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Philippe Allienne : La liberté de la presse et déclaration des droits : Qu’en est-il aujourd’hui ?

vendredi 22 novembre 2024

Art. 10. - Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi.
Art. 11. - La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi
.

Quel regard porter aujourd’hui sur l’exercice de ces droits, inscrits dans le préambule de la constitution depuis 1946

Dans quelques jours la conférence sera visible sur notre chaîne youtube. Patience !

La liberté de la presse en France

De la déclaration des droits de l’Homme aux États généraux de l’information
par Philippe Allienne.

Objet de la conférence :
« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions ». « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »

Les articles 10 et 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme, du 26 août 1789, posent les principes de la liberté d’expression et, par voie de conséquence, de la liberté de la presse.

De fait, la Révolution française, dès ses débuts, voit une explosion du nombre de titres de journaux. Leur liberté de ton marque le début de ce que l’on peut appeler une exception française : la presse d’opinion.
Depuis 1789, au moins quatre grandes dates sont à retenir pour la liberté de la presse : la loi du 29 juillet 1881 ; les ordonnances de 1944 sur la liberté de la presse ; la déclaration universelle des droits de l’Homme (10 décembre 1948) ; l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’Homme (4 novembre 1950).

235 ans après le début de la Révolution française, nous constatons que la France est classée au 24e rang mondial pour la liberté de la presse par l’association Reporters sans frontières. Cette année, les États généraux de l’information, réunis sur une initiative du président de la République, viennent de rendre leur rapport après des mois de travail. La presse indépendante des grands groupes fait aussi des propositions. Si les médecins sont au chevet de la presse, c’est que la presse ne va pas bien. Ou plutôt, la liberté de la presse n’est pas au top de sa forme.

Les journalistes doivent se battre pour protéger le fondamental secret des sources. Ils doivent faire face aux pressions policières et politiques. Ils se sont battus récemment contre un schéma du maintien de l’ordre qui voulait les empêcher de travailler librement. Ils ont à faire face à un profond phénomène de défiance venant du public. Ils doivent prendre en compte l’explosion des fausses informations, de la manipulation, de l’intelligence artificielle, des lois bâillon, etc.

Si l’on ajoute le rôle prédominant des financiers, des grands patrons industriels, des concentrations de presse, des menaces sur le service public de l’audiovisuel, du pied de nez fait aux ordonnances de 1944 et au Conseil national de la Résistance, on constate à quel point notre système de presse est fragile.


Pour lire son discours du 11 mai 1791 dans sa publication originale, cliquez ci-dessous et « echap » pour revenir à l’article.

discours original gallica


Le mot du président : cliquez pour déplier

Notre cycle de conférence se poursuit et, chemin faisant, des témoignages nous parviennent pour nous en féliciter. Ceux-là aiment à souligner que les thèmes de nos conférences résonnent étonnamment avec l’actualité. Accueillant ce 20 novembre notre ami Yannick Bosc, je fus parfois étonné par les posts que nos internautes laissaient en ligne à l’écoute de ses propos. Oui, tout rapport avec les problématiques du temps présent est volontairement assumé. Tout comme l’honneur que nous fait Philippe Allienne d’avoir répondu à notre invitation pour évoquer ce qu’il en est de la liberté constitutionnelle de la presse aujourd’hui au regard de la déclaration des droits de 1789 que Robespierre avait soutenue dans son célèbre discours prononcé devant le club des amis de la constitution le 11 mai 1791.

Il ne s’agit pas dans notre esprit de faire une lecture anachronique de cet apport fondamental de la Révolution française, mais, dans notre souci d’éducation populaire, d’interroger, à partir de notre vécu du présent, l’histoire de la Révolution française du moins cette partie son histoire que nous avons oubliée en laissant à d’autres le soin, soit de la déformer, soit de l’instrumentaliser.

Quoi, me direz-vous, mais pourquoi donc y revenir à partir d’une époque révolue, conquête nécessaire contre l’absolutisme de l’ancien régime. Les problématiques soulevées alors ne réapparaîtraient-elles pas à nouveau dans le siècle à nouveau ?

Gageons que l’apport de nos conférences vous aident, par l’analyse historique, à lire et problématiser le présent ? En quoi la position de Robespierre proposant à la fin de son intervention devant le club des Amis de la Constitution du 14 mai 1791 peuvent-ils susciter notre réflexion sur « l’état de la presse bien fragile aujourd’hui » comme nous le confie notre conférencier.

Je souhaite aussi m’adresser à mes collègues enseignants qui ont la charge d’enseigner cette passionnante discipline sans laquelle on en peut véritablement former des citoyens « éclairés ». Mais le propos vaut aussi pour tous les citoyens curieux de leur passé.

Depuis quatre ans notre association a pu mettre en ligne une trentaine de conférences toutes tenues par des enseignants universitaires reconnus et interrogeant les domaines actuels de la recherche universitaire et des progrès de l’historiographie.

Je vous rassure. Dans notre travail il y a un parti pris n’en doutez pas un instant. C’est celui de prendre le contre-pied de l’histoire que certains esprits ont décrété officielle en mettant promouvant celle qui se construit par la recherche récente.

C’est une histoire partisane de l’esprit des Lumières. C’est une histoire fondée sur l’effort intellectuel nécessaire à la déconstruction des préjugés, la recherche et le croisement contradictoire des faits, certes, la nécessité d’accepter la complexité et d’interroger une vision du monde que nous avons oubliée ou que notre mémoire a oubliée.
Elle s’affiche contre celle que tente d’imposer celle de l’extrême-centre (pour reprendre l’expression de Pierre Serna) celle de la droite et de l’extrême-droite aujourd’hui. Comme de nombreux historiens ou enseignants nous refusons que cette vision de l’histoire dont le but consiste à essentialiser l’idée qu’il y a Nous et eux (les autres) non pas seulement aujourd’hui, les autres étant ce qui ne pensent pas comme Nous.

Je veux remercier ici publiquement, nos amis historiens universitaires qui par leur disponibilité nous permettent de mettre à votre disposition de tels cycles de conférences qu’ensuite nous mettons en ligne pour votre plus grand profit.

Je mets au défi les autorités académiques d’offrir à leurs enseignants un tel programme de formation continue.

Je me répète, elle sont ouvertes à toutes et à toutes et leur organisation conviviale permet ensuite le débat, la controverse. Alors rejoignez-nous nombreux.



-Proposition de décret proposé par Robespierre devant le club des Amis de la Constitution le 11 mai 1791

Je borne ici mes réflexions sur cette troisième question, qui n’est pas le principal objet de cette discussion, et je vous propose de cimenter la première base de la liberté par le décret suivant.

L’Assemblée nationale déclare :
1- Que tout homme a le droit de publier ses pensées, par quelques moyens que ce soit ; et que la liberté de la presse ne peut être gênée ni limitée en aucune manière.
2- Que quiconque portera atteinte à ce droit doit être regardé comme ennemi de la liberté, et puni par la plus grande des peines qui seront établies par l’Assemblée nationale.
3- Pourront néanmoins les particuliers qui auront été calomniés se pourvoir pour obtenir la réparation du dommage que la calomnie leur aura causé, par les moyens que l’Assemblée nationale indiquera