuites et les Oratoriens, est importante : le bonnet des esclaves affranchis, le faisceau des licteurs, l’autel de la patrie, l’allégorie de la Liberté, Hercule représentant le peuple...
la symbolique maçonnique est aussi présente : l’œil, le triangle, le niveau ;
la philosophie des Lumières et la pensée utopique inspirent également les symboles de la liberté, l’égalité, la fraternité, la raison, la régénérescence, symboles abstraits certes mais qui se concrétisent dans des fêtes, dans des projets architecturaux comme ceux de David, Boullée, Ledoux en vue de la construction d’une « cité-idéale » ;
par ailleurs la symbolique chrétienne, plus ténue, est malgré tout présente.
en français
Pour asseoir la légitimité du nouveau régime, les révolutionnaires devaient relever un double défi : d’une part saper la confiance du peuple dans l’Ancien Régime, d’autre part susciter la foi envers le régime républicain.
Succédant à une monarchie inscrite dans les esprits à travers les symboles comme la fleur de lys, la couronne, le sceptre, le drapeau blanc, le portrait même du roi, la jeune république parvint très rapidement à se forger ses propres signes de reconnaissance et d’adhésion :
- un calendrier (même s’il ne s’imposa pas),
- des valeurs (liberté, égalité, fraternité) [1]
- un drapeau aux trois couleurs,
- un hymne national ainsi qu’une allégorie de la Liberté confondue avec celle de la République et bientôt de la France et connue sous le nom de Marianne...
Les symboles, entités visuelles plus ou moins simples mais très pédagogiques – elles pouvaient être reconnues facilement par le peuple –, jouèrent un rôle de premier plan dans ce processus.
Il fallait trouver des objets concrets à opposer aux symboles de la monarchie, offrant une « figurabilité » certaine, comme par exemple la cocarde renvoyant à la nation unie ou la pique évoquant l’arme du peuple.
Ces symboles révolutionnaires furent déployés aux yeux de tous durant les fêtes civiques, portés lors des cortèges, épinglés ou brodés sur les vêtements, peints sur les murs et les tentures, gravés sur des objets quotidiens (cf. boîtes à tabac, bijoux, boutons, sabres à emblèmes, faïences, exposés dans le musée). Ils inspiraient des récits, des poèmes, des catéchismes, des chansons.
Ainsi réunis par la même culture et une même croyance, le peuple devait participer à un projet culturel de régénération.
Un certain nombre de décrets furent pris pour imposer l’emploi des nouveaux symboles :
- 2 août 1792 : « Les cocardes nationales peuvent être formées de toutes sortes d’étoffes en rubans pourvu qu’elles soient aux trois couleurs nationales » ;
- 3 avril 1793 : le décret concerne l’arrestation de toute personne sortant dans les rues ou dans les lieux publics sans sa cocarde tricolore ;
- 21 septembre 1793 : « Les femmes qui ne portent pas la cocarde seront punies la première fois de huit jours de prison, en cas de récidive elles seront réputées suspectes ; quant à celles qui arracheraient à une autre ou profaneraient la cocarde nationale , elles seront punies de dix années de réclusion » ;
- 3 octobre 1793 : « Les fleurs de lys sur les milles qui bordent les routes seront remplacées par le bonnet de la liberté » ;
- 24 novembre 1793 : « L’hymne de la Liberté sera chanté tous les décadis et chaque fois que le peuple le demandera ».....
A vous désormais de faire un bon usage de la fiche.
In English
INTRODUCTION
The use of symbols goes back to Antiquity, their forms being codified during 16-17C. We find in Revolutionary symbolism various influences :
- the Greco-Roman influence, largely spread by the Jesuits and Oratorians, is important : the freed slaves’ cap, the lictors’ bundle of rods, the altar of the homeland, the allegory of Liberty, Hercules representing the people...
- Masonic symbolic is also present : the eye, the triangle, the level ;
- Enlightenment philosophy and utopian thought inspire equally the symbols of Liberty, Equality, Fraternity, Reason and Regeneration – abstract symbols, to be sure, but made concrete in festivals and in architectural projects such as those of David, Boullée and Ledoux, with a view to the construction of an “ideal city”.
- Moreover, Christian symbolism, more subtle, is nevertheless present.
To establish the legitimacy of the new régime, the Revolutionaries had to take up a double challenge : on the one hand to undermine the people’s faith in the ancien régime, and on the other, to inspire faith in the republican régime.
Succeeding a monarchy inscribed on the minds through symbols such as the fleur de lys, crown, sceptre, white flag and even the portrait of the king, the young republic managed very rapidly to forge its own emblems of recognition and support :
- a calendar (even if it did not last),
- values (liberty, equality, fraternity)[1]
- a flag in three colours,
- a national anthem, as well as an allegory of Liberty merged with that of the Republic and soon of France, and known under the name of Marianne...
Symbols, visual entities more or less simple but very educational – they could easily be recognised by the people – played a leading rôle in this process.
It was necessary to find concrete objects to set in opposition to the symbols of the monarchy, offering a certain « figurability », such as, for example, the cockade reflecting the unified nation or the spade evoking the weapon of the people.
These revolutionary symbols were deployed before everyone’s eyes during civic festivals, carried in processions, pinned or embroidered on clothes, painted on walls and hangings, engraved on daily objects (e.g. snuffboxes, jewellery, buttons, sword hilts, china, shown in the museum). They inspired stories, poems, catechisms, songs.
Thus united by a shared culture and belief, the people had to participate in a cultural project of regeneration.
A number of decrees were made to impose the use of the new symbols :
- 2 August 1792 : « National cockades can be made from all kinds of fabric in ribbons, so long as they are in the three national colours » ;
- 3 April 1793 : decree concerning the arrest of any person going out in the streets or public places without a tricolour cockade ;
- 21 September 1793 : « Women who do not wear the cockade will be punished the first time by eight days in prison ; in case of repeat offenders, they will be regarded as suspects ; as for those who would tear a cockade off another woman, or desecrate the national cockade, they will be punished by ten years’ detention » ;
- 3 October 1793 : « The fleurs-de-lis on the milestones on the roads will be replaced by the liberty cap » ;
- 24 November 1793 : « The anthem of Liberty will be sung every tenth day [i.e. each of the new decimal weeks] and every time the people ask for it ».....
Now it’s up to you to make good use of the leaflet.
[1] The title of this article is superimposed on a painting which has become a symbol of the Revolution, Liberty leading the People, by Eugène Delacroix, but this post-dates the French Revolution. It was inspired by the Revolution of 1830 and painted that same year.
[1] Le logo de cet article est emprunté à un tableau devenu symbole de la Révolution. La Liberté guidant le Peuple de Eugène Delacroix, mais celui-ci est postérieur à la Révolution française. Il est inspiré de celle de 1830 et réalisé la même année.