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Mars 1792 : Guerre aux châteaux dans Cantal

Ça s’est passé en Mars 1792 Guerre aux châteaux dans le département du Cantal article extrait de l aThèse de B. Vandeplas

mercredi 15 avril 2020

Ça s’est passé en mars 1792

dans le district d’Aurillac et dans quelques communes des districts de Saint-Flour, Saint-Christophe et Mauriac.

Guerre aux châteaux dans le département du Cantal [1]

En mars 1792, un mouvement révolutionnaire violent désorienta les autorités du département du Cantal. Cette insurrection eut lieu dans le district d’Aurillac et dans quelques communes des districts de Saint-Flour, Saint-Christophe et Mauriac.

Le 11 mars, au matin, le district avait convoqué au chef-lieu toutes les paroisses du canton et toute la garde nationale de la ville pour prendre les noms et faire une liste de tous ceux quitteraient de bonne volonté pour partir auxiliaires dans les troupes de ligne. Cette opération faite, ils prêtèrent serment que le premier aristocrate qui maltraiterait un patriote serait puni de mort. » [2]
Le soir même dans leur promenade à travers les rues d’Aurillac, ils manifestèrent à deux reprises devant la maison du ci-devant Collinet de Niocel, ancien magistrat. La première manifestation ne tira pas à conséquence ; mais comme la seconde se faisait la nuit, au chant du « ça ira », les de Niocel ripostèrent, et eurent l’imprudence de tirer un coup de fusil pour dissiper le rassemblement. Les jeunes gens portèrent plainte contre lui à la municipalité, et, le lendemain, Colinot était conduit à l’Hôtel de ville sous la garde de quatre hommes qui le protégeaient contre la fureur de la foule. Pendant ce temps on annonçait dans le bourg d’Arpajon que les patriotes étaient maltraités dans Aurillac. L’on sonnait le tocsin et bientôt « 6 à 700 gardes nationales ou paysans armés de fusils, sabres, haches, pistolets, fourches, etc… » se rendaient à Aurillac sous le commandement de Milhaud.

Les portes de l’Hôtel de ville étaient enfoncées, Colinot était pris, tué, et sa tête coupée était portée dans les rues au bout d’une fourche. Quelques jours après, les mêmes paysans avec d’autres paroisses réunies, toujours commandées par Milhaud, se rendent à Montsalvy qu’on pilla ; ensuite furent brûler, pilier et dévaster les châteaux des villages alentours.

Dans le même mois de mars, quelques communes du district de Saint-Flour se livrèrent aussi au pillage de quelques châteaux.

Ce résumé très succinct nous permet de montrer l’agitation anti-seigneuriale d’une partie du département du Cantal et de souligner que le département était en présence de deux forces politiques dont l’entente était désormais impossible : des modérés ou constitutionnels à la têtes de l’administration et une force politique avancée ou démocrate.

Cette campagne faite en mars et avril 1792 contre les châteaux nous montre, les premiers effets concrets, de la défiance inspirée aux paysans contre les seigneurs.

Les évènements politiques qui se succédèrent ensuite : déclaration de guerre, journée du 20 juin, décret du 11 juillet, révolution du 10 août, permirent aux idées démocratiques de progresser rapidement et les élections de septembre 1792 nous offrent la preuve de leur expansion.
Milhaud et Carrier sont élus dans le district d’Aurillac, le premier à une forte majorité ; c’est la disparition de l’aristocratie, l’égalité démocratique que demande la majorité. Jean Baptiste Lacoste est élu dans le district de Mauriac, les forces démocratiques et modérées s’équilibrent donc à l’échelle du département.

Le mécontentement des campagnes en 1789 et 1791 puis les jacqueries de 1792 marquent un tournant dans le département. Déjà, la fuite du roi et de sa famille le 20 juin 1791 avait crée dans l’opinion une vive émotion et le sentiment que le roi avait rompu par sa fuite avec son peuple.

L’année suivante dans le département c’est sa déchéance que l’on demande en applaudissant avant les élections se que Gallérie écrivait : « … Que les adorateurs de la veille idole qui vient de mettre le sceau à sa honte… ne soient point honorés de vos suffrages. »

L’appréciation que Cahouët, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées dans le département, concorde parfaitement avec les dires précédents. Il écrit dans sa lettre du 19 août 1792, à Roland, ministre de l’intérieur, qui lui avait demandé des renseignements sur l’état d’esprit dans le département du cantal : « La masse, est invinciblement entraînée vers la Révolution… » [3]

Les administrations locales se montrèrent incapables d’asseoir leur autorité et Milhaud pris l’initiative pour « la force démocratique ». Le mécontentement des paysans étaient à son comble, la Révolution n’avait pas apporter de solutions à leurs problèmes, et les seigneurs locaux gardaient encore une certaine arrogance notoire dans le département.

C’est la réunion d’un grand nombre de gardes nationales paysannes à Aurillac, le 11 mars 1792, qui permit l’éclatement de « cette guerre aux châteaux » dans une partie du département.

Bernard Vandeplas.

[1Vandeplas Bernard, l’ensemble de cet article est en parti, extrait de ma thèse sur le département du Cantal (étude politique économique et sociale 1789 à 1852)

[2Annales historique de la ville d’Aurillac.

[3A.N., F1c III, Cantal 1.