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Biographie : éléments essentiels de la vie de Maximilien Robespierre
proposée par Christian Lescureux.
mardi 26 mai 2015
En FRANÇAIS
Maximilien ROBESPIERRE (1758-1794)
Admiré des uns, détesté des autres, Maximilien Robespierre est l’un des personnages les plus illustres de notre histoire et son nom, associé, au souvenir de la Révolution française, est connu dans le monde entier.
L’enfance arrageoise
Maximilien-Marie-Isidore de Robespierre est né à Arras le 6 mai 1758. Il fut baptisé le jour même à l’église de la Madeleine (face au palais St Vaast) ; ses parents habitaient donc cette paroisse, mais on ignore où exactement.
La famille était de vieille souche artésienne, et comptait de nombreux hommes de lois et marchands dans la région de Lens et Carvin,.
Son grand-père, Maximilien de Robespierre, avocat, vint s’installer à Arras en 1731.
Son père Maximilien François, né en 1732, devint avocat à son tour. Ayant séduit Jacqueline CARRAUT ( née à Arras en 1735) fille d’un modeste brasseur de la rue Ronville, il l’épousa le 2 janvier 1758.
Le couple eut successivement cinq enfants : après Maximilien, naquit Charlotte, en janvier 1760, Henriette, en décembre 1761, Augustin, en janvier 1763. Au cinquième enfant, qui ne survécut pas, Jacqueline, la mère, mourut en couche le 4 juillet 1764. Elle avait 29 ans.
Ce drame affecta le père au point qu’il confia les enfants aux grands- parents et mena une vie errante, ne revenant que rarement à Arras. Il mourut en Allemagne en 1777.
Charlotte et Henriette furent confiées à leurs tantes paternelles puis mises en pension à Tournai (Belgique). Henriette décéda très jeune.
Maximilien, alors âgé de 6 ans, et son jeune frère Augustin furent recueillis à la brasserie des grands-parents Carraut, comme le signale la plaque apposée au 12 rue Ronville.
De brillantes études
Elève studieux au collège des Oratoriens à Arras (près de l’actuel Hôtel de l’Univers), de 1765 à 1769, Maximilien bénéficia d’une bourse de 450 livres accordée par l’abbaye St-Vaast pour poursuivre ses études au Collège Louis Le Grand à Paris.
L’élève Robespierre était passionné d’histoire romaine, admirateur des écrivains et philosophes modernes. Brillant élève, il fut choisi en 1774 pour déclamer un poème en latin au jeune couple royal qui revenait du sacre à Reims et faisait par tradition une halte face au prestigieux collège. [5]
Bachelier, il fut récompensé par le collège de l’excellence de ses études par une dotation de 500 livres qu’il transmis à son frère Augustin élève du même collège. Robespierre entreprit alors des études de droit et songea un moment à s’installer comme avocat à Paris.
Avocat en renom
Mais en 1781 il revint en Artois et s’inscrivit au barreau d’Arras. L’un des éminents avocats d’Arras, Me Liborel, le prit sous sa protection et Robespierre fit son entrée au Conseil d’Artois. Cette juridiction, la plus importante de la province, siégeait à la Cour le Comte (là où se trouve aujourd’hui le collège St Joseph).
Robespierre devint aussi juge épiscopal auprès du tribunal de l’évêque d’Arras, dans le quartier de l’actuelle préfecture.
En 1782 sa réputation dépassa les limites de l’Artois à l’occasion d’un procès retentissant où il se fit le défenseur des sciences et idées nouvelles : il gagna en appel un procès contre les autorités de St Omer qui avaient condamné le sieur de Vissery pour avoir installé un paratonnerre sur son château.
Autre procès, en 1783-84, qui fit grand bruit, c’est celui qu’il remporta contre la toute puissante abbaye d’Anchin. Un moine séducteur, dépité d’avoir vu la soeur d’un modeste cordier refuser ses avances avait faussement accusé le frère de malversations. Robespierre n’hésita pas à mettre en cause l’opulence et la toute puissance de certains monastères, ce qui altéra ses relations avec une partie de l’opinion arrageoise et avec son protecteur Liborel ; défenseur de l’abbaye.
Jeune avocat en renom, Robespierre fit, en 1783, son entrée à « l’académie royale d’Arras », qu’il présida un temps et où il se fit marquer par un discours en faveur des « droits des bâtards ». Il y côtoya Lazare Carnot, officier en garnison à Arras, qu’il retrouva également dans la société des « Rosati » qui réunissait de jeunes poètes arrageois, dans les jardins de Blangy, ou dans l’hôtel particulier du noble Dubois de Fosseux, encore visible rue du Marché au filé.
D’une élégance raffinée, bon danseur et réputé pour ses talents littéraires et d’orateur, Robespierre était recherché dans la bonne société d’Arras. Mais les choses se gâtèrent quand, à l’occasion de certains procès, il se fit de plus en plus critique des abus du régime et des gens en place.
Elu député du Tiers-Etat
En 1788 Robespierre se réjouit de l’annonce de la convocation des Etats-Généraux et de l’invitation faite au peuple par Louis XVI d’exprimer ses doléances.
Dans une « Adresse à la nation artésienne » largement diffusée en Artois, il dénonça les innombrables méfaits des autorités de la province. Il se fit le défenseur résolu du petit peuple, du bas clergé et même des petits nobles contre les puissants privilégiés.
A Arras il mena campagne non seulement contre les aristocrates et le haut clergé, mais aussi contre les riches bourgeois qui dirigeaient la ville. C’est à lui que les savetiers, la plus nombreuse et la plus pauvre des corporations, demandèrent de rédiger leur cahier de doléances.
Ayant participé à la rédaction des doléances de la province, Robespierre fut élu le 29 avril 1789 le cinquième des 8 députés du Tiers Etat de l’Artois. Il quitta définitivement pour Versailles, la maison qu’il habitait depuis 1787, avec Charlotte et Augustin, rue des rapporteurs, aujourd’hui rue Robespierre
Défenseur des pauvres
En quelques années le petit député d’Artois, sans aucune expérience politique, allait devenir celui qu’on considère aujourd’hui comme l’homme clé de la Révolution Française qui ébranla le monde.
Quand, l’Assemblée constituante se sépara le 30 septembre 1791, Robespierre était devenu le député le plus populaire du pays et les parisiens voulurent le porter en triomphe.
C’est le combat qu’il mena dès 1789, contre la majorité de l’Assemblée, pour accorder le droit de vote aux pauvres. qui fit d’abord connaître Robespierre.
Devenu l’orateur le plus écouté au club des Jacobins, qui rayonnait dans tout le royaume, il put faire connaître les principes qui dictaient sa conduite et qu’il avait tirés d’une lecture passionnée des œuvres de J.J. Rousseau
Combattant les inégalités, il condamnait l’esclavage et les abus de la colonisation. Il réclama de droit de vote pour les juifs, le droit de pétition pour tous, dénonça la loi martiale et le droit de veto accordé au roi. Il tenta en vain d’obtenir l’abolition de la peine de mort et combattit avec vigueur les atteintes à la liberté religieuse. Vivant modestement chez un menuisier parisien, on le surnomma « l’Incorruptible ».
Ayant lui-même convaincu les députés de ne pouvoir renouveler leur mandat il ne participa pas à l’assemblée législative, mais mena campagne en 1792 contre la déclaration de la guerre à l’Autriche. Dénonçant la complicité du roi et de la cour avec l’ennemi, Robespierre contribua à l’insurrection du 10 août 1792, et à la chute de la royauté.
Elu le premier des députés de Paris à la Convention, il fut un des fondateurs de la première République le 21 septembre 1792 . A la tête des Montagnards ; qui siégeaient à la gauche de la Convention, il proposa une nouvelle constitution plus égalitaire et dans laquelle on limiterait le droit de propriété.
Une année cruciale… à la tête de l’Etat
En 1793, la guerre faisait rage et la patrie était en grand danger : assiégée par les armées coalisées de l’Europe entière, la France était aussi minée de l’intérieur par des soulèvements contre-révolutionnaires.
Obligée de prendre des mesures draconiennes, la Convention désigna Robespierre le 29 juillet 1793 pour siéger au Comité de Salut qui gouvernait le pays.
Il prit dès lors une part prépondérante, avec Carnot et Saint-Just, à l’effort de guerre et à la lutte intransigeante contre tous ceux qui, de l’intérieur, étaient accusés de soutenir l’ennemi. Cette politique dite « de Terreur » sauva la patrie mais fut conduite dans certaines villes (et notamment à Arras) avec des excès injustifiables, dont on accusa Robespierre. Ce jugement reste un objet de vifs débats.
Une fin tragique
La victoire de Fleurus en juin 1794 ayant libéré la France et assuré la supériorité militaire des armées révolutionnaires, un tournant politique s’opéra au sein de la Convention qui décida d’évincer Robespierre, dont la politique égalitaire en faveur des sans-culottes inquiétait en outre une majorité de députés..
Robespierre fut, sans procès, accusé de dictature condamné à mort le 9 Thermidor an An II (27 juillet 1794) et exécuté le lendemain même avec son frère Augustin et 70 de ses compagnons. Il avait 36 ans.
Craignant que sa dépouille devienne l’objet d’un culte populaire, elle fut jetée dans une fosse commune et recouverte de chaux
IN ENGLISH
Biography : essential elements of his life.
Maximilien ROBESPIERRE (1758-1794)
Admired by some, hated by others, Maximilien Robespierre is one of the most illustrious figures in our history and his name, associated with the memory of the French Revolution, is known throughout the world.
Childhood in Arras
Maximilien-Marie-Isidore de Robespierre was born in Arras on 6 May 1758. He was baptised the same day in the Church of St Mary Magdalene (opposite the Abbey-Palace of Saint-Vaast) ; his parents therefore were living in that parish, but it is not known exactly where.
The family was of old Artois stock, and included many men of law and merchants in the region of Lens and Carvin.
His grandfather, Maximilien de Robespierre, an advocate, moved to Arras in 1731.
His father Maximilien François, born in 1732, became an advocate in his turn. Having seduced Jacqueline CARRAUT (born in Arras in 1735), daughter of a modest brewer from the Rue Ronville, he married her on 2 January 1758.
The couple had five children in succession : after Maximilien, Charlotte was born in January 1760, Henriette in December 1761 and Augustin in January 1763. After giving birth to the fifth child, who did not survive, Jacqueline, the mother, died in childbed on 4 July 1764. She was 29 years old.
This crisis affected their father so much that he entrusted the children to their grandparents and led a wandering life, rarely returning to Arras. He died in Germany in 1777.
Charlotte and Henriette were entrusted to their paternal aunts, then sent to boarding-school in Tournai (in present-day Belgium). Henriette died very young.
Maximilien, then 6 years old, and his younger brother Augustin were brought up at their Carraut grandparents’ brewery, as the plaque at 12 Rue Ronville indicates.
The Brilliant Student
A student at the College of the Oratorians in Arras (near today’s Hôtel de l’Univers), from 1765 to 1769, Maximilien received a bursary of £450 from the Abbey of Saint-Vaast to continue his studies at the College of Louis Le Grand in Paris.
As a student, Robespierre was passionate about Roman history, an admirer of modern writers and philosophers. A brilliant scholar, he was chosen in 1774 to declaim a poem in Latin to the young royal couple returning from the coronation in Reims and by tradition made a stop opposite the prestigious college.*
Becoming Bachelor (i.e. having passed the first 2 law exams), he was awarded by the college a grant of £500 for scholarly excellence, which he passed on to his brother Augustin, a student of the same college. Robespierre then undertook legal studies and thought for a while about settling as an advocate in Paris.
A Renowned Advocate
But in 1781 he returned to Artois and was sworn to the bar in Arras. One of Arras’ eminent advocates, Maître Liborel, took him under his wing and Robespierre entered the Council of Artois. This jurisdiction, the most important of the province, sat at the Comtal Court (where St Joseph’s College is located today).
Robespierre also became an episcopal judge in the court of the Bishop of Arras, in the present-day Prefecture district.
In 1782 his reputation went beyond the bounds of Artois on the occasion of a renowned trial in which he made himself the defender of science and new ideas : he won an appeal against the authorities of St Omer who had condemned the Sieur de Vissery for installing a lightning-conductor on his castle.
Another trial, in 1783-84, which caused great commotion, was the one he won against the all-powerful Abbey of Anchin. A lecherous monk, disappointed that the sister of a modest ropemaker had refused his advances, had falsely accused her brother of embezzlement. Robespierre did not hesitate to question the opulence and omnipotence of some monasteries, which changed the opinions of some in Arras towards him, including his mentor Liborel, a defender of the abbey.
A renowned young advocate, Robespierre entered the Royal Academy of Arras in 1783, where he presided for a time and distinguished himself by a speech in favour of « the rights of bastards ». There he met Lazare Carnot, an officer in the Arras garrison, whom he also met in the Rosati Society, which brought together the young poets of Arras in the gardens of Blangy, or in the mansion of the nobleman Dubois de Fosseux, still visible on the Rue du Marché au Filé.
With refined elegance, a good dancer and renowned for his literary and oratory talents, Robespierre was sought after in Arras high society. But this turned sour when, during some trials, he became increasingly critical of the abuses of the regime and powerful officials.
Elected Deputy for the Third Estate
In 1788 Robespierre was delighted with the announcement of the calling of the Estates-General and the invitation made to the people by Louis XVI to express their grievances.
In an Address to the Artesian Nation, widely disseminated in Artois, he denounced the countless misdeeds of the provincial authorities. He became the resolute defender of the common people, the lower clergy and even the minor nobles against the powerful privileged.
In Arras he campaigned not only against the aristocrats and the high clergy, but also against the rich bourgeois who ruled the city. It was him that the shoemakers, the most numerous and poorest of the corporations, asked to write their cahier de doléances (grievance book).
Having participated in drafting the grievances of the province, Robespierre was elected on 29 April 1789 as the fifth of the eight deputies of the Third Estate of Artois. He left for good the house in which he had lived with Charlotte and Augustin since 1787, on the Rue des Rapporteurs (today’s Rue Robespierre), to go to Versailles.
Defender of the poor
In a few years the little Artois deputy with no political experience was to become someone who today is considered the key player in the world-shaking French Revolution.
When the Constituent Assembly broke up on 30 September 1791, Robespierre had become the most popular deputy of the country and the Parisians wanted to carry him in triumph.
The fight he waged as early as 1789, against the majority of the Assembly, was to grant the right to vote to the poor, who first introduced Robespierre.
Having become the most popular speaker at the Jacobin Club, famed throughout the kingdom, he was able to spread the principles which informed his conduct and which he drew from a passionate reading of J. J. Rousseau’s works.
Combating inequality, he condemned slavery and colonial abuses. He demanded the right to vote for Jews, the right of petition for all, denounced martial law and the king’s right of veto. He tried in vain to obtain the abolition of the death penalty and fought vigorously against attacks on religious freedom. Living modestly with a Parisian cabinet-maker, he was nicknamed « the Incorruptible ».
Having himself convinced the deputies not to renew their mandate, he did not participate in the legislative assembly, but led a campaign in 1792 against the declaration of war on Austria. Denouncing the complicity of the king and the court with the enemy, Robespierre contributed to the insurrection of August 10, 1792, and the fall of the monarchy.
Elected as the first of the Paris deputies to the Convention, he was one of the founders of the first Republic on 21 September 1792. At the head of the Montagnards, seated on the Convention’s left, he proposed a new, more egalitarian constitution in which property rights would be limited.
A crucial year... at the head of the state
In 1793, war was raging and the country was in great danger : besieged by the coalition armies of the whole of Europe, France was also undermined from within by counter-revolutionary uprisings.
Forced to take draconian measures, the Convention appointed Robespierre on 29 July 1793 to the Committee of Public Safety that governed the country.
Along with Carnot and Saint-Just, he therefore took a major role in the war effort and the relentless struggle against all those accused of supporting the enemy from within. This policy, called « The Terror », saved the nation but in some cities (and notably in Arras) was carried out with unjustifiable excesses, for which Robespierre was blamed. This judgement remains the subject of lively debate.
A tragic end
The victory at Fleurus in June 1794, liberating France and ensuring the military superiority of the revolutionary armies, marked a political turning point within the Convention. It decided to oust Robespierre, whose egalitarian policy in favour of the sans-culottes further worried a majority of deputies.
Without any trial, Robespierre was accused of dictatorship, sentenced to death on 9 Thermidor Year II (27 July 1794) and executed the very next day with his brother Augustin and 70 of his companions. He was 36 years old.
Fearing that his corpse would become the object of popular devotion, it was thrown into a mass grave and covered with quicklime.
*But see Leuwers, Robespierre (Paris 2014), pp 28-31, casting doubt on this anecdote.
Voir en ligne : L’arbre généalogique de la famille Robespierre. Merci à Etienne Pattou
[1] LEUWERS Hervé : Robespierre , Editions Fayard, Paris 2014
[2] BIARD Michel, BOURDIN Philippe : Robespierre, portraits croisés, Editions Armand Colin, Paris, 2013.
[3] ROBESPIERRE Charlotte : Mémoires, Préface de Martin Jean-Clément, Editions nouveau monde, 2006. 1re édition, par Laponneraye ( éditions) 1834
[4] ZIZECK Slavoj : Robespierre entre Vertu et Terreur, les plus beaux discours de Robespierre, Éditions Stock, l’autre pensée, 2008 ; English edition : Virtue and Terror : Maximilien Robespierre, Verso, 2007
[5] Mais voyez Leuwers, Robespierre (Paris 2014), 28 - 31.