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Révolution française et mouvement ouvrier au XIXe et XXe siècle.

Une conférence de Pierre Outteryck

vendredi 22 avril 2022

CONFÉRENCE DE Pierre OUTTERYCK

Révolution française et mouvement
ouvrier au XIXe & XXe siècle
.

Présentation de conférence de Pierre OUTTERYCK

Depuis près de 250 ans, un spectre hante la France, l’Europe et le monde : le droit des peuples, y compris les plus exploités, à devenir les acteurs de l’histoire et l’idée selon laquelle la mise en commun et le partage essentiel des biens et des richesses doivent devenir les fondements de la transformation sociale.
Au cœur de cette volonté, nous trouvons, avec leurs contradictions, le siècle des Lumières et les expériences de la Révolution française de 1789 à 1799.
On ne peut comprendre le monde d’aujourd’hui sans ces références. Depuis deux siècles quels en sont les moments structurants ? C’est ce que se propose d’aborder avec vous notre conférencier.

Après avoir consacré l’essentiel de son activité à interroger l’enseignement scolaire de la Révolution Française en 2021, le Conseil Scientifique de l’ARBR, dans sa mission d’éducation populaire a souhaité aborder la manière dont la transmission de l’histoire de la Révolution s’est faite au sien du mouvement ouvrier.

Qui mieux que Pierre Outteryck, membre de l’ARBR à ses débuts pouvait s’y atteler.

Pierre Outteryck poursuit actuellement sa thèse d’Histoire consacrée à l’histoire du mouvement ouvrier dans le Nord de la France. Il est l’auteur de nombreux ouvrages biographiques concernant les militants syndicaux et ouvriers de cette région et travaille au sien de l’association des Ami(e)s de Martha Desrumaux a faire connaître l’exceptionnel parcours de cette ouvrière textile demeurée illettrée jusqu’à 26 ans, se trouvant dans les négociations au nom de la CGT en 1936, déportée et député communiste à son retour des camps à libération.

Bibliographie de l’auteur :

  • Martha Desrumeaux, Les nazis ne m’ont pas eue , Editions du Geai Bleu 2019
  • Achille Blondeau, Mineur, résistant, déporté syndicaliste Editions du Geai Bleu (30 € ) 2006
  • Henri Martel , un mineur syndicaliste issu du peuple Edtiions du Geai Bleu (20€)
  • Fourmies, Eclats d’Aubépine, les fusillades du 1er mai 1891— roman— Editions du Geai Bleu

Propos d’introduction du Président de l’ARBR

Révolution française et mouvement ouvrier au XIXe & XXe siècle.
Chers amis,
En 1992, faisant suite aux célébrations de 89, l’ARBR décidait, de marquer l’évènement sans doute le plus important de la période révolutionnaire : l’instauration, par la toute nouvelle convention, de la Première République mettant ainsi fin à la monarchie.
Elle organisa pour cette occasion un colloque intitulé « Mouvement ouvrier et République ». Les 17 et 18 octobre 1992, donc, elle réunit près de 24 intervenants, universitaires, professeurs d’histoire et militants syndicaux dont les interventions ont été rassemblées dans un ouvrage aujourd’hui épuisé. L’image de Robespierre dans l’imaginaire collectif ouvrier y tint une place importante, au milieu de contributions diverses éclairant la manière dont les questions sociales, institutionnelles et démocratiques, construites pendant la période révolutionnaire, avaient trouvé écho dans les mouvements révolutionnaires ou les luttes sociales engagés tout au long du 19e et 20e siècle.
Parmi ces intervenants, on y trouve un certain Pierre Outteryck, membre de l’ARBR, et ayant par ailleurs participé sous la direction de Claude Mazauric à travers toute la France à un grand nombre de conférences pendants les années 89-90 sur le sujet.
À partir de l’histoire locale de la Commune de Waziers, petit village près de Douai, devenu au moment de l’exploitation minière par des compagnies privées, une cité ouvrière, À l’époque, notre ami a intéressé son auditoire, en détaillant la manière dont le mouvement ouvrier organisé avait pu conquérir et animer une municipalité, jusqu’alors dominée par les Compagnies minières et le clergé local. En analysant la symbolique du fronton de la nouvelle mairie, construite dans l’entre deux guerres, notre ami montra comment les élus ouvriers ont cherché à intégrer aux symboles obligatoires de la République, la place des travailleurs de la terre et de l’industrie, et celle de la paix, avant même la prise en compte des éléments symboliques républicains par le PCF de l’époque.
« L’exemple de Waziers nous disait à l’époque notre ami, nous montre comment les symboles républicains ont pu être des leviers récupérés et subvertis par le mouvement ouvrier, pour asseoir son autorité, et exercer un pouvoir, prouver ses capacités et ses potentialités à modeler la conscience collective et créer de nouvelles formes de représentations mentales ».
Aujourd’hui, trente années plus tard, l’ARBR poursuit son chemin et continue de travailler à l’habilitation de la pensée et l’œuvre de Robespierre et de rappeler le travail d’invention immense de la période révolutionnaire.
Comment celle-ci demeure-t-elle encore dans l’imaginaire collectif et comment son histoire nous est-elle transmise ou paradoxalement oubliée ?
Aujourd’hui, la campagne électorale s’achève. La référence à la révolution française est revendiquée dans les discours des candidats communistes et de la France Insoumise. Il y a un peu plus d’un an, le président aujourd’hui candidat, célébra la troisième république à Sedan , oubliant curieusement la première trop sulfureuse sans doute. Je passerai sur les falsificateurs de l’histoire, un collectif de nombreux historiens de tous bords l’a fait pour nous.
Aussi, nous avons fait le choix, dès 2017 d’interroger historiquement la question républicaine. Je dois remercier ici Bernard Vandeplas, notre vice- président d’avoir conduit avec Hervé Leuwers, la thématique de notre colloque « La République avant le république » interrogeant l’émergence de l’idée républicaine avant 92 . Nous avons pris du retard dans sa publication, mais je me suis réjoui des compliments de Claude Mazauric en septembre dernier : « Oui mes chers amis, félicitations à l’ARBR, aujourd’hui mieux encore je perçois que vous travaillez dans la bonne direction. La publication de vos Actes est on ne peut plus d’actualité ».
Dans sa suite logique, ayant à accueillir le second Congrès des Associations amies de la Révolution pour célébrer l’anniversaire de cette première république curieusement oubliée, nous avons pris l’initiative d’interroger la manière dont l’École républicaine transmet l’histoire de la Révolution. On sait par les récits des gens français ou étrangers (nous comptons 35 membres de l’ARBR à l’étranger) comment l’école joue un grand rôle dans l’imaginaire révolutionnaire (je vous renvoie d’ailleurs à un très bel article de Mme Voisin une amie angevine racontant sa rencontre avec Robespierre et celles à venir sur notre site de Mlle Bellières et de Mme Adilène Mercy habitant le Guatemala.
Ce congrès, malgré le COVID fut un succès. Nous travaillons à en faire partager tous les moments par des clips vidéos mis en ligne et à disposition de tous sur le site.
Il nous fallait désormais interroger la manière dont le mouvement ouvrier, privé après thermidor des avancées sociales et démocratiques auxquelles il avait largement contribué pendant les années 89-94 .
En janvier dernier C’est Yannick Bosc qui voulut bien voulu explorer la « république de Robespierre. Sa conférence est désormais accessible sur notre site.
Le 6 mai, jour anniversaire de la naissance de Robespierre Fadi Kassem qui avait traité, au grand plaisir des auditeurs, la manière dont les programmes scolaires évoquent la question de la souveraineté populaire viendra développer le concept.
Enfin, le 24 juin, notre ami Florent Héricher auteur d’un très bon master nous parlera des Lebas, père et fils et la transmission familiale de l’histoire de la Révolution et du républicanisme.
Nous serons encore loin d’avoir mené à bien toutes nos ambitions. Sans doute nous faudra-t-il penser à l’organisation d’un futur colloque ?
Qui donc alors, mieux que Pierre Outteryck fidèle ami de Robespierre, membre de notre Conseil d’Administration, pouvait mieux approcher cette vaste question : comment la transmission de l’histoire de la Révolution, ses valeurs et ses idéaux s’est accomplie et continue d’inspirer le mouvement ouvrier en France ?
Depuis 1992, Pierre a poursuivi et approfondi son travail et sa connaissance du mouvement ouvrier notamment, celui de notre région au riche passé industriel et agricole. Agrégé d’histoire, longtemps professeur de collège et militant politique engagé, il prépare aujourd’hui une thèse consacrée à cette question. Très attaché au concept d’éducation populaire, il multiplie les rencontres et les conférences pour faire connaître une militante ouvrière emblématique de l’industrie textile, Martha Desrumaux au sein de l’association éponyme.

La conférence a été enregistrée et publiée ici sur notre site.

« Depuis près de 250 ans, un spectre hante la France, l’Europe et le monde : le droit des peuples, y compris les plus exploités, à devenir les acteurs de l’histoire et l’idée selon laquelle la mise en commun et le partage essentiel des biens et des richesses doivent devenir les fondements de la transformation sociale.
Au cœur de cette volonté, nous trouvons, avec leurs contradictions, le siècle des Lumières et les expériences de la Révolution française de 1789 à 1799.
On ne peut comprendre le monde d’aujourd’hui sans ces références. Depuis deux siècles quels en sont les moments structurants ?

Nous dit Pierre, écoutons-le.