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Portrait de Robespierre : Robespierre vu par Julien GRACQ

mardi 5 septembre 2017

Les élites nanties, chargées du dépôt de toute une culture, et les révolutionnaires les plus conscients se trouvèrent toujours depuis trois siècles d’accord pour parler une même langue (et de nos jours encore ce qui frappe le plus dans la cacophonie de la presse, c’est l’application que mettent révolutionnaires et réac­tionnaires à parler raison, comme des somnambules à marcher droit).

Le grand jeu par une espèce d’accord tacite, n’a peut être jamais été joué. Ce qui donne à la figure de Robespierre ce rayon­nement sans égal c’est qu’il a été le seul à en comprendre la né­cessité, à vouloir par un coup de barre d’une hardiesse inégalée « réécrire au bien » ce que des siècles de luttes terribles avaient écrit au mal, sans pouvoir le frapper de caducité pour autant. Ro­bespierre a voulu que dans la Révolution qu’il rêvait, pût entrer l’homme complet, avec armes et bagages, qu’il pût s’y accroître et s’y développer dans tous les sens, dût on même lui laisser pour hochet provisoire un dieu à qui par ailleurs les hommes de 1793 s’entendaient de la bonne manière pour lui arracher les crocs les pus venimeux.

Cette leçon si tragiquement interrompue ne semble pas avoir porté tous les fruits qu’on pouvait en attendre.

Julien GRACQ : Préférences édit. José Corti 1995