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Les 12 victimes du 12 Thermidor an II.

La répression thermidorienne contre les robespierristes membres de la Commune de Paris.

lundi 13 février 2023

Sur les 108 victimes du 9 thermidor (22 exécutés le 10 thermidor plus le suicide de Lebas, les 71 exécutés, la plupart Communards, du 11 thermidor, les 12 exécutés du 12 thermidor), les deux dernières sont Coffinhal, vice-président du Tribunal révolutionnaire et surtout grand animateur de l’insurrection communaliste du 9 au 10 thermidor, exécuté le 18 thermidor (5 août 1794), et Deschamps, aide de camp d’Hanriot exécuté le 5 fructidor an II-22 août 1794.

Signalons cependant que Lemonnier, commissaire civil de la section de la Fidélité, accusé de « complicité avec Robespierre », fut condamné à mort le 15 fructidor an II-1er septembre 1794.

INTRODUCTION

Les 12 victimes du 12 Thermidor an II.

Le 12 thermidor an II-(30 juillet 1794), douze nouvelles victimes montent sur l’échafaud sans aucun procès toujours au nom du décret de mise en état « Hors-la-loi » voté par la Convention le soir du 9 thermidor à l’encontre des robespierristes. Les Thermidoriens achèvent la décapitation de la Commune !

Sur les « 12 », trois auraient du être exécutés la veille ! Beaucoup d’entre eux sont membres du Conseil général de la Commune, et sont des patriotes militants prononcés. (Comme Arthur, qui est l’un des 9 membres du Comité d’exécution créé par la Commune le soir du 9 thermidor) On trouve aussi un ami proche de Robespierre, l’imprimeur Nicolas.

Sur les 108 victimes du 9 thermidor (22 exécutés le 10 thermidor plus le suicide de Lebas, les 71 exécutés, la plupart Communards, du 11 thermidor, les 12 exécutés du 12 thermidor), les deux dernières sont Coffinhal, vice-président du Tribunal révolutionnaire et surtout grand animateur de l’insurrection communaliste du 9 au 10 thermidor, exécuté le 18 thermidor (5 août 1794), et Deschamps, aide de camp d’Hanriot exécuté le 5 fructidor an II-22 août 1794.
Signalons cependant que Lemonnier, commissaire civil de la section de la Fidélité, accusé de « complicité avec Robespierre », fut condamné à mort le 15 fructidor an II-1er septembre 1794.

Paul Sainte-Claire Deville, pourtant peu porté à la sympathie à l’égard de Robespierre et de ses amis, peut écrire comme bilan :

« Ainsi, les représailles exercées contre les vaincus de thermidor avaient coûté la vie à 108 personnes, parmi lesquelles on compte 4 députés [En fait 5, avec Lebas], 6 dignitaires ou fonctionnaires de la municipalité, 87 officiers municipaux ou notables, et 11 individus de diverses catégories. On voit que la Commune a payé une large part dans la répression. » (Sainte-Claire Deville, 340-341)

Comme pour les « 71 » du 11 thermidor, pour les biographies des victimes du 12 thermidor, nous nous sommes servis des ouvrages de référence suivants :

1 : Paul Sainte-Claire Deville, La Commune de l’an II Vie et mort d’une Assemblée révolutionnaire d’après de nombreux documents inédits, Paris, Plon, 1946, 387 p. ( Abréviation : Sainte-Claire Deville)

2 : Albert Soboul, Les Sans-Culottes parisiens en l’an II, La Roche-sur-Yon, H. Potier, 1958 ( Réédition, 1962), 1962, 1168 p. ( Abréviation : Soboul)

3 : Albert Soboul et Raymonde Monnier, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, Paris, Publications de la Sorbonne, 1985, 564 p.

4 : Gérard Walter, La Conjuration du neuf Thermidor, Paris, NRF Gallimard, Paris, 1974, 576 p. ( Abréviation : Walter) ( qui comprend de nombreuses pièces intéressantes du pourtant falsificateur et voleur Courtois)

Les listes des victimes ont été publiées par Émile Campardon dans son ouvrage :

Emile Campardon, Le Tribunal révolutionnaire de Paris, d’après les documents originaux conservés aux archives de l’Empire suivi de la liste complète des personnes qui ont comparu devant ce tribunal, tome I, Paris, Plon, 1866. ( pièces justificatives : n° 13 : Les mises hors la loi, p. 543-552.)
(Réédition, Slatkine-Megariotis, Genève, 1975)
Les documents originaux sont conservés aux archives nationales, Affaires jugées 6 avril 1793-12 thermidor an II Juridictions extraordinaires. Dossiers des affaires jugées par les différents tribunaux révolutionnaires créés depuis la loi du 10 mars 1793.
W 434 dossiers 975 ( 10 thermidor), 976 et 977 ( 11 thermidor) et 978 ( 12 thermidor).

Pour les biographies, nous avons conservé l’ordre de la liste de Campardon. Là encore nous avons voulu tirer de l’anonymat ces militants révolutionnaires, guillotinés sans aucun procès uniquement en raison de leur proximité avec les idéaux jacobins, communards et robespierristes.

Bruno Decriem, (A.R.B.R.) ( février 2023)

BIOGRAPHIES :

1 : LELEU (Charles-Nicolas), perruquier, né à Vitry-sur-Marne en 1754, 40 ans, demeurant à Paris rue (Saint) Dominique, faubourg Saint-Germain, n° 1535, section des Invalides, membre du Conseil général de la Commune, adjoint au Comité d’exécution le 9 thermidor, s’est présenté au Comité révolutionnaire de sa section le 10 thermidor. Arrêté, il a été envoyé à la Conciergerie le 11. Exécuté le 12 thermidor.

«  Le comité instruit qu’il y avait du mouvement dans la section, que les canons avaient été sortis du corps de garde et en ignorant le motif, a nommé des commissaires pour s’informer de ce qui se passe à la Commune et si la Convention n’était pas en danger à l’effet d’y envoyer de la force armée dans le cas où sa sûreté serait compromise.

Sur les dix heures est entré au comité civil le citoyen Roussel fils, employé au secrétariat de la Commune qui s’était déclarée en insurrection en voyant les patriotes persécutés par plusieurs scélérats qui avaient égaré la Convention qu’ils déshonoraient, qu’elle convoquait les sections et leur enjoignait de lui envoyer la force armée ; qu’il fallait que le peuple souverain s’étant déclaré en insurrection, la Convention, le comité de salut public et le comité de sûreté générale n’étaient plus rien, que déjà trente sections s’étaient rendues à la commune et que la section des Invalides serait déshonorée ; Il a dit qu’il fallait tout de suite convoquer l’assemblée générale : on lui a répondu qu’on n’avait point d’ordre. […] {}

Dans le cours de la nuit plusieurs citoyens ont fait des rapports au dit comité tous contradictoires, les uns disant que le peuple se portait à la Convention, d’autres que c’était à la Commune, entre autres le nommé Barroyer a rapporté que la Convention avait rendu le décret portant que, si à la pointe du jour la Commune de Paris n’apportait pas la tête de Robespierre, la Convention ferait mettre la ville de Paris à feu et à sang, à quoi un membre du Comité a répondu que cela n’était pas vrai. » (Procès-verbal de la séance du comité civil de la section des Invalides tenue dans la nuit du 9 au 10 thermidor, dans : Walter, 230-231.)

2 : NICOLAS (Léopold, Charles), imprimeur, 37 ans, né à Mirecourt (Vosges), demeurant à Paris, rue (Saint) Honoré, n° 355, section des Piques. Électeur suppléant en 1792, membre des Jacobins. Membre du comité de Salut Public du département, puis juré au tribunal révolutionnaire. Guillotiné le 12 thermidor an II.

« L’assemblée générale a promis de fraterniser avec les Jacobins. Elle s’est conduite à la fois avec délicatesse et avec énergie. Elle ne s’est réunie que vers deux heures du matin et s’est ralliée à la Convention. » ( Courtois, dans : Walter, 265.)

«  A l’audience du lendemain 12, on ne présente plus au Tribunal que douze « hors la loi », dont trois, d’ailleurs, avaient été portés sur les listes de la veille, et avaient bénéficié d’un sursis comme on l’a dit tout à l’heure. [Pierre-Eutrope Gillet-Marie, Grillet, Lahure] Parmi ces douze se trouvaient le redoutable Arthur, membre du Comité d’exécution, et l’imprimeur Nicolas, ami de Robespierre , mis hors la loi comme tel, et juré au Tribunal révolutionnaire. Reconnus par témoins, ils ont été livrés immédiatement à l’exécuteur, et avec eux se termine la série des exécutions en masse, suite du 9 thermidor. » (Sainte-Claire Deville, 338.)

3 : LECHENARD (Jean-François), marchand tailleur, 37 (ou 46) ans, né à Dôle (Jura), demeurant à Paris, rue Montorgueil, section de Bon-Conseil. Électeur de 1790 à 1792. président de sa section, il avait avec Bergot, secrétaire, signé l’arrêté du 31 juillet 1792, déclarant que le 5 août la section irait à l’assemblée Législative lui signifier qu’elle ne reconnaissait plus Louis XVI. Syndic de la maison nationale des Invalides et habitant alors la section des Invalides. Membre du Conseil général de la Commune jusqu’en thermidor an II. Présent à la séance de la Commune du 9 thermidor, il signe avec Jemptel une adresse à la section Bon-Conseil. A reconnu et fait arrêter l’agent Morel, du Comité de Sûreté générale. Décrété d’arrestation le 11 thermidor. A pu se retirer chez lui, aux Invalides, où il a été arrêté le 11 thermidor. Exécuté le 12 thermidor.
« Commune de Paris. Du 9 thermidor an II.
Les membres du conseil général de la Commune invitent la section de Bon-Conseil, qui dans tous les temps s’est distinguée, à envoyer des commissaires dans son sein pour se concerter sur les moyens de salut public et le vrai soutien des amis du peuple et de la liberté ; presque toutes les sections y sont réunies en ce moment.

Signé, Lechenard, Arthur, Louvet, Legrand, Jemptel. » ( Walter, 181.)

« Section de Bon-Conseil, si les comités sur les instances de Léchenard, membre du Conseil général, députent trois des leurs à la Commune vers sept heures, ces commissaires prudents refusent de prêter serment : à leur retour vers neuf heures, les comités se prononcent pour la Convention. » (Soboul, 1011.)

4 : TEURLOT ou TORLOT ( Claude-François), horloger, 31 ans, né à Paris, demeurant à Paris, rue (Saint) Bernard, n° 10, faubourg (Saint) Antoine, section de Montreuil. Administrateur de police, membre de la Commune. On ne sait ce qu’il a fait le 9 thermidor. A été arrêté le 10 thermidor à son domicile à 4 heures de l’après-midi. Exécuté le 12 thermidor.

« Elle ( cette section) a cependant envoyé des commissaires à la Commune, qui les a compris parmi ceux qui ont prêté le serment. […] La crainte d’être surprise par les ennemis du peuple lui a fait suspendre l’ordre d’ouvrir les barrières, qui lui était adressé au nom du comité de salut public, et qui ne paraissait pas revêtu du timbre nécessaire ; mais elle en a fait part au comité lui-même, pour avoir les renseignements d’après lesquels elle puisse agir.

Le comité révolutionnaire a fait arrêter Teurlot, Cietty et Quéniard, membres de la Commune rebelle. » ( Courtois, dans : Walter, 251.)

5 : QUENIARD ( Pierre-François), marchand ébéniste, né à Paris en 1739, 54 ans, demeurant à Paris, rue de la Roquette, n° 68, section de Montreuil. Électeur de 1792 ; président du comité civil ; membre du Conseil général de la Commune. Présent à la séance de la Commune le 9 thermidor, qu’il n’a quittée que tard dans la nuit. Arrêté à son domicile par le Comité révolutionnaire de la section, le 10, à 7 heures du soir. Conduit aux Anglaises, puis à la Conciergerie. Exécuté le 12 thermidor an II.

« Le comité révolutionnaire a fait arrêter Teurlot, Cietty et Quéniard, membres de la Commune rebelle. » ( Courtois, dans : Walter, 251.)

6 : CIETTY ou SCIETTY (Pierre), dessinateur et peintre, né en Lombardie en 1753, 41 ans, demeurant à Paris, rue de Montreuil, n° 53, section de Montreuil. Électeur de 1792, membre de la Commune robespierriste. Arrêté à son domicile, après sa rentrée de la séance de la Commune le 9 thermidor, par le Comité révolutionnaire de sa section. Exécuté le 12 thermidor.

« Le comité révolutionnaire a fait arrêter Teurlot, Cietty et Quéniard, membres de la Commune rebelle. » ( Courtois, dans : Walter, 251.)

« Je dois, en parlant des membres de la Commune arrêtés dans cette section et punis de mort, donner quelques regrets à la perte que l’on a faite des talents de Cietty, peintre très habile dans son genre. C’était lui qui avait poussé le plus loin la composition des arabesques et tous les charmants paysages qui embellissaient les papiers de nos meilleures manufactures. » (Courtois, dans : Walter, 252.)

7 : LAHURE (Jean-Etienne), bijoutier, 38 ans, né à Montreuil, département de Paris, demeurant à Paris, rue de Popincourt, section de Popincourt, commandant en second de la force armée de la section de Popincourt. Il est convaincu d’avoir pris part à la rébellion de la Commune de Paris. Exécuté le 12 thermidor.

« La section de Popincourt, éloignée des lieux où les conspirateurs s’agitaient et ou la représentation nationale frappait les traîtres, montra beaucoup d’anxiété et d’incertitude dans sa conduite ; elle avait en outre dans son sein et des membres et des amis de la Commune qui la trompaient. […]

Lahure, pour qui la section voulait que l’on eût de l’indulgence, parce qu’il avait été trompé, mais qui périt avec les conspirateurs le 12 thermidor. Il paraît qu’il avait entraîné les nommés Martinaud, adjudant de la section ; Grinchon ; Bouvet, sergent ; Rougeot, caporal ; Labeau et Diosse, tambours. Ces derniers n’ont, à ce qu’il résulte des procès-verbaux, été que passifs exécuteurs des ordres de Lahure. Le capitaine des canonniers, celui qui, à la révolte du mois de prairial, mérita par sa conduite d’être le premier frappé du glaive de la loi, Delorme, homme de couleur, paraît avoir conduit les canons à la Commune. » (Courtois, dans : Walter, 266-267.)

8 : CAMUS ( François-Rémy), négociant, 47 ans, né à Paris, demeurant rue Montmartre, n° 84, section Guillaume-Tell. Employé à la Commission du commerce. Membre de la Commune, officier municipal. Arrêté de bonne heure le 10 thermidor à son domicile, par le Comité révolutionnaire de la section, transféré à la Conciergerie le 11 thermidor. Exécuté le 12 thermidor.

« Un officier municipal venu avec deux collègues exciter à la révolte a été arrêté. » ( Courtois, dans Walter, 222.)

Gérard Walter précise dans une note : « Il s’agit probablement de François-Rémy Camus, guillotiné le 12. Ses deux collègues pouvaient bien être Friry et Mouret, lequel, n’ayant pas assisté à la séance du Conseil général, s’en tirera avec quatre mois de prison. » ( Walter, 222.)

9 : GILLET-MARIE (Pierre-Eutrope), paveur, né à Paris en 1753, 41 ans, demeurant rue de Bourgogne, n° 1465, section des Invalides. Membre du Conseil général de la Commune. Présent à la séance de la Commune le 9 thermidor. Arrêté dans la matinée du 10, conduit au Comité de sûreté générale. Exécuté le 12 thermidor.
« Parfois ces témoins font défaut : pour satisfaire à la loi, on fait retirer de l’audience de la salle de la Liberté Pierre-Eutrope Gillet-Marie, de la section des Invalides, et on opère de même à l’Égalité pour le vieux peintre de portraits Grillet, de la section du Muséum. Lahure, inscrit à la même liste, n’a pu être trouvé à temps dans la cohue des prisonniers, et c’est ainsi que le hasard a accordé vingt-quatre heures de sursis à ces 3 hommes. » (Sainte-Claire Deville, 335.)

10 : FRIRY (Antoine), employé à l’administration de la loterie, 62 ans, né à Nancy, demeurant rue des Vieux-Augustins, n° 8, section de Guillaume-Tell. Électeur de 1792. Membre du Conseil général de la Commune, officier municipal. A passé la plus grande partie de la nuit du 9 thermidor à la séance de la Commune. Arrêté le 10 thermidor à son domicile par le Comité révolutionnaire de la section. Envoyé à la Conciergerie le 11, exécuté le 12 thermidor.

11 : ARTHUR (Jean-Jacques), fabricant de papiers peints, 33 ans, né à Paris, demeurant à Paris, rue des Piques, section des Piques. Membre de la Commune. Membre du comité d’exécution créé par la Commune le soir du 9 thermidor. Exécuté le 12 thermidor.

12 : GRILLET (Jean-Baptiste), peintre de portraits, 67 ans, né à Paris, demeurant rue Bertin-Poirée, n° 16, section du Muséum. Membre de la Commune, officier municipal et administrateurs des Établissements publics. Arrêté à la Maison commune, transféré à la Conciergerie le 11 et exécuté le 12 thermidor.