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11 Thermidor an II-29 juillet 1794 : la commune de l’an II décimée.

mardi 24 janvier 2023

Notre ami et vice-président Bruno Decriem, avec le talent d’historien et de pédagogue que nous lui connaissons a rassemblé pour vous les biographies des 71 condamnés à la guillotine et exécutés le 11 thermidor seulement deux jours après l’exécution de Robespierre et de 22 de ses amis.

Il s’agit des Communards restés fidèles aux idéaux de l’An II et de Robespierre. Il s’agit ici d’un véritable scoop disponible désormais aux internautes curieux de comprendre la Révolution. Qu’il en soit ici remercié.

11 Thermidor an II-29 juillet 1794 : la commune de l’an II décimée.
INTRODUCTION :

Parmi les 108 victimes du 9 thermidor, celles du 11 thermidor an II-29 juillet 1794 demeurent souvent peu connues et sans visage. Elles souffrent d’une absence de notoriété, y compris pour les lecteurs fidèles aux ouvrages sur la Révolution française. Il n’existe pas d’ouvrages biographiques les concernant.

C’est pourtant la moitié des membres du Conseil général de la Commune de Paris qui est envoyée ce jour là directement à l’échafaud, sans aucun procès ni donc jugement, rappelons-le, en raison du décret de mise hors la loi prononcé à leur encontre dans la nuit du 9 au 10 thermidor par la Convention.

Sur les 140 membres du Conseil général de la Commune connus au 9 thermidor, 87 d’entre eux sont guillotinés, 40 emprisonnés et seuls 13 d’entre eux restent en liberté.

Le 11 thermidor, 12 charrettes de six personnes amènent les 71 condamnés à la guillotine dans une sorte de journée-record d’exécutions. Et elle concerne les Communards restés fidèles aux idéaux de l’an II et des Robespierristes !

Cette journée « d’exécutions massives » a été d’abord « occultée » des contemporains puis peu étudiée par les études révolutionnaires. Le caractère violent et systématique de la répression contre ces partisans de Robespierre est à souligner. Les vainqueurs de Robespierre ( les Thermidoriens) se sont focalisés sur la mort de Robespierre en commençant par la fabrication de sa « légende noire ». Ils n’avaient sans doute pas intérêt à mettre en avant pour commencer « la nouvelle période » les morts sanglants robespierristes, en fait des municipaux impliqués à des degrés divers dans l’insurrection de la Commune, victimes d’une répression féroce. Plus étonnamment, les historiens favorables à Robespierre, n’évoquent que peu ces victimes, arrêtant d’ailleurs leurs récits la plupart du temps à l’exécution de Robespierre et de ses amis le 10 thermidor.

Françoise Brunel, historienne spécialiste des Montagnards, résume ainsi cette journée tragique : « Après l’exécution des accusés les plus notoires, le 11 thermidor voit la liquidation en masse de la Commune de Paris : on a , dit Sainte-Claire Deville, opéré une véritable « rafle » des membres du Conseil général et des employés municipaux. Ligotés deux à deux, les prisonniers sont transférés à la Conciergerie. Dans l’après-midi, le Tribunal révolutionnaire condamne à mort 71 des 74 personnes présentées : c’est la plus grosse des fournées de l’après-22 prairial. Le spectacle est si impressionnant qu’aucun récit n’en est donné : la Convention et les journaux sont muets sur les exécutions. » ( Françoise Brunel, Thermidor La Chute de Robespierre, Éditions Complexe, 1989, 108-109)

Paul Sainte-Claire Deville évoque ainsi les condamnés du 11 : «  La foule des autres, ils sont 71 condamnés, 35 à la Liberté, 36 à l’Égalité, descend au greffe, où chacun passe à la toilette et subit le supplice prolongé pendant Dieu sait combien d’interminables minutes ! De voir préparer ses 70 compagnons la mort prochaine. » ( Sainte- Claire Deville, 335, 337.)

« Ils [Les huissiers, les commis-greffiers du Tribunal] étaient évidemment blasés, et aucun d’eux n’a rapporté le moindre détail sur les déroulement de la plu formidable exécution collective de la Terreur à Paris : les témoins sont restés muets.

Personne n’a raconté ce que furent dans les rues le lent défilé des 12 charrettes, l’attitude des condamnés, personne n’a décrit l’épouvantable spectacle du couperet tombant et remontant soixante et onze fois sans arrêt. Et si les journaux ont donné le compte rendu de l’exécution de la veille, il semble que l’horreur de celle du 11 thermidor ait pénétré les rédacteurs au point de les empêcher de la raconter. En général, ils se sont bornés à publier la liste, plus ou moins fautive, des noms des condamnés ; la seule Gazette française a donné ce bref compte-rendu : « Paris est tranquille, tous les citoyens se livrent à la joie, et se félicitent d’avoir échappé à la tyrannie et aux horreurs qu’elle entraîne avec elle. Les complices du tyran, qui ont été exécutés aujourd’hui ont attiré un concours immense de spectateurs qui ont applaudi à tous les ennemis de la République. » (Gazette française du 12 thermidor parue dans la soirée du 11.) » ( Sainte-Claire Deville, 337-338.)

Heureusement durant la seconde moitié du XXe siècle plusieurs travaux portant sur les sans-culottes de l’an II ont enrichi nos connaissances sur le sujet :

1 : Paul Sainte-Claire Deville, La Commune de l’an II Vie et mort d’une Assemblée révolutionnaire d’après de nombreux documents inédits, Paris, Plon, 1946, 387 p. ( Abréviation : Sainte-Claire Deville)

L’ouvrage présente notamment en annexe de courtes biographies des 140 membres du Conseil général de la commune. Soboul l’appréciait en ces termes : «  La seconde partie, fondée sur une documentation sinon inconnue, du moins mal utilisée jusqu’à présent, constitue une contribution importante à l’histoire du 9 thermidor. » Et Walter ainsi : «  Ce livre, qui repose sur un dépouillement très méticuleux des pièces d’archives, mérite la plus grande attention. »

2 : Albert Soboul, Les Sans-Culottes parisiens en l’an II, La Roche-sur-Yon, H. Potier, 1958 ( Réédition, 1962), 1962, 1168 p. ( Abréviation : Soboul)

La grande Thèse de Soboul permet de retrouver dans leurs sections et/ou à la Commune ces personnages, notamment lors du 9 thermidor.

3 : Albert Soboul et Raymonde Monnier, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, Paris, Publications de la Sorbonne, 1985, 564 p.

La thèse de Soboul est complétée par ce très utile répertoire qui contient un recensement impressionnant de militants sectionnaires dont beaucoup sont présentés sous forme biographique.
4 : Gérard Walter, La Conjuration du neuf Thermidor, Paris, NRF Gallimard, Paris, 1974, 576 p. ( Abréviation : Walter)

Dans le cadre de la collection « Trente journées qui ont fait la France », cet ouvrage contient de très nombreux documents, et en troisième partie une « Vue panoramique des sections parisiennes pendant la nuit du 9 thermidor ». Beaucoup de ces documents imprimés dans le livre proviennent d’une publication de Courtois ( Rapport sur les événements du 9 thermidor an II, précédé d’une préface en réponse aux détracteurs de cette mémorable journée ( daté du 8 thermidor an III) publié en floréal an IV)

5 : E. B. Courtois, Rapport fait au nom des comité de salut public et de sûreté générale sur les événements du 9 thermidor an II, précédé d’une préface en réponse aux détracteurs de cette mémorable journée, prononcé le 8 thermidor an 3, la veille de l’anniversaire de la chute du Tyran, Paris, floréal an IV, Imprimerie Nationale, 220 p. (Abréviation : Courtois)

43 pièces imprimées succèdent à ce rapport dont celle numérotée 30 présentant les procès-verbaux des assemblées des 48 sections, résumés par Courtois. ( Pages 130-182)

Évidemment ces pièces résumées par Courtois, par ailleurs falsificateur et voleur d’archives, sont à examiner avec prudence en raison d’un parti-pris évident, mais elles permettent cependant de cerner l’action des personnages en faveur de l’insurrection de la Commune durant la nuit du 9 au 10 thermidor.

Un seul guillotiné du 11 a bénéficié d’une notice biographique développée, dans le Dictionnaire historique de la Révolution française Albert Soboul publié en 1989 aux éditions P.U.F., le général Boulanger. ( p. 141-142) ( Notice rédigée par Raymonde Monnier)

Ces biographies, présentées ici par ordre alphabétique, ont donc été réalisées à l’aide des ouvrages cités plus haut, et permettent enfin de donner un peu de vie à tous ces révolutionnaires ( la plupart Communards) fauchés par une impitoyable répression contre Robespierre et ses amis. Il nous semblait en effet important de les tirer enfin de l’anonymat dont ils étaient plongés depuis le 11 thermidor an II.

Bruno Decriem (A.R.B.R.) Janvier 2023.

BIOGRAPHIES :

1 : ALAVOINE (Joseph), tailleur pour femmes, 63 ans, né à Laverrière ( ou Laversine) ( Oise), demeurant à Paris, rue de la Tonnellerie, n° 603, section du Contrat-Social. Membre du Conseil général de la Commune de Paris. Exécuté le 11 thermidor.
« Elle [l’assemblée générale de la section du Contrat-Social] avait envoyé des commissaires à la Commune ; deux d’entre eux y avaient prêté le serment. Elle paraissait ébranlée en faveur des rebelles. » ( Courtois, dans Walter, 200) ( Courtois, 162)

2 : ARNAUD (Bertrand), lecteur secrétaire, 55 ans, né à Saint-Jacques de Tignes, en Tarentaise, (Savoie) en 1740, demeurant 4, rue Favart, section Lepeletier. Membre du Conseil général de la Commune ; arrêté dans la nuit du 9 au 10 thermidor. Exécuté le 11 thermidor.
« Section Lepeletier, les deux comités invitèrent les citoyens réunis en armes au quartier général à former l’assemblée vers neuf heures et demie. Une discussion s’instaure sur la nomination de deux commissaires pour alors rendre compte des événements ; on apporte la proclamation de la Convention : l’assemblée se prononce, puis se dissout. Elle se reforme à nouveau vers minuit et demi pour voter une adresse de félicitations. Lorsqu’Arnaud du Conseil général se présente à une heure du matin pour engager l’assemblée à se réunir à la Commune « que demain il ne serait plus temps et que nous serions les premiers sacrifiés », il est aussitôt arrêté. » (Soboul, 1017)
« L’assemblée générale de la section marque son indignation au citoyen Arnaud qui ose se monter à la tribune pour parler en faveur de la Commune : « Il faut, dit-il, se réunir à la Commune où il y a déjà trente-neuf ou quarante sections réunies, plus de six mille hommes sur la place publique, plus mille deux cents hommes de cavalerie. Il n’y a pas un instant à perdre et demain, c’est-à-dire aujourd’hui, il ne sera plus temps ; vous serez les premiers sacrifiés. » Arnaud est saisi et conduit immédiatement au comité révolutionnaire. » ( Courtois dans Walter, 234)
«  Arnaud, qui à la tribune même, s’était permis de parler en faveur de la Commune, et il est à l’instant saisi et traduit au comité révolutionnaire. » (Courtois, 131)

3 : BEAURIEUX (Jean-Jacques), horloger, 45 ans, né à Arles (1749-1794), demeurant rue du faubourg ( Saint) Honoré, n° 19 ( ou 6), section des Piques. Électeur de 1792, membre du Conseil général de la Commune, officier municipal. Administrateur de police. N’a pas été pris comme ses collègues, mais s’est rendu de lui-même à la prison des Anglaises dans la nuit du 10 au 11 thermidor. Guillotiné à Paris le 11 thermidor an II.

4 : BERGOT ( Jean-Baptiste), employé à la Halle aux cuirs, 56 ans, né à Paris, demeurant 13 rue Française, section de Bon-Conseil. Électeur de 1792, membre du Conseil général de la Commune, administrateur de police. Arrêté à la mairie, à 2 heures du matin, le 10 thermidor. Guillotiné le 11 thermidor an II.

5 : BENARD ou BERNARD ou BESNARD (Claude), ancien huissier priseur, 28 ans, né à Paris, demeurant rue Boucher, n°9, section du Muséum. Juré au tribunal révolutionnaire. Officier municipal et administrateur des Établissements publics. Membre du Conseil général de la Commune. Arrêté le 10 thermidor à 9 heures du soir à son domicile, conduit à la Conciergerie. Exécuté le 11 thermidor.

6 : BERNARD ( Jean-Pierre), domestique, employé à la poste, 38 ans, né à Lachalade (Meuse), demeurant à Paris, rue (Saint) Germain l’Auxerrois, section du Muséum. Membre du Conseil général de la Commune. Membre de l’administration de police. Envoyé par la Commune en mission aux Jacobins dans la nuit du 9 au 10 thermidor. Revenant vers minuit et demi, essaie d’entraîner le Comité révolutionnaire de sa section, qui l’arrête. Exécuté le 11 thermidor.
« Le nommé Bernard, membre du comité civil de cette section et du Conseil général de la Commune paraît dans le comité et se plaint insolemment de ce que la section du Muséum ne s’est point conformé aux ordres de la commune. Tous les assistants sont indignés de cette audace ; et le municipal est mis en arrestation. » Il sera guillotiné le 11. (Procès-verbal du Comité révolutionnaire de la section, dans Walter, 254)

7 : BIGAUD ou BIGAUT (Claude), artiste peintre, né à Paris en 1754, 40 ans, demeurant 5 rue des Boulangers, section des Sans-Culottes. Membre de la Commune de juillet 1793 à thermidor an II, membre du Conseil général de la Commune. Administrateur de la police. Arrêté à la mairie le 10 thermidor à 2 heures du matin. Exécuté le 11 thermidor.
« Cette section, l’une des plus agitées, l’une des plus lentes à se déterminer en faveur de la représentation nationale. » (Courtois, dans Walter, 277.)

8 : BLIN (Jacques-Nicolas), écrivain expert, soixante-trois ans, né dans le département de l’Aisne demeurant à Paris, rue Paul, section de l’Arsenal. Secrétaire greffier-adjoint de la Commune, membre du Conseil général de la Commune. Exécuté le 11 thermidor.

9 : BOULANGER ( Servais-Baudouin), Compagnon joaillier, né à Liège en 1756, âgé de trente-huit ans, demeurant à Paris, rue Honoré n° 59, membre des Jacobins et de la section de la Halle-au-blé, Commandant-général le 17 mai 1793 puis nommé général de brigade à l’armée des Côtes de Cherbourg. Il devient commandant en second de l’armée révolutionnaire parisienne en septembre 1793. Ami d’Hanriot, de Robespierre et de Lebas. Intègre, efficace et resté pauvre. Adjoint d’Hanriot attaché à la 17e division, resté fidèle aux robespierristes, mis hors-la-loi le 10 thermidor comme s’étant soustrait au décret d’arrestation prononcé contre lui par le décret de la Convention, il partagea le sort de ses amis. Il est exécuté le 11 thermidor.

10 : CAZENAVE (Jean), dit Cazenave l’aîné, commis marchand vivant de son revenu, 38 ans, né à Belleville, demeurant rue d’Orléans, n° 3, section de l’Homme-Armé. Membre du Conseil général de la Commune et officier municipal. Arrêté de très bonne heure le 10 par le comité révolutionnaire de la section, conduit au Comité de sûreté générale, puis à la Conciergerie. Exécuté le 11 thermidor.
« La Commune trouva néanmoins encore quelques partisans dans cette section. » (Courtois, dans Walter, 225.)

11 : CHARIGNY ( Jean-Baptiste), commis employé aux transports militaires, 55 ans, né à Paris, demeurant 42, rue du faubourg Montmartre, section du Mont-Blanc. Commissaire chargé des transports militaires et membre du Conseil général de la Commune. Arrêté chez lui le 10 thermidor de bonne heure, par le Comité révolutionnaire de la section, bien que n’ayant pas assisté à la séance de la Commune ; envoyé au Comité de sûreté générale puis à la conciergerie. Exécuté le 11 thermidor.
«  Charigny, de la section du Mont-Blanc, un des nouveaux membres nommés en prairial par le Comité de salut public, avait une excuse encore meilleure que celle de Vincent : employé au bureau des transports militaires, rue du faubourg Montmartre, il était rentré tranquillement chez lui après son travail, y était resté, et n’avait pas mis les pieds à l’Hôtel de ville. Sa réclamation n’eut pas meilleur succès que celles de Vincent et de Bougon. » (Sainte-Claire Deville, 330.)

12 : CHARLEMAGNE (Jean-Philippe-Victor) fils, maître de pension, instituteur, 27 ans, né à Paris, demeurant 49 rue du Gros Chenet ( ou rue de Cléry, n° 92) section de Brutus. Électeur de 1792, président de la section, vice-président du Conseil général de la Commune, présidait au moment de l’envahissement de l’Hôtel de ville par les sectionnaires de Bourdon. Arrêté sur son siège par l’agent Dulac. Exécuté le 11 thermidor.
«  Charlemagne appartient au personnel de ce qu’il est convenu d’appeler la Commune robespierriste ; représentant de la section Brutus au Conseil général, il en devint vice-président après l’épuration de germinal ; il périra le 10 thermidor. » (Soboul, 900)

13 : CHATELAIN ou CHATELIN ( François-Laurent), peintre et professeur de dessin à l’École nationale de dessin, 43 ans, né à Nancy, demeurant à Paris, rue Quincampoix, section des Lombards. Membre du Conseil général de la Commune, officier municipal et administrateur des Établissements publics. Arrêté à la Maison-Commune. Exécuté le 11 thermidor.
« Le citoyen Chatelin membre de la Commune et administrateur vint en notre comité pour nous engager de venir à la Commune, que toutes les sections y allaient, ainsi que les comités révolutionnaires pour y prêter serment de s’unir à la Commune pour sauver la liberté et que nous courrions les plus grands dangers si nous rejetions son invitation. » (Procès-verbal du Comité révolutionnaire de la section des Lombards, dans Walter, 235.)
« Quoique Chatelain, municipal, ait fait tous ses efforts pour les [les comités civil et révolutionnaire de la section des Lombards] déterminer à se rallier à la Commune. » (Courtois, 151.)

14 : COCHOIS ou CAUCHOIS (Jean-Baptiste), ancien négociant en bois, commis marchand et employé au « bureau civil et criminel » d’Herman, 54 ans, né à Paris, célibataire, demeurant à Paris, rue Neuve de l’Égalité, section de Bonne-Nouvelle. Sergent-major de la 7e compagnie, membre du Conseil général de la Commune. Le 9 thermidor, il a été un des douze adjoints au Comité d’exécution ; est allé à sa section parler en faveur de la Commune. Arrêté à la Maison-Commune. Exécuté le 11 thermidor.
« Les efforts de Cochois auprès des comités pour les porter à se réunir à la Commune n’ont produit aucun effet sur eux, et n’ont fait que prouver sa complicité avec les conspirateurs, qui lui a mérité de périr avec eux, frappé du glaive de la loi. » (Courtois, dans Walter, 184.)

15 : CORU (Jacques-Pierre), marchand grainier, économe du Temple, 63 ans, né à Neauphe (Oise Orne ?), demeurant rue (Saint) Antoine, n° 229, section de l’Arsenal. Membre du Conseil général de la Commune, officier public à l’état-civil. Électeur de 1792, commissaire civil, administrateur des Quinze-Vingts. Arrêté à la Maison-commune. Exécuté le 11 thermidor.

16 : CRESSON (Jacques-Louis), ébéniste, 49 ans, né à Paris, demeurant rue des Deux-Écus, section de la Halle-au-Blé. Membre du Conseil général de la Commune, officier municipal, administrateur de police. Arrêté à la Maison-Commune. Exécuté le 11 thermidor.

17 : DAUBANCOURT ( René-Toussaint), coffretier, 43 ans, né à Paris, demeurant rue des Petits-Champs, section de la Halle-au-Blé. Membre du Conseil général de la Commune, officier municipal. A tenté d’entraîner sa section dans le parti de la Commune. A été arrêté sur l’ordre de Léonard Bourdon. Exécuté le 11 thermidor.
« Daubancourt, membre du Conseil général, revêtu de l’écharpe tricolore, parle en faveur de la Commune. Son arrestation est décidée et il est envoyé au Comité de sûreté générale. Elle est approuvée par les représentants du peuple qui, un instant après, paraissent à l’assemblée. » (Courtois, dans Walter, 223.)

18 : DELACOUR, dit LACOUR (Pierre-Nicolas), notaire, 37 ans, né à Beauvais, demeurant rue Neuve-Saint-Eustache, section de Brutus. Membre du Conseil général de la Commune, officier municipal. Présent à la séance du 9 thermidor ; très actif. A tenté d’embaucher Chardin, chef de la quatrième légion, ainsi que le Comité civil de la section. Adjoint au Comité d’exécution. Arrêté à la Maison-Commune, conduit au Comité de sûreté générale. Exécuté le 11 thermidor.
« Reçu une lettre de la Commune a l’effet de convoquer sur le champ une assemblée générale.
Le dit jour huit heures du soir, Lacour un de nos officiers municipaux est venu inviter et presser le comité d’établir une correspondance suivie, de deux heures en deux heures, avec la Commune, qui dans ce moment attendait dans son sein Robespierre, St-Just et Couthon. » (Extrait des registres des délibérations du comité civil de la section, dans Walter, 187.)
«  A ce moment Lacour, membre du Conseil général, est entré. Tout son extérieur annonçait le plus grand trouble ; il a dit : « Comment vous restez tranquilles, tandis que tous les comités se portent à la Commune qui va avoir dans son sein Robespierre, St-Just et Couthon ! Vous devez lui envoyer des députations de deux heures en deux heures, pour établir une correspondance avec elle ; » et est parti sans attendre de réponse. » (Récit des faits passés au comité civil, les neuf et dix du courant porté au citoyen Barras représentant du peuple dans la confiance qu’il parviendrait par lui au Comité de salut public ou de sûreté générale, dans Walter, 188.)
« Vers une heure vingt quatre députés nommés par l’assemblée générale pour se répandre dans les quarante-sept autres sections et leur porter son vœu occupèrent le comité à expédier leurs pouvoirs.
Un membre du comité a déclaré qu’à sept heures du soir il a vu Lacour entrer au comité révolutionnaire ; son air préoccupé ayant excité sa curiosité, il l’avait suivi pour lui demander si il y avait des nouvelles, que Lacour lui avait répondu qu’il y en avait beaucoup, mais qu’on ne pouvait pas les dire à tout le monde, alors Lacour dit au Comité de faire retirer les étrangers, sur ce notre collègue se retira à l’instant.
Le citoyen Lambert capitaine de la troisième compagnie, nous a également déclaré, qu’arrivant de faire patrouille vers les dix heures du soir le neuf, il sortait du corps de garde et trouva Lacour qui le tira à part et lui dit : « Aimes-tu Chardin, et bien, si tu as de l’amitié pour lui, va le chercher et engage-le à quitter la Convention et dit lui qu’il est un homme perdu, s’il reçoit des ordres de la Convention, engage-le et réunis-toi à lui à l’effet de faire marcher la force armée à la Commune ; nous tenons Robespierre, Couthon, St-Just, Dumas et Lebas, nous ne reconnaissons plus la Convention nationale. » » (Récit des faits passés au comité civil, les neuf et dix du courant porté au citoyen Barras représentant du peuple dans la confiance qu’il parviendrait par lui au Comité de salut public ou de sûreté générale, dans Walter, 189.)
« Une femme prend la parole pour un fait, elle dit, qu’elle sort de la Convention nationale, où elle a entendu Thuriot mettre la tête d’Hanriot à prix en disant que celui qui l’apporterait à la Convention aurait bien mérité de la Patrie et il a promis une somme d’argent bien considérable, à celui qui apporterait sa tête, elle ajouta, cela fait horreur et m’a fait dresser les cheveux de la tête. » (Procès-verbal de l’Assemblée générale de la section dans la nuit du 9 au 10 thermidor, dans Walter, 191.)

19 : DELTROIT (Claude-Antoine), menuisier ( meunier ?), 43 ans, né à Pontoise, demeurant à Paris, quai de la Mégisserie, n° 21, section du Muséum. Membre du Conseil général de la Commune, officier municipal, officier public à l’état-civil. A tenté d’entraîner le Comité révolutionnaire de sa section, qui l’a arrêté. Exécuté le 11 thermidor.
« Un nommé Deltroit, officier municipal, arrive et témoigne être étonné de ce que la section du Muséum n’a fourni ni renfort, ni artillerie d’après la réquisition de la Commune. Cet étonnement est accueilli comme il doit l’être par de vrais patriotes ; et Deltroit est gardé à vue. » (Procès-Verbal de la séance du Comité révolutionnaire de la section, dans Walter, 253.)

20 : DESBOISSEAUX ( Charles-Huant), ciseleur, 39 ans, né à Paris en 1756, demeurant 69 rue de la Fraternité, section de la Fraternité. Électeur de 1792, juré au Tribunal révolutionnaire depuis le 26 septembre 1793, membre du Conseil général de la Commune à partir du 15 prairial an II. A fait partie de l’expédition de Coffinhal sur le Comité de sûreté générale. A pu s’échapper avec Coffinhal à la fin de la séance de la Commune. Pris le 11 au matin sur la section de l’Arsenal. Exécuté le 11 thermidor.
«  Parmi les individus hors la loi, plusieurs avaient pu fuir et échapper à l’arrestation immédiate. Au nombre d’entre eux était Coffinhal, qui avait réussi à quitter l’hôtel de ville. […] Il était ensuite parti avec son ami Desboisseaux, membre de la Commune et juré au Tribunal, qui habitait comme lui l’île Saint-Louis ( section de la Fraternité).
Tous deux avaient erré ensemble dans Paris pendant toute cette journée du 10, où l’on arrêtait à tour de bras leurs amis, et où l’on conduisait Robespierre à l’échafaud. Ils avaient dîné boulevard de l’Hôpital, dans un des coins les plus reculés et les plus déserts du Paris de l’époque ; ils avaient soupé rue d’Enfer, à l’Écu, dans cette section de l’Observatoire qui, seule, avait franchement embrassé leur parti au cours de la nuit précédente. Ils avaient encore rôdé, sans trouver de refuge sûr, et sans oser se présenter aux barrières. A une heure du matin, les deux proscrits s’étaient séparés ; Desboisseaux était retourné dans l’île Saint-Louis, pour tenter de revoir sa femme, il y avait appris que le Comité révolutionnaire était déjà venu pour apposer les scellés chez lui, et n’avait point rencontré son épouse. Après cette journée et cette nuit de piétinement inquiets et traqués, succédant aux épuisantes heures del a nuit du 9 au 10, le malheureux s’était, déclare-t-il, promené jusqu’à 6 heures du matin, qu’il était entré chez le citoyen Martin, limonadier, quai des ormes, où il espérait sans doute pouvoir se reposer. Martin l’avait reconnu, avait appelé le Comité révolutionnaire de la section, et c’est ainsi que Desboisseaux, immédiatement arrêté, montait à l’échafaud le soir, sans peut-être avoir pris une minute de repos pendant soixante heures. » (Sainte-Claire Deville, 338-339.)

21 : DESVIEUX (Marc-Louis), avocat, 44 ans, né à Aix, demeurant à Paris rue Montorgueil, section du Contrat-Social. Juge au Tribunal révolutionnaire, président du tribunal du IIIe arrondissement, membre du Conseil général de la Commune. Arrêté à l’assemblée générale de sa section, pour avoir essayé de l’entraîner. Exécuté le 11 thermidor.
«  Elle [l’Assemblée générale de la section du Contrat-Social] avait envoyé des commissaires à la commune ; deux d’entre eux y avaient prêté le serment. Elle paraissait ébranlée en faveur des rebelles. » (Courtois, dans Walter, 200.)

22 : DEVAUX ou DESVAUX (Pierre-François), jardinier-fleuriste, 53 ans, né à Goupillière ( Calvados), demeurant 950 rue Plumet, section du Bonnet-Rouge. Membre de la Commune du 10 août, électeur de 1792, membre du Conseil général de la Commune, officier municipal. Arrêté à la Maison-Commune ; exécuté le 11 thermidor.

23 : DORIGNY (Louis-François), entrepreneur de charpente, 36 ans, né à Bruyères ( Aisne), demeurant 17, rue de Popincourt, section de Popincourt. Membre du Conseil général de la Commune. Dans la nuit du 9 thermidor, a excité vivement sa section à se joindre à la Commune ; a été arrêté à l’Assemblée générale, par le Comité révolutionnaire. Conduit directement à la Conciergerie et exécuté le 11 thermidor.
« La section de Popincourt, éloignée des lieux où les conspirateurs s’agitaient et où la représentation nationale frappait les traîtres, montra beaucoup d’anxiété et d’incertitude dans sa conduite ; elle avait en outre dans son sein et des membres et des amis de la Commune qui la trompaient. Dorigny, qui a payé sa trahison de sa tête, l’avait singulièrement influencée. Elle avait envoyé des commissaires à la Commune, non seulement pour y prendre connaissance des faits, mais pour y prendre part aux délibérations. […]
Parmi les coupables qui se trouvèrent dans cette section et qui contribuèrent à l’égarer […] Dorigny, dont je viens de parler. […]
Le comité révolutionnaire paraît, d’après les pièces trouvées à la Commune, y avoir fait prêter le serment demandé ; mais il paraît aussi s’être conduit après conformément aux principes : il a fait arrêter Dorigny. » (Courtois, dans Walter, 266-267.)
« L’assemblée de Popincourt, réunie peu après neuf heures, sur l’initiative de Dorigny, membre du Comité général, envoie douze commissaires à la Commune « avec les pouvoirs de délibérer s’ils en étaient requis », mais en délègue autant à la Convention. De retour vers onze heures, des commissaires annoncent la rébellion de la Commune : l’assemblée se rallie aussitôt à la représentation nationale. Dorigny essaye vers minuit de la reprendre en mains : l’assemblée persiste dans sa décision. » (Soboul, 1017-1018.)

24 : DUMETZ (Pierre), ingénieur, directeur de l’Atlas national de France, 37 ans, né à la Ferté-sur-Ourcq (Aisne), demeurant 26 rue de la Harpe, section Chalier. Électeur de 1792, membre du Conseil général de la Commune, officier municipal et administrateur des subsistances. Arrêté à la Maison-Commune. Exécuté le 11 thermidor.

25 : DUMONTIER (Denis-Joseph), marchand fripier tailleur, 51 ans ( ou 42 ans), né à Paris, demeurant 456 rue de la Poterie , section des Marchés. Électeur de 1792. Membre du Conseil général de la Commune, officier municipal depuis 1791 et administrateur de police. Aucun renseignement sur son rôle le 9 thermidor ; a dû être arrêté à la Maison-Commune. Exécuté le 11 thermidor.

26 : EUDES ( Jean-Pierre), tailleur de pierre, 31 ans, né en 1763 à Paris, demeurant rue des Juifs, section des Droits de l’Homme ( rue Antoine ?). Membre du Conseil général de la Commune et sergent des canonniers. A essayé d’agiter sa section dans la nuit du 9 au 10 thermidor. Arrêté à la Maison-Commune. Exécuté le 11 thermidor.
Son frère, Jean-Louis Eude, maître horloger, était capitaine des canonniers. Il avait été élu au comité révolutionnaire le 20 mai 1793. Présent au détachement à l’armée révolutionnaire. Arrêté lui aussi le 10 thermidor et dénoncé comme un des chefs de l’insurrection des canonniers. Il avait assisté aux délibérations du Conseil municipal.
« Peu de temps après il se fit un grand mouvement dans la cour du quartier occasionné par l’arrivée du nommé Eude membre de la Commune qui s’étant lancé avec violence sur le citoyen Larivière adjudant major de la section le prit au collet lui disant : « Tu es en arrestation, toi et le commandant et je t’arrête pour n’avoir point obéi aux ordres du commandant général Hanriot et de la Commune », puis se trouvant soutenu par les canonniers il monta à notre comité avec le citoyen Larivière où étant et sur les reproches qu’il lui furent fait de méconnaître la représentation nationale et les autorités constituées il prétendit justifier sa conduite en disant que c’était vraiment le peuple qui était en insurrection que la Commune s’y s’était déclarée et qu’il ne connaissait plus de Comité de salut public, de sûreté générale, ni de Convention nationale. » ( Procès-verbal de la séance du Comité révolutionnaire de la section en date du 9 thermidor, dans Walter, 202.)

« Certains ayant aperçus le nommé Eude Municipal l’amenèrent au comité où étant il fut délibéré par la majorité qu’il serait conduit sur bonne et sûre garde au Comité de sûreté générale ; que les citoyens Guenau, Donzel et Temponnet membres du comité accompagneraient la force armée et rapporteraient le reçu du dépôt de cet individu et les commissaires sus-nommés étant de retour au comité ont en effet déposé sur le bureau le reçu venant du comité de sûreté générale dudit Eude qu’ils avaient déposé. » ( Procès-verbal de la séance du Comité révolutionnaire de la section en date du 9 thermidor, dans Walter, 204.)

27 : FAROT ou FARO (Jean-Léonard), peintre, 31 ans, né à Paris, demeurant 45 rue du faubourg (Saint) Denis, section Poissonnière. Électeur de 1792, membre des Jacobins, membre du Conseil général de la Commune et administrateur de police. A joué à la mairie le rôle le plus actif dans la nuit du 9 au 10 thermidor. Arrêté le 10 avec ses collègues. Exécuté le 11 thermidor.

28 : GAMAURY ou GAMORY (Martial), coiffeur, 46 ans, né à Guéret ( Creuse), demeurant rue du Coq Saint-Honoré, section des Gardes Françaises. Membre du Conseil général de la Commune. Arrêté à la Maison-Commune. Exécuté le 11 thermidor.

29 : GIBERT (Jean-Louis), pâtissier, 42 ( ou 43) ans, né à Lusancy ( Seine-et-Marne), demeurant 25 rue du faubourg ( Saint) Denis, section du Faubourg du Nord. Membre du Conseil général de la Commune, adjoint au Comité d’exécution, a participé avec Eudes à l’arrestation de Lasne, commandant en chef de la section des Droits de l’Homme. Arrêté à l’assemblée générale de sa section, le 10 thermidor à 3 heures du matin par le Comité révolutionnaire, mené au Comité de sûreté générale. Exécuté le 11 thermidor.

30 : GIRARDIN (Jean-Claude), éventailliste, 48 ans (1746-1794), né à Paris, demeurant 28 rue Transnonain, section des Gravilliers. Électeur de 1792, membre du Conseil général de la Commune, officier municipal. Arrêté à la maison-Commune. Exécuté le 11 thermidor.
« Girardin resta à la Commune jusqu’à la fin et fut arrêté lors de l’envahissement de l’Hôtel de Ville par les troupes de la Convention. Il alla à la guillotine le 11. » ( Walter, note page 221.)

31 : GIROD ou GIRAUD ( Pierre), dit Girod fils, marchand mercier, 27 ans, né à Paris, demeurant rue des Deux-Ponts, section de la Fraternité. Membre du Conseil général de la Commune. Présent à la séance de la Commune le 9 thermidor. Arrêté à son domicile dans la matinée du 10 thermidor par le Comité révolutionnaire de la section et conduit au Comité de sûreté générale. Exécuté le 11 thermidor.

32 : GRENARD (René), fabricant de papiers peints ( associé d’Arthur), 43 ( ou 45) ans, né à La Garenne ( Seine-et-Oise) demeurant rue des Piques, section des Piques. Membre de la Commune insurrectionnelle du 10 août 1792. Électeur de 1792. Élu à la Commune définitivement en juin 1793. Membre du Conseil général de la Commune, officier municipal. Membre du Comité d’exécution. A tenté de fuir très peu de temps avant l’interruption de la séance de la Commune, a été arrêté rue de Jouy, derrière l’Hôtel de ville, par une patrouille. Conduit au Comité révolutionnaire de la section de la Maison-Commune puis au Comité de sûreté générale. Exécuté le 11 thermidor.

33 : HOËNER ou HAËNER (Pierre) , imprimeur, 52 ans, né à Nancy, demeurant à Paris, rue Martin, section des Lombards. Membre du Conseil général de la Commune. Arrêté à la Maison-Commune. Exécuté le 11 thermidor.

34 : HENRY (Pierre), receveur des loteries, 48 (ou 49) ans, né à Riez (Basses-Alpes), demeurant 228 rue (Saint) Antoine, section de l’Indivisibilité ( ou de l’Arsenal). Électeur de 1792, commissaire civil, membre du Conseil général de la Commune et administrateur de police. Arrêté à la mairie avec ses collègues. Exécuté le 11 thermidor.
« Le citoyen Renaud arrivant de la Commune monte à la tribune et dit : « La patrie est sauvée encore une fois. Il était alors onze heures demi. Les sections se sont réunies à la Commune, le conseil est occupé à faire une proclamation qui vous instruira des dangers que vous avez couru, les représentants sont retrouvés et sont sous la sauvegarde du peuple, le commandant de la gendarmerie à cheval et ses officiers sont entre les mains d’Hanriot et ils seront demain matin fusillés. » » ( Procès-verbal de l’Assemblée générale de la section, dans Walter, 226-227.)
« Il [Le Comité révolutionnaire de la section de l’Arsenal] a passé à l’ordre du jour sur la coupable proposition qui lui a été faite par un officier municipal ( Henry, puni de mort) de se joindre à la Commune.  » ( Courtois, dans Walter, 178.)

35 : JAULT ( Pierre-Simon-Joseph), artiste, 32 ans (1762-1794), né à Reims, demeurant rue (Saint) Claude, section de Bonne-Nouvelle. Électeur de 1792, membre des Jacobins, orateur habituel des réunions décadaires de la section. Membre du Conseil général de la Commune. Présent à la séance de la Commune le 9 thermidor ; adjoint au Comité d’exécution. Arrêté par l’assemblée générale de la section des Arcis ; conduit au Comité de sûreté générale puis à la Conciergerie. Exécuté le 11 thermidor.
«  Malgré les efforts de Damour et de Monnoyer, malgré les députations faites par les conspirateurs municipaux et la présence de Mercier, de Jault, de Dazard, que le glaive de la loi a frappés depuis, cette section [les Arcis] est restée fidèle, et les apôtres de la Commune rebelle sont arrêtés par ses ordres. » ( Courtois, dans Walter, 176.)

36 : JEMPTEL ou JAMPTEL ou JAMETEL ou GEMTELLE ( Auguste ou Antoine), 54 ans, né à Moissy-Gramayel ( Seine-et-Marne), demeurant rue de la Grande-truanderie, section de Bon-Conseil. Membre du Conseil général de la Commune. A pris part à la séance de la Commune au 9 thermidor ; a signé, avec son collègue Léchenard une lettre invitant la section de Bon-Conseil à se rallier à la Commune. Arrêté par le Comité révolutionnaire de la section, envoyé directement à la Conciergerie, et exécuté le 11 thermidor.
«  Commune de Paris Du 9 thermidor an II.
Les membres du Conseil général de la commune invitent la section de Bon-Conseil, qui dans tous les temps s’est distinguée, à envoyer des commissaires dans son sein pour se concerter sur les moyens de salut public et le vrai soutien des amis du peuple et de la liberté ; presque toutes les sections y sont réunies en ce moment.
Signé : Léchenard, Arthur, louvet, Legrand, Jemptel. » ( Courtois, dans Walter, 181.)
« Il [Le Comité révolutionnaire] a fait arrêter Jemptel officier municipal, qui avait participé à la révolte de la Commune. » ( Courtois, dans Walter, 180-181.)

37 : JEROME ou JEROSME (Nicolas), tourneur, 44 ans, né à Paris, demeurant rue (Saint) Jacques-la-Boucherie, section des Arcis. Électeur de 1792, membre du Conseil général de la Commune, officier municipal, administrateur des postes, élu directeur des postes de Paris le 19 juillet 1793. A pris part à la séance du 9 thermidor à la Commune. Député aux Jacobins vers 2 heures du matin, le 10, a été arrêté au retour par une patrouille de la section de la Halle au Blé, puis conduit au Comité de sûreté générale et à la Conciergerie. Exécuté le 11 thermidor.
« Les officiers municipaux Alexandre Louvet, Louis Pâris et Nicolas Jérôme, et quelques autres, sont arrêtés et envoyés au Comité de sûreté générale. » Tous les trois seront guillotinés le 11. ( Courtois, dans Walter, 223.)

38 : JOBERT (Auguste-Germain), négociant, 50 ans, né à Montigny-sur-Aube ( Côte-d’Or), demeurant rue des Prêcheurs, section des Marchés. Membre du Conseil général de la Commune et officier municipal. Avait été administrateur de police. Arrêté à la Maison-Commune par le bataillon de la section des Gravilliers, conduit au Comité de sûreté générale, puis à la Conciergerie. Exécuté le 11 thermidor.

39 : JONQUOY ( Claude), tabletier, 44 ans, (1750-1794), né à Massiac (Cantal), demeurant 15 rue Jean-Robert, section des Gravilliers. Électeur de 1792, membre du Conseil général de la Commune, officier municipal et administrateur de police. Arrêté à la mairie avec ses collègues. Conduit au Comité de sûreté générale. Exécuté le 11 thermidor.
« Jonquoy, qui remplissait les fonctions d’administrateur de police, avait été arrêté, avec ses collègues, à la mairie, vers deux heures du matin, le 10 thermidor ; il fut guillotiné le 11. » (Walter, note 1, 221.)

40 : LAMIRAL ou LADMIRAL ( Pierre-Léon), fruitier et employé des postes au bureau des départs, 34 ans, né à Paris, demeurant rue Beauregard, section de Bonne-Nouvelle. Membre du Conseil général de la Commune. Arrêté à la Maison-Commune. Conduit au Comité de sûreté générale. Exécuté le 11 thermidor.

41 : LANGLOIS ( Jean-Nicolas), serrurier, 47 ans, né à Rouen, demeurant 38 rue Georges, section du Mont-Blanc. Membre du Conseil général de la Commune, officier municipal. Présent à la séance de la Commune. S’est rendu à sa section, et a déclaré que la Convention était en insurrection, et qu’elle opprimait les patriotes. Arrêté le 10 par le Comité révolutionnaire de la section, conduit au Comité de sûreté générale. Exécuté le 11 thermidor.
« L’officier municipal Langlois voulut d’abord corrompre le président Trépié, haranguer ensuite la section pour l’engager à se rallier à la Commune, mais ne fut pas écouté. » (Courtois, dans Walter, 249.)
« Le 9, à minuit un quart, le citoyen Langlois, membre de la Commune, au mépris des décrets de la Convention nationale que l’assemblée ne connaissait que verbalement, se présenta en assemblée auprès du citoyen Trépié, président, en l’engageant à faire ses efforts pour qu’il excite l’assemblée générale à se réunir à la Commune et à y prêter le serment de fidélité.
A quoi le citoyen Trépié a tourné le dos en lui disant qu’il parle à l’assemblée, en le regardant avec indignation.
Sur quoi, moi, Bourgoy, secrétaire, l’ayant entendu et lui ayant représenté que nous méconnaissions les ordres de la Commune. A quoi Langlois a répondu qu’il allait parvenir un second ordre, que ce serait force de faire proclamer sur-le-champ. Lui ayant dit que si elle (sic) venait je la déchirerais, il me dit : « Vous la déchirerez, vous la désirerez. » Je lui dis : « Non, je ne la déchirerais pas, mais je l’inscrirais à mon procès-verbal comme une chose proscrite. » Il se permit de me dire que la Commune n’était pas en [révolution], mais c’est la Convention qui était en contre-révolution, et qu’elle opprimait les patriotes.
Laquelle dénonciation, moi, Bourgoy, ai signé et envoyée au comité révolutionnaire de ma section sur les huit heures du matin du 10 thermidor. » (Dénonciation adressée au Comité révolutionnaire de la section par le citoyen Bourgoy, secrétaire greffier de l’Assemblée sectionnaire, dans Walter, 249-250.)
« L’assemblée du Mont-Blanc se réunit vers neuf heures et demie. « La crainte d’être induite en erreur lui a fait nommer une députation à l’effet de recevoir le mot d’ordre des Comités de salut public et de sûreté générale. » Lorsque Langlois, membre du Conseil général, demande que des délégués aillent prêter serment à la Commune, l’assemblée malgré son insistance, passe à l’ordre du jour. » (Soboul, 1014.)

42 : LANGLOIS (Marie-François), papetier, 37 ans, né à Paris, demeurant 196 rue (Saint) Jacques, section de Chalier. Électeur de 1792, membre du Conseil général de la Commune et officier municipal. Arrêté à la Maison-Commune, et conduit à la Conciergerie. Exécuté le 11 thermidor.
« Le Comité civil envoie deux commissaires à la Commune autorisée par l’assemblée générale, qui refuse d’envoyer deux commissaires au Comité de salut public.
Elle [L’assemblée] envoie à la Convention des observateurs qui se placent dans la tribune du journaliste Millin.
Un nommé Rossignol vient dévoiler les projets factieux de la Commune. Tumulte. L’assemblée écoute avec faveur Lemasson qui fait l ’éloge du Conseil général et qui a prêté le serment à la Commune. Elle applaudit Pelletier qui se déchaîne contre le Comité de salut public et la Convention, et annonce que les représentants défenseurs de la patrie sont rendus au peuple. Elle sourit au discours de l’officier municipal Langlois, venu en écharpe vanter les principes et la conduite des conspirateurs municipaux, s’agite et se trouble à la lecture d’un billet de Millin qui enjoint aux citoyens de ne plus reconnaître les ordres de la municipalité mise hors la loi. Elle ne se prononce en faveur de la Convention qu’après qu’elle aura la certitude de la victoire de celle-ci. »
(Courtois, dans Walter, 193.)
« Section Chalier, deux hommes tinrent longtemps l’assemblée sous leur influence, avec la complicité du président qui refusa la parole « à de bons commissaires qui revenaient de mission » : Pelletier, juge de paix, et Lemaçon, son assesseur ; Langlois, officier municipal, « confirma les imprécations des deux précédents. » » (Soboul, 1020.)

43 : LASNIER ( Jacques),
hommes d’affaires, receveur des rentes, 52 ans, né à Ozouer-la-Ferrière (Seine-et-Marne), demeurant rue du Four-(Saint-Germain), section de Mutius-Scaevola. Membre du Conseil général de la Commune, officier municipal, administrateur des Domaines, Finances et Contributions. Présent à la séance du 9 thermidor à la Mairie, dans laquelle il a joué un rôle très actif. Député à la mairie, pour aller chercher Robespierre aîné et le mener à la Commune. A essayé d’entraîner l’assemblée générale de sa section. Y a été arrêté par le Comité révolutionnaire. Conduit au Comité de sûreté générale. Exécuté le 11 thermidor.
« Section de Mutius-Scaevola, la séance ouverte à huit heures par la lecture de la lettre de convocation du Conseil, des commissaires sont envoyés à la Commune « pour savoir ce qui s’y passe. » une discussion s’instaure alors sur la légalité de cette convocation ; on annonce que la Commune est en rébellion. L’assemblée rappelle aussitôt ses commissaires et déclare qu’elle est illégale. « L’assemblée d’un mouvement spontané lève la séance, mais arrête qu’on restera réuni pour attendre les ordres. » Lorsque Lasnier, membre du Conseil général, se présente après dix heures, l’assemblée déclare qu’elle ne connaît que la Convention. » (Soboul, 1016.)
« Un autre membre, ayant aperçu dans l’assistance le membre de la Commune Lasnier, exige qu’on le conduise au comité révolutionnaire. Lasnier réclame la parole. Lasnier prononce une ardente apologie de la Commune, de Robespierre, d’Hanriot, des Jacobins. L’assemblée, ne se laissant point séduire par ses insinuations perfides, arrête de nouveau qu’elle ne reconnaissait d’autre autorité que celle de la Convention. Quant à Lasnier, il est mené au comité révolutionnaire, qui le met en état d’arrestation. Conduit le lendemain matin au Comité de sûreté générale ; il sera guillotiné le 11 thermidor. » ( Résumé du Procès-verbal rédigé par le Comité civil de la section, dans Walter, 256.)

44 : LAUVIN (Edmé-Marguerite), avocat, juge, 60 ans, né à Vézelay (Yonne) en 1735, demeurant 23 rue Geoffroy l’Asnier, section de la Maison-Commune. Électeur de 1792. Élu juge le 2 mars 1793, commissaire national du tribunal central des directeurs du jury d’accusation. Jacobin, membre du Conseil général de la Commune. Présent à la séance du 9 thermidor de la Commune. Député vers 6 heures et demie du soir aux Jacobins pour les inviter à correspondre avec la Commune. Arrêté à la Maison-Commune ; conduit à la Conciergerie, et exécuté le 11 thermidor.

45 : LEGENDRE ( Jean-Baptiste-Emmanuel), administrateur des postes, directeur des comptes de la Régie nationale des postes, agent national des postes, 60 ( ou 61) ans, né à Paris, (1732-1794), demeurant 8 rue de la Monnaie, section du Muséum. Membre du Conseil général de la Commune et officier municipal. S’est rendu seulement vers 9 heures du soir à la séance de la Commune, qu’il a quittée vers 10 heures et demie. Rentré chez lui, il a été arrêté dans la matinée du 10 thermidor par le Comité révolutionnaire de la section du Muséum. Conduit le même jour au Comité de sûreté générale et à la Conciergerie. Exécuté le 11 thermidor.

46 : LEGRAND ( Pierre-Jacques), homme d’affaires, 51 ans, né à Paris, demeurant rue d’Enfer-en-la-Cité, section de la Cité. Membre du Conseil général de la Commune. Présent à la séance de la Commune, nommé membre du Comité d’exécution. Arrêté à la Maison-Commune. Exécuté le 11 thermidor.
« Un autre membre qui a dit revenir de la Commune rapporte que presque toutes les sections s’étaient rendues auprès de la Commune, aussi que tous les tribunaux, la société des Jacobins pour s’unir à elle et la défendre ainsi que Robespierre. » (Procès-verbal de l’Assemblée générale de la section tenue à Notre-Dame, dans Walter, 198.)

47 : LELIEVRE (Jacques-Mathurin) dit Lelièvre jeune, graveur en pierres fines, 40 ( ou 41) ans, né à Paris, demeurant rue Saint-Martin, section des Lombards. Membre du Conseil général de Commune et administrateur de police. A montré beaucoup d’activité dans la nuit du 9 au 10 thermidor. Est venu sur la place de Grève chercher des troupes pour garder Robespierre à la mairie. Arrêté à la mairie. Exécuté le 11 thermidor.
Son frère était économe du Temple.

48 : LESIRE ( Jean-Charles-Pierre), cultivateur, 43 ans, né à Rozoy (Seine-et-Marne) en 1751, demeurant quai de l’Union, section de la Fraternité. Membre du Conseil général de la Commune. Présent à la séance de la Commune le 9 thermidor. Arrêté à son domicile dans la matinée du 10 par le Comité révolutionnaire de sa section ; conduit au Comité de sûreté générale et à la Conciergerie. Exécuté le 11 thermidor.
«  La section de la Fraternité, réunie d’après l’arrêté du conseil général, commence par nommer six commissaires pour aller à la Commune y exprimer les sentiments d’union et de fraternité de la section, et l’informer que l’assemblée a unanimement arrêté et fait serment de sauver la patrie et la représentation nationale. » (Courtois, dans Walter, 216.)

49 : LOUVET (Pierre-Alexandre), peintre, 33 ans, né à Paris, marié, demeurant 52 ( ou 12) rue des Blancs-Manteaux, section de l’Homme-Armé. Commissaire civil en 1793, membre du Conseil général de la Commune, officier municipal et administrateur des subsistances. S’est montré très exalté et très actif le 9 thermidor. Dès avant 3 heures de l’après-midi essayait d’entraîner le Comité révolutionnaire de la section. Nommé membre du Comité d’exécution. Vers 2 heures du matin s’est joint à la députation envoyée aux Jacobins ; a été pris au retour sur la section de la Halle au Blé. Envoyé tout de suite au Comité de sûreté générale, puis à la Conciergerie ; exécuté le 11 thermidor.
«  Plusieurs ont eu le courage de leur opinion, et ont dédaigné de se défendre, par exemple, le peintre Pierre-Alexandre Louvet, de la section de l’Homme-Armé, jeune et actif membre du Comité d’exécution. On se rappelle qu’il avait quitté la Maison-Commune vers deux heures du matin pour accompagner la députation envoyée par le Conseil général aux Jacobins. Pris au retour par une patrouille de la section de la Halle au Blé, mené à 3 heures du matin devant le Comité révolutionnaire, on lui demande s’il a participé aux arrêtés pris par la Commune depuis la veille. Il répond fièrement « que oui, et que si c’était à faire, il le ferait encore, qu’il est dans les principes patriotes, et qu’il le sera jusqu’à la mort, et qu’il aime mieux mourir que de vivre esclave. » ( Sainte-Claire Deville, 328.)
« La Commune trouva néanmoins encore quelques partisans dans cette sanction. » ( Courtois, dans Walter, 225.)

50 : LUBIN ( Jean-Jacques), artiste peintre, élève de l’Académie de Peinture, 29 ans, ( 1765-1794), section des Champs-Élysées membre de la Commune, juge au tribunal du 1er arrondissement, substitut de l’agent national Payan, meneur jacobin de sa section. Guillotiné le 11 thermidor.
Il était le fils de Jean-Baptiste Lubin, marchand boucher, 69 ans, qui demeurait porte Honoré. Électeur et membre de la Commune du 10 août 1792.

51 : LUMIERE ( Jacques-Nicolas), musicien de l’opéra, 46 ans, né à Paris, demeurant 4, rue Thibaudoté (ou Thibautodé), section du Muséum. Électeur de 1792, assesseur du juge de paix, jacobin depuis 1790. Secrétaire de Fouquier-Tinville, puis juré au Tribunal révolutionnaire. Membre du Conseil général de la Commune. Arrêté à la Maison-Commune. Conduit au Comité de sûreté générale. Exécuté le 11 thermidor.

52 : MARCEL ( André), maçon, 53 (ou 73) ans, né à Rosny ( Seine-et-Oise), demeurant à Paris, faubourg (Saint) Martin, section du Faubourg-du-Nord. Membre du Conseil général de la commune. Arrêté à la Maison-Commune. Ses enfants ont demandé à l’assemblée générale de la section de réclamer en sa faveur. Elle s’y est refusée, certifiant seulement « qu’il avait été bon républicain jusqu’au 9 thermidor. » Exécuté le 11 thermidor.

53 : MERCIER ( Louis-Joseph), menuisier, 40 ans, né à Sacy-le-Grand ( Oise), demeurant 14, rue des Trois Pistolets, section de l’Arsenal. Électeur de 1792, commissaire civil, membre du Conseil général de la commune, administrateur des Quinze-Vingts. Présent à la séance de la commune du 9 thermidor. A essayé d’entraîner le Comité révolutionnaire de sa section à la rébellion. S’est présenté de lui-même dans la matinée du 10 au Comité de sûreté générale ; conduit à la Conciergerie. Exécuté le 11 thermidor.
« Mercier, officier municipal (puni de mort), s’efforce en vain d’entraîner le comité dans la cause de la Commune ; pour toute réponse, on arrête d’envoyer à la Convention une protestation de fidélité et d’attachement inviolable. » ( Courtois, dans Walter, 179.)
« Les comités de l’Arsenal demeurèrent eux aussi dans l’expectative. Après dix heures, Mercier du Conseil général invite le comité civil à prêter serment : « Je vous conseille de vous dépêcher. » Quant au comité révolutionnaire, l’enquête devait signaler que son registre des délibérations ne portait « rien de remarquable sous les dates des 9 et 10 thermidor. » A minuit, les deux comités se décidaient à députer à la Convention, centre de tous les pouvoirs. » ( Soboul, 1012.)
« Vers l’Est, les comités de l’Arsenal passent à l’ordre du jour sur l’arrêté du Conseil ; vers neuf heures, le municipal Mercier s’en étonne : « Pourquoi n’y a-t-il pas d’assemblée générale ? » » ( Soboul, 1013.)

54 : MERCIER ( Marc-Martial-André), libraire, directeur des imprimeries d’assignats, 43 ans, né à Paris en 1750, demeurant rue de la Clef, section du Finistère. Membre du Conseil général de la Commune, officier municipal. Présent à la séance de la Commune. A haranguer à plusieurs reprises la force armée de la section rassemblée sur la place de Grève. Adjoint au Comité d’exécution. A été arrêté à l’assemblée nationale de la section des Arcis, conduit au Comité de sûreté générale, puis à la Conciergerie ; exécuté le 11 thermidor.
En germinal an II, Une lutte oppose Mercier à d’autres sans-culottes de la section. Mercier est expulsé de la section du Finistère et sera ensuite réintégré.
« Par ses fonctions et son train de vie, Mercier, pour patriote qu’il fût, n’était cependant pas sans-culotte. » ( Soboul, 895.)
« lui sont reprochés sa conduite immorale ( il a abandonné pour une autre, sa femme « respectable et vertueuse »), l’inégalité de son caractère « qui fait que les patriotes ne savent jamais sur quoi compter », d’être un mauvais riche pour avoir refusé soixante sols à un patriote pauvre et malade (« le caractère d’un vrai républicain étant de soulager ses frères dans l’adversité, surtout quand ils jouissent d’appointements aussi considérables que ceux de Mercier »). (Soboul, 895.)
« 9 thermidor dix heures du soir.
La séance s’ouvre par la lecture d’un arrêté du Conseil général de la Commune. L’assemblée nomme en conséquence deux commissaires pour se transporter à la Commune. Les commissaires rapportent que la force armée assemblée sur la place de grève s’est retirée.
Un citoyen envoyé par le comité civil à huit heures vers la Commune pour savoir ce qui s’y passait rapporte qu’on lui a fait mettre son nom sur une feuille volante et fait prêter le serment aux commissaires présents de la section et que Mercier et Gency représentants de la section ont dit que les patriotes détenus avaient été mis en liberté et que toutes les autorités étant réunies à la Commune tous les ordres en partiraient. L’assemblée indignée des prétentions de la Commune jure de mourir pour la représentation nationale. » (Résumé du Procès-verbal de l’assemblée générale de la section, dans Walter, 214.)

55 : METTOT (Dominique), agent d’affaires, 45 ans, né à Nancy en 1749, demeurant à la Maison-Commune, secrétaire greffier-adjoint de la municipalité aux archives de l’état-civil. Exécuté le 11 thermidor.

56 : MOREL ( Jacques), écrivain, 55 ans, né à Vendœuvres (Aube), demeurant à Paris, rue du marché-aux-Poirées, section des Marchés. Membre du Conseil général de la Commune. Présent à la séance de la Commune le 9 thermidor. A insisté pour contraindre Gobert, commandant de la section, à laisser ses canons à la Commune, et à prêter serment. Arrêté à la Maison-Commune. Exécuté le 11 thermidor.

57 : MOYNE ou MOËNNE (Jacques), commis teneur de livres, 39 ans, né à Commune-Affranchie (Lyon),demeurant Vieille-rue du Temple, substitut de l’agent national de Paris. Exécuté le 11 thermidor.

58 : NAUDIN ( Nicolas), menuisier, 33 ( ou 35) ans, né à Ville-sur-Yron ( Moselle), demeurant rue Charlot, n° 5, section du Temple. Membre de la Commune du 10 août 1792 au 9 thermidor. Il fut un temps dénoncé et inquiété le 7 prairial an II, pour avoir pris parti pour les dirigeants cordeliers, le 25 ventôse an II. Présent à la séance de la Commune le 9 thermidor. Exécuté le 11 thermidor. Son nom a été omis sur le jugement, mais il a été coché sur la liste de la salle de l’Égalité, et il figure sur le procès-verbal d’exécution.
«  Le comité délibérant sur les moyens de s’assurer des personnes de Naudin et Talbot membres de la Commune pris hors de la loi et demeurant sur la section arrête qu’il sera fait perquisition de leurs maisons et que les scellés y seront apposées » Naudin, présent à la séance du 9, fut arrêté à la Maison-Commune. Il alla à l’échafaud. » ( Séance extraordinaire du Comité civil de la section du 9 thermidor, dans Walter, 280.)

59 : PACQUOTTE (Jean), ciseleur, 47 ( ou 48) ans, né à Troyes ( Aube), demeurant rue de la Petite Boucherie ( ou Abbaye Saint-Germain), section de l’Unité. Électeur de 1792, commissaire civil puis membre du Conseil général de la commune et officier municipal. Présent à la séance de la Commune le 9 thermidor, à laquelle il a assisté jusqu’à la fin. A cependant pu sortir sans être arrêté au moment de l’envahissement ; s’est rendu à sa section, où le Comité révolutionnaire l’a arrêté, puis mené au Comité de sûreté générale. Exécuté le 11 thermidor.

60 : PAFFE (François-Auguste), marchand bonnetier, 41 ans, né à Paris, demeurant 240 rue de la Joaillerie, section des Arcis. Électeur de 1791 et 1792, membre du Conseil général de la Commune. Présent à la séance du 9 thermidor. Arrêté à la Maison-Commune. Conduit à la Conciergerie, et exécuté le 11 thermidor.

61 : PARIS (Pierre-Louis), ancien oratorien, professeur de belles-lettres, 34 ans, né à Paris en 1760, demeurant rue des Carmes, n° 27, section du Panthéon-Français, membre du Conseil général de la Commune et officier municipal. Présent à la séance de la Commune ; rédacteur, avec Payan, de l’adresse au peuple votée au début de la séance. Envoyé aux Jacobins en députation vers 2 heures du matin avec Jérôme ; arrêté au retour sur la section de la Halle au Blé. Conduit au Comité de sûreté générale, puis à la Conciergerie. Exécuté le 11 thermidor.
« Les officiers municipaux Alexandre Louvet, Louis Pâris et Nicolas Jérôme, et quelques autres, sont arrêtés et envoyés au Comité de sûreté générale. » Tous les trois seront guillotinés le 11. ( Courtois, dans Walter, 223.)

62 : PELLETIER (François), marchand de vins, notable, 33 ans, né à Cheminon-la-Ville ( Marne) (1761-1794), demeurant 75 rue du faubourg Denis, section Poissonnière. Électeur de 1792, membre du Conseil général de la Commune. Présent à la séance de la Commune le 9 thermidor. Arrêté chez lui le 10 thermidor, à 4 heures du matin par le Comité révolutionnaire, et mené au Comité de sûreté générale, avec Gibert, par le Comité de la section voisine, du Faubourg du Nord. Exécuté le 11 thermidor.

63 : RAVEL (Jacques), chirurgien, 55 (ou 48) ans, né à Tarascon-sur-Rhône, demeurant rue (Saint) Antoine, section des Droits-de-l’Homme. Membre du Conseil général de la Commune, présent à la séance de la Commune le 9 thermidor ; est venu à l’assemblée générale de la section et a d’abord protesté contre les agissements de la municipalité, puis s’est rétracté, a retiré sa protestation, et a participé à l’arrestation du commandant en chef Lasne. Arrêté à la Maison-Commune. Exécuté le 11 thermidor.

64 : REMY ( Pierre), tabletier, 45 ans, né à Chaumont ( Haute-Loire) en 1748, demeurant rue (Saint) Louis, section de l’Indivisibilité. Électeur de 1792, membre du Conseil général de la Commune et administrateur de police. Étant à la mairie le 9 thermidor, a invité un commissaire de sa section, Journet, qui y était venu, à parler pour la Commune et contre la Convention. Arrêté avec ses collègues. Exécuté le 11 thermidor.
« Journet est annoncé comme arrivant de la Commune. Il dit : « J’ai été invité à vous dire de vous réunir à la Commune, vous n’ignorez pas que la Commune est mise hors la loi, vous savez qu’elle est composée de tous bons patriotes et mettre les bons patriotes hors la loi, c’est y mettre tous les patriotes, c’est pourquoi je présente à l’assemblée qu’elle n’aurait pas due faire lire la proclamation de la Convention. » Journet ajoute qu’étant à la mairie il y a vue Rémy qui lui a demandé comment se comportait la section et lui a dit « Va promptement à ma section et invite là à se réunir aux autres sections sous les ordres de la Commune. » » (Procès-verbal de l’Assemblée générale de la section, dans Walter, 227.)

65 : SIJAS (Prosper), commis à l’administration de la régie, adjoint au ministre de la guerre, chef des bureaux du ministère de la guerre, 35 an, né à Vire (Calvados) en 1759, demeurant à Paris, rue Grange-Batelière, n° 21, fidèle partisan de Robespierre, mis hors de la loi par décret de la Convention nationale. Exécuté le 11 thermidor.
«  Sijas, ancien adjoint de Bouchotte et patriote prononcé. » (Soboul, 876.)

66 : SOUARD ou SOUARS (Étienne-Antoine), miroitier, 56 (ou 57) ans, né à Aubervilliers, demeurant rue des Vieux-Augustins, section de la Réunion. Électeur de 1792, commissaire civil, élu directeur des postes de Paris le 1er août 1793, membre du Conseil général de la Commune. Arrêté à la Maison-Commune, conduit au Comité de sûreté générale, puis à la Conciergerie. Exécuté le 11 thermidor.

67 : TALBOT ou TAILLEBOT (Jean-Baptiste-Crépin), entrepreneur en maçonnerie, maçon, 58 ans, né à Jouy ( Seine-et-Oise), demeurant 7, rue du Temple, section du Temple. Membre du Conseil général de la Commune, administrateur des Quinze-Vingts et officier municipal. A transmis, dès 3 heures de l’après-midi du 9 thermidor, les ordres de Payan et d’Hanriot à sa section. Présent à la séance de la Commune ; rentré chez lui dans la nuit, a été arrêté le 10 à 2 heures de l’après-midi par le Comité révolutionnaire. Conduit à la Conciergerie. Exécuté le 11 thermidor.
« Dès 3 heures, Talbot invite le commandant de la section du Temple à se rendre à l’état-major ; il y court : une demi-heure après, la générale bat et les hommes se pressent vers les points de rassemblement. » (Soboul, 997.)
« Le commandant se présente et déclare que le citoyen Talbot, membre de la Commune, nommé par la section l’a fait demander à trois heures dans une maison de tierce, où il se trouvait ; que Talbot qui l’attendait sur le boulevard l’a engagé à se rendre sur le champ chez Hanriot pour prendre ses ordres ; qu’il s’y est rendu sur le champ qu’Hanriot était entouré de beaucoup de monde, qu’il lui a donné l’ordre de faire mettre tous les citoyens sous les armes et de n’obéir qu’à lui général et à la Commune de Paris, qu’il a alors demandé cet ordre par écrit, qu’Hanriot lui a dit qu’il ne donnait que des ordres verbaux.
Qu’il est alors revenu dans la section, qu’ayant vu sur son chemin les citoyens qui se rassemblaient en armes il a cru de son devoir d’en faire autant dans la section qu’il commande pour le maintien de la tranquillité publique et qu’il a en conséquence fait battre le rappel. » (Séance extraordinaire du Comité civil de la section du 9 Thermidor, dans Walter, 278.)
« Section du Temple, malgré la pression de Talbot, membre du Conseil général, les comités refusent vers six heures d’obéir aux injonctions de la Commune. » (Soboul, 1007.)
« Le comité délibérant sur les moyens de s’assurer des personnes de Naudin et Talbot membre de la Commune pris hors de la loi et demeurant sur la section arrête qu’il sera fait perquisition de leurs maisons et que les scellés y seront apposées. » (Séance extraordinaire du Comité civil de la section du 9 Thermidor, dans Walter, 280.)
« Talbot, parti peu de temps avant la fin de la séance put regagner son domicile. Il fut arrêté dans la matinée du 10. » (Walter, note 1, 280.)
Talbot fut au centre d’un conflit politique opposant la section du Temple à la Commune. Soboul a dressé en cette occasion un portrait de Talbot :
« Élu notable de la Commune sept mois avant le 10 août, nommé le 18 août 1792 membre de la Commune provisoire, puis en mars 1793 de la Commune définitive, désigné en août 1793 comme administrateur des quinze-Vingts, Talbot qui s’intitulait lui-même patriote de 89, appartenait incontestablement à cette moyenne bourgeoisie parisienne qui avait fait la force de la Révolution à ses débuts. » (Soboul, 382.)
« Les autorités parisiennes une fois épurées et Talbot maintenu au Conseil par les Comités, l’assemblée [du Temple] capitula et fit amende honorable. » (Soboul, 867.)

68 : TANCHON (Ponce), graveur, 32 (ou 33) ans, né à Bourges (Cher), demeurant Cloître-Notre-Dame, section de la Cité. Agent de l’atelier d’armes, maison Baschy, rue Saint-Dominique. Électeur de 1792, membre du Conseil général de la Commune et administrateur de police.
A invité Vanheck, commandant de la section de la Cité, à assurer la garde de Robespierre à la mairie. Arrêté à la mairie avec ses collègues le 10. Exécuté le 11 thermidor.
« Un citoyen s’étant présenté au comité et invité à dire ce qu’il y avait de nouveau répondit avec chaleur que le peuple était en insurrection, que les Jacobins, toutes les sections, les autorités constituées, les tribunaux se rangeaient autour de la Commune pour défendre Robespierre et pour s’opposer à la Convention qui disait-il, voulait opprimer et en faire une victime ; il nous pressait de toutes ses forces à nous rendre à la Commune, et la raison qu’il en donnait, c’est que le tocsin sonnant le peuple exerçait sa souveraineté. » (procès-verbal de la séance du comité civil de la section, dans Walter, 197.)

69 : VAUCANU (Jean-Guillaume-François), marchand mercier, 37 ans, né à Saint-Germain-Montgomery, demeurant rue du Monceau, section de la Maison-Commune. Commissaire civil, membre du Conseil général de la Commune. A assisté au début de la séance de la Commune, puis s’est rendu vers 11 heures du soir, le 9 thermidor, à l’assemblée générale de sa section, n’a pu être entendu avant minuit trois quarts. Envoyé au Comité révolutionnaire. Envoyé au Comité de sûreté générale avec Guyot et Grenard. Exécuté le 11 thermidor.

70 : VINCENT (Jean-Baptiste), entrepreneur de bâtiments, 35 (ou 36) ans, né à Mont-Saint-Jean ( Côte-d’Or), demeurant 65, rue des Tournelles, section de l’Indivisibilité. Électeur de 1792, membre de la Commune du 10 août, membre du Conseil général de la Commune et agent de la grosse artillerie de la République. Sorti très tard de son bureau de l’Artillerie, n’a fait que passer à la Commune où i la signé, le 91e et dernier, la liste de présence. Rentré chez lui, s’est présenté de lui-même dans la matinée du 10 au Comité de sûreté générale, qui l’a envoyé à la Conciergerie, sans égard à ses explications. Exécuté le 11 thermidor.
«  Vincent, de l’indivisibilité, était un brave homme. […] Entrepreneur de bâtiments et administrateur de l’atelier de grosse artillerie, il avait été retenu fort tard à son bureau, n’avait pu se rendre à la Commune qu’après 10 heures du soir. [Il a signé avec le numéro 91 et dernier sur la liste de présence.] Il était reparti au bout d’un quart d’heure, sans avoir fait un geste ni dit un mot.
Le lendemain matin, ayant eu connaissance du décret de mise hors la loi de la municipalité, il se rend de lui-même au Comité de sûreté générale, avec la profonde conviction de sa parfaite innocence. Naturellement, on l’arrête, et on le pousse dans le vestibule où se rassemblent les prisonniers. A entendre les conversations de ses collègues, les propos des gendarmes qui les gardent, l’inquiétude le prend, et, hâtivement, il rédige une supplique : « ...Fidèlement soumis à la loi, tranquillisé d’ailleurs par le sentiment d’une conscience sans reproche, il est venu de lui-même se ranger sous ses ordres, offrir sa conduite à son examen, persuadé que, si elle s’appesantit sur les têtes coupables, elle regardera comme un devoir sacré de protéger et de défendre l’innocence confondue avec le crime. » » (Sainte-Claire Deville, 329-330.)

71 : WITCHERICHT ou WILTCHERITZ ou VICHTERICH ( Martin), cordonnier, 44 ( ou 48) ans, né à Cologne, demeurant 20, rue de Lappe, section de Popincourt. Membre du Conseil général de la Commune et administrateur de police. Se trouvait au Luxembourg lors de l’arrivée de Robespierre, vers la fin de l’après-midi du 9 thermidor. A refusé de l’y laisser entrer, pour le diriger sur la mairie. A été arrêté avec ses collègues. Exécuté le 11 thermidor.
« La section de Popincourt, éloignée des lieux où les conjurateurs s’agitaient et où la représentation nationale frappait les traitres, montra beaucoup d’anxiété et d’incertitude dans sa conduite ; elle avait en outre dans son sein et des membres et des amis de la Commune qui la trompaient. » (Courtois, dans Walter, 266.)