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Avril 1791 : le grand orateur de la Constituante s’éteint.

mercredi 15 avril 2020

La mort de Mirabeau est un tournant dans la Révolution. Député du Tiers-Etat, il joue un rôle majeur dans les deux premières années de la Révolution. Cependant, il apparaît de plus en plus suspect aux yeux des révolutionnaires les plus ardents comme Robespierre, Desmoulins, Hébert ou Marat.

Ça s’est passé en avril 1791 :
le 2 avril 1791, Mirabeau le grand orateur de la Constituante s’éteint.

Honoré Gabriel Riqueti, Comte de Mirabeau,
en habit de constituant

La mort de Mirabeau est un tournant dans la Révolution.
Député du Tiers-État, il joua un rôle majeur dans les deux premières années de la Révolution. Cependant, il apparut de plus en plus suspect aux yeux des révolutionnaires les plus ardents comme Robespierre, Desmoulins, Hébert ou Marat. En effet, son attitude sur la question du veto, qui donne à Louis XVI un pouvoir de blocage des décrets de l’Assemblée nationale l’a rendu suspect. À la vérité, Mirabeau est à la solde du Roi !

Néanmoins, à la date de sa mort, personne n’a la preuve de la traîtrise du grand orateur de la Constituante envers la Révolution.Ce n’est que plus tard, qu’on apprendra que Mirabeau avait bien trahi la grande cause révolutionnaire.

Aussi, le 2 avril 1791, la mort de Mirabeau est un véritable choc pour les révolutionnaires (sauf Marat et les doutes de Robespierre sur son intégrité) et ceux-ci font de suite un éloge appuyé du grand orateur.

Hébert écrit dans Le Père Duchesne N° 47 les mots suivants :

« Comme ils sont aises, les jeans foutres d’aristocrates, quelle fête pour les bougres de monarchiens que ce jour qui cause la consternation générale ! Il est donc vrai, foutre, il n’est plus, ce bougre intrépide qui d’un seul mot les pulvérisa tant de fois ?

Pour moi, foutre, j’ai le cœur si navré que jeune puis exprimer ma douleur. Si quelquefois je me suis permis, tandis que Mirabeau vivait, de lui dire crûment ma façon de penser, si j’ai blâmé sa conduite, enfin si j’ai été souvent l’écho du public à son égard, c’est que je ne voulais lui laisser rien ignorer de ce peuple pensait à son égard. Et, foutre, un bougre de sa trempe sait tout mettre à profit jusqu’aux avis du père Duchesne.

J’étai à l’Assemblée, foutre, lorsque cette affreuse nouvelle y a été annoncée. La foudre serait tombée au milieu de la salle, elle y aurait occasionné moins d’effroi que les paroles terribles qui ont appris ce malheur. Des larme coulaient de tout les yeux. J’ai vu, foutre, ce qu’on ne croira jamais, j’ai vu les noirs eux-mêmes s’attendrir au récit de ses derniers moments. Ah ! foutre, quel digne prêtre que cet ancien évêque d’aucun ! Ce n’est point de couillonnades qu’il s’est entretenu avec ce grand homme. Il ne l’a point tourmenté à sa dernière heure pour savoir des fredaines qu’il n’avait pas besoin de connaître. Il ne lui a pas foutu sur sa poitrine un cierge, il n’a pas marmotté à ses oreilles un foutu latin de cuisine qui les aurait écorchées ; mais, foutre, il lui a parlé le véritable langage de la divinité. Il lui a parlé de cette liberté qu est l’idole, le seul Dieu du vrai citoyen. Aussi Mirabeau a-t-il fait une fin digne de son grand nom. Il a vu approcher de lui la mort sans qu’elle lui ait foutu malheur, et quoique le cul sur la paille, il a terminé sa vie avec autant de courage qu’un grenadier, foutre. »

Mirabeau était aimé dans les campagnes, et celles-ci lui étaient fidèles comme le montreront les éloges funèbres multiples qui eurent lieux aux quatre coins de la Nation Française. Pour preuve de cetteadmiration des campagnes nous prendrons comme exemple cet hommage rendu à Mirabeau au début de l’année 1790 par une petite fille de Mauriac (commune du département du Cantal, citation extraite de la revue de la Haute-Auvergne, de 1920) :

Une petite fille de Mauriac écrit les vers suivants :

« Illustre défenseur des droit sacrés de l’Homme.
Tu sublime le vertu et lasse les envieux.
Et te mets au-dessus des citoyens de Rome.
Dont l’erreur bien longtemps a fait des demi-Dieux,
Tu n’aspiras jamais à cette vaine gloire,
Mais nos cœurs te paieront au temple de mémoire.
Ton âme supérieure au mépris de l’encens.
Vit le bien, le promit, l’accomplit à l’instant.
Les complots odieux, les trames, les blasphèmes,
T’on fait trembler pour tous et jamais pour toi-même.
L’obstacle te poursuit sans jamais t’émouvoir.
Le tonnerre en éclat ne peu te faire chair.
Oh ! tendre humanité, reconnais ton ouvrage
Dans les rares effets d’un si noble courage.
C’est toi qui d’un divin flambeau
Eclaireras pour toujours notre grand Mirabeau,
Dont les talents guides par ta main bienfaisante,
Ramènent l’âge d’or pour la race naissante. »

Mirabeau en fut touché, il répondit au Chevalier du Fau, qui lui avait fait parvenir les vers, le 15 mars 1790.

« Je dois être flatté Monsieur, des sentiments que me témoignent les bons citoyens de votre ville. J’ai lu avec intérêt les vers qu’une jeune personne a faits pour moi. J’en suis satisfait pour elle ; ils prouvent de la délicatesse dans la pensée et le généreux désir du bien ; pour moi, qu’elle voudrait gâter, je ne puis que la remercier de ses vœux et la prier ainsi que vous, Monsieur, d’agrées mes homages. J’ai l’honneur d’être très parfaitement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. »

Mirabeau.

L’enterrement de Mirabeau fut un évènement très suivi dans toute la France. Celui-ci, entra au Panthéon et en sortit lors de la découverte de sa trahison au moment du procès du roi en décembre 1792. En effet, l’armoire de fer de Louis XVI contenait la correspondance compromettante de Mirabeau avec le roi. L’image du grand orateur était donc ternie à jamais.

Portrait du Comte de Mirabeau par Boze
Bernard Vandeplas

Voir aussi « Histoire & Images » , commenté par Guillaume Mazeau
Mirabeau et Dreux-Brézé
FRAGONARD Alexandre Evariste (1780 - 1850)
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Franck Raux
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