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Saint-Just et l’Éducation,

mercredi 28 décembre 2022

Notre ami Bernard Vandeplas a extrait des Œuvres de Saint-just, cette partie témoignant des débats relatifs à l’éducation pendant la Révolution.

Saint-Just et l’Éducation,
Portrait de Louis-Antoine de Saint-Just (1767-1794), homme politique.
Entre 1767 et 1794
Anonyme
Musée Carnavalet, Histoire de Paris

« Les enfants appartiennent à leur mère jusqu’à cinq ans, si elle les a nourris, et à la République ensuite, jusqu’à la mort.

La mère qui n’a point nourri son enfant a cessé d’être mère aux yeux de la patrie. Elle et son époux doivent se représenter devant le magistrat, pour y répéter leur engagement, ou leur union n’a plus d’effets civils.

L’enfant, le citoyen appartiennent à la patrie. L’instruction commune est nécessaire. La discipline de l’enfance est rigoureuse.

On élève les enfants dans l’amour du silence et le mépris des rhéteurs. Ils sont formés au laconisme du langage. On doit leur interdire les jeux où ils déclament, et les accoutumer à la vérité simple. Les enfants ne jouent que des jeux d’orgueil et d’intérêt ; il ne leur faut que des exercices.

Les enfants mâles sont élevés, depuis cinq jusqu’à seize ans, par la patrie.

Il y a des écoles pour les enfants depuis cinq ans jusqu’à dix. Elles sont à la campagne. Ils en a une dans chaque section et une dans chaque canton.

Il y a des écoles pour les enfants depuis dix jusqu’à seize ans. Il y en a une dans chaque section et une dans chaque canton.

Les enfants, depuis cinq ans jusqu’à dix apprennent à lire, à écrire, à nager. On ne peut frapper ni caresser les enfants. On leur apprend le bien, on les laisse à la nature.

Celui qui frappe un enfant est banni. Les enfants sont vêtus de toile dans toutes les saisons. Ils couchent sur des nattes et dorment huit heures. Ils sont nourris en commun et ne vivent que de racine, de fruits, de légumes, de laitages, de pain et d’eau.

Les instituteurs des enfants, depuis cinq ans jusqu’à dix, ne peuvent avoir moins de soixante ans, et sont élus par le peuple parmi ceux quint obtenu l’écharpe de la vieillesse.

L’éducation des enfants, depuis dix jusqu’à seize ans, est militaire et agricole. Ils sont distribués en compagnies de soixante. Six compagnies forment un bataillon. Les instituteurs nomment, tous les mois, le chef parmi ceux qui se sont le mieux conduits.

Les enfants d’un district forment une légion. Ils s’assemblent,tous au chef-lieu, le jour de la fête de la jeunesse. Ils y campent et y font tous les exercices de l’infanterie, dans des arènes préparées exprès.

Ils apprennent aussi les manœuvres de la cavalerie et toutes les évolutions militaires.

Ils apprennent les langues. Ils sont distribués aux laboureurs, dans le temps des moissons.

Depuis seize jusqu’à vingt-un ans, ils entrent dans les artiste choisissent une profession qu’ils exercent chez les laboureurs, dans les manufactures, ou sur les navires.

Tous les enfants conserveront le même costume jusqu’à seize ans ; depuis seize jusqu’à vingt-un ans, ils auront le costume d’ouvrier ; depuis vingt-un jusqu’à vingt-cinq, celui de soldat, s’ils ne sont point magistrats.

Ils ne peuvent prendre le costume des arts, qu’après avoir traversé, aux yeux du peuple, un fleuve à la nage, le jour de la fête de la jeunesse.

Depuis vingt-cinq, les citoyens non magistrats entreront dans la milice nationale, mariés ou non.

Les instituteurs des enfants jusqu’à seize ans sont choisis par les directoires des districts, et confirmés par la commission générale des arts nommée par le gouvernement.

Les laboureurs, les manufacturiers, les artisans, les négociants, sont instituteurs.

Les jeunes hommes de seize ans sont tenus de rester chez les instituteurs jusqu’à vingt-un ans, à peine d’être privés du droit de citoyen pendant leur vie.

Il y a, dans chaque district, une commission particulière des arts, qui sera consultée par les instituteurs et donnera des leçons publiques.

Les écoles seront dotées d’une partie des biens nationaux… Ce serait peut-être une sorte d’instruction propre aux Français, que des sociétés d’enfants, présidées par un magistrat qui indiquerait les sujets à traiter, et dirigerait les discussions, de manière à former le sens, l’âme, l’esprit et le cœur.

Les filles sont élevées dans la maison maternelle. Dans les jours de fête, une vierge ne peut paraître en public, après dix ans, sans sa mère, son père, ou son tuteur. »

Daprès les Œuvres Complètes, Édition Vellay, tomme II, Paris, 1908, pp. 516-519. Extrait des Institutions républicaines, œuvre posthume de Saint Just.

La conception de Saint Just de l’éducation est inspirée à la fois des théories de Jean Jacques Rousseau et de l’éducation antique Spartiate.

Choix du texte : Bernard Vandeplas Docteur en Histoire Contemporaine