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6 mai 2023 : Enfin ! Robespierre trouve un lieu où se poser

L’ARBR et la Mairie d’Arras ont célébé ensemble l’anniversaire de la naissance de Robepsierre.

mercredi 17 mai 2023

NOUS AVONS CÉLÉBRÉ LE 265 IÈME ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE ROBESPIERRE
Frédéric Leturque, Maire d’Arras, Alcide Carton, Président de l’ARBR et François Xavier Myulaert, conseiller municipal délégué au patrimoine

Ce samedi 6 mai nous avons célébré l’anniversaire de la naissance de Maximilien, pour la première fois en partenariat avec la mairie d’Arras.

Le maire a profité de cette occasion pour présenter l’exposition de préfiguration du futur centre d’interprétation muséographique, dédié à Robespierre dans « sa maison ».

C’est pour nous, le fruit d’un très long combat local (35 ans).

Enfin Robespierre aura un lieu où se poser dans sa ville natale. Jusque là il n’en avait nulle part.

Inauguration de l’exposition de préfiguration de la Maison Robespierre par Monsieur Le Maire et prise de parole de Monsieur Alcide Carton, Président de l’association les Amis de Robespierre pour le Bicentenaire de la Révolution.

Pour suivre le récit de cette matinée comme si vous y étiez ,
C’est en cliquant sur cette photo

Communiqué de presse de l’ARBR à l’occasion de cette journée

Le samedi 6 mai prochain nous célébrerons l’anniversaire de la naissance de Maximilien, pour la première fois en partenariat avec la mairie d’Arras.

Le maire profitera de cette occasion pour présenter l’exposition de préfiguration du futur espace muséographique, dédié à Robespierre dans « sa maison ».
C’est pour nous, le fruit d’un très long combat local. Enfin Robespierre aura un lieu où se poser dans sa ville natale. Jusque là il n’en avait nulle part. Des historiens sans doute pour ce futur espace, s’intéresseront aux rapports toujours compliqués que la municipalité d’Arras a eu avec le plus illustres de ses concitoyens, dès 1789 – eh oui !— ou en 1933 lorsque l’extrême droite locale déversa du sang de bœuf dans les caniveaux de la rue Saint-Aubert pour empêcher l’inauguration d’un buste de l’Incorruptible, ou en mai 68 sur les tergiversations quant à la dénomination du Lycée éponyme, ou pour finir aujourd’hui avec les soubresauts affligeants de certains groupes d’opposition municipale - s’instaurant « gardiens » de l’histoire inventée par Tallien en août 1794 pour justifier sa politique réactionnaire.

Un cap est franchi après six années de discussions longues mais constructives. Le bon sens et la vérité historique continuent de se frayer un chemin. Nous pourrons désormais dans sa ville natale, analyser, dépassionner les regards, dépasser les clichés, les a priori trop souvent présents encore dans les programmes scolaires et comme le font les historiens universitaires de tous pays depuis plus de trente ans faire progresser la connaissance historique de la vie et l’œuvre de Maximilien et plus largement de la Révolution française ; offrir un lieu de culture et d’éducation populaire.

Nous nous réjouissons que la municipalité ait, sur notre proposition, en 2016, installé un comité scientifique et retenu le principe de présenter dans la « Maison de Robespierre » le Robespierre arrageois, le révolutionnaire parisien et les mythes « autour de Robespierre » en faisant de ce lieu un espace vivant devant s’enrichir et s’animer dans le futur.

Les travaux confiés à l’Office de tourisme devraient commencer bientôt, la Maison s’ouvrir d’ici deux à trois ans.

Nous serons aux côtés d’Hervé Leuwers, du Comité scientifique et des services techniques municipaux pour contribuer à la qualité historique de son aménagement.

Le CA de l’ARBR

Les propos du Président de l’ARBR

DISCOURS du PRÉSIDENT DE L’ARBR À L’OCCASION DE L’ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE MAXIMILIEN ROBESPIERRE LE 6 MAI 2023.

Décidément les Anglais ne manquent ni d’humour, ni du sens de la provocation, à vouloir mettre officiellement sur son trône sa Majesté Charles III le jour de l’anniversaire de la naissance de Robespierre, comme si les descendants de ses ennemis jurés et de la Révolution française deux cent soixante cinq ans plus tard aient chois de concurrencer et troubler ce jour mémorable qui célèbre l’anniversaire du plus célèbre et mondialement connu des arrageois.
Laissons donc nos amis d’Outre-Manche poursuivre leurs traditions qui interrogent les Républicains sincères aujourd’hui. Nous ne leur en voulons aucunement d’avoir organisé leur cérémonie le jour de l’anniversaire de la naissance de Maximilien. Cela nous épargne les paparazis. Les historiens plus tard, démontreront qu’il n’y a aucune corrélation ni aucun rapport entre les deux évènements.
Ce 6 mai 1758, Jacqueline Marie-Marguerite Robespierre-Carrault, tout juste âgée de 23 ans, en cette nuit de souffrance parturiente pouvait-elle imaginer que le premier fils qu’elle mettait au monde, au plus vite baptisé en l’Église de la Madeleine, à deux pas d’ici, deviendrait le révolutionnaire qu’il fut et que plus de deux siècles et demi la simple référence à son nom continuerait de soulever les controverses après les plusieurs centaines d’ouvrages biographiques ou historiques qui lui ont été consacrés et que la recherche historique n’en finit toujours pas de nous dire « robespierristes, anti-robespierristes, de grâce par pitié, dîtes-nous donc, enfin qui fut Robespierre ? » comme le soulignait dans les années 30 l’historien Marc Bloch.
Personnellement, je pense qu’elle était à mille lieues de s’imaginer tout cela ; je pense qu’elle était très heureuse et fière de donner un fils à son mari, que le nom de la famille aurait un successeur, et que se remettant des fatigues de l’accouchement, elle s’en remettait à Dieu pour qu’il ne meure pas trop tôt et grandisse pour embrasser, plus tard, la carrière de son père, comme celui-là le fit à son tour.
Sa courte vie ne lui permit même pas de se réjouir des succès scolaires de son aîné, ni de le voir embrasser une prometteuse carrière d’avocat. Six ans après, à l’âge de 29 ans, elle mourait en mettant au monde son cinquième enfant qui ne lui survécut pas.
C’était là le lot de bien des femmes à la fin du XVIII ième siècle, même celles issues de la petite bourgeoisie assez aisée.
Il n’était pas non plus rare que les « robins » séduits par les Lumières entreprennent de laisser leur famille pour voyager et découvrir le monde.
On en connaît d’autres bien plus célèbres que le Maximilien Barthélémy, modeste avocat arrageois : Rousseau bien sûr, voltaire, Casanova aussi pour n’en citer que trois.
Que les Robespierre deviennent orphelins, que le conseil de famille se partage la responsabilité de subvenir à leurs besoins n’a rien d’exceptionnel. Et la psychanalyse, même celle des estaminets, n’en a que faire. Il n’y a qu’un abbé émigré – on dirait aujourd’hui intégriste – férocement anti-révolutionnaire, aigri, et en quête de reconnaissance, pour y trouver là les raisons de tyrannie cruelle du révolutionnaire et hélas nombre d’historiens peu regardants, trop heureux de trouver là sans trop d’efforts les réponses aux questions que la courte vie du révolutionnaire continue aujourd’hui de soulever.
Je ne m’attarderai pas ici sur un autre évènement relaté par notre abbé qui se vantait d’être un proche de la famille et fut un temps précepteur de Maximilien. Il expliquait que la haine supposée que celui-ci vouait au Roi, dont le carrosse l’avait couvert de boue alors qu’il récitait un poème devant le Collège Louis Legrand, venait de là. On sait grâce à Hervé Leuwers que cette rencontre fut plus qu’improbable et vraisemblablement né de l’imagination du curé.
Enfin, s’agissant de cette affaire de la terreur, puisqu’il faut bien en parler, voyons ce qu’en dirent Barère et surtout Tallien un mois après le coup d’état du 9 thermidor.
« Citoyens, tout ce que vous venez d’entendre n’est qu’un commentaire de ce que Barère a dit à cette tribune du système de la terreur, le lendemain de la mort de Robespierre.
Je n’y ajoute qu’une réflexion : ce système a été celui de Robespierre ; c’est lui qui le mit en pratique à l’aide de quelques subalternes, dont les uns ont péri avec lui, et dont les autres sont ensevelis vivans dans le mépris public. La Convention en a été victime, jamais complice.
La nation, l’Europe chargent Robespierre des crimes qui en ont été l’effet, puisqu’elle donne maintenant à cet infernal système le nom de Robespierre. Les ressentimens publics et particuliers sont satisfaits par la punition de ce monstre et de ses complices. »

Mais notre conférencier de cette après-midi Michel Biard, nous dira bien mieux et plus en détail le « comment de cette affaire ? »
Pourquoi revenir brièvement sur ces trois préjugés, voire des mensonges, ayant traversé plus de deux siècles ?

Ils résument, à eux trois, l’intérêt et la nécessité historique d’accorder à Robespierre, mais aussi à son jeune frère qui choisit de suivre le destin de son aîné et à sa jeune sœur qui prit soin des deux jusqu’à la fin de sa vie en écrivant ses mémoires afin de la réhabiliter – il en sera question cette après-midi – un lieu où il puisse se poser, exister, et permettre aux citoyens attachés à l’histoire de notre pays et plus particulièrement de notre République d’y trouver un lieu pour éclairer l’histoire et apporter des outils conceptuels solides pour que chacun puisse se forger son regard, et d’interroger le présent et l’avenir en dehors des passions politiciennes et des instrumentalisations qui, s’agissant de Robespierre et la Révolution française, constituent ce que Jean-Clément Martin appelle « deux cents ans de mensonge d’État. »

Aujourd’hui, un cap est franchi, après six années de discussions longues mais constructives et trente années de revendications de la part de l’ARBR et de ces milliers de citoyens de plus de 49 pays qui ont signé en 2012 notre pétition « pour un musée ».
Le bon sens et la vérité historique continuent de se frayer un chemin. Nous pourrons désormais dans sa ville natale, analyser, dépassionner les regards, dépasser les clichés, les a priori trop souvent présents encore dans les programmes scolaires et comme le font les historiens universitaires de tous pays depuis un siècle au moins faire progresser la connaissance historique de la vie et l’œuvre de Maximilien et plus largement de la Révolution française ; offrir un lieu de culture historique et d’éducation populaire.
C’est pour nous, le fruit d’un très long combat local. Enfin Robespierre aura un lieu où se poser dans sa ville natale. Jusque là il n’en avait nulle part. Des historiens sans doute pour ce futur espace, s’intéresseront aux rapports parfois compliqués que la municipalité d’Arras a eu avec le plus illustres de ses concitoyens, dès 1789 – eh oui !— ou même en 1933 lorsque l’extrême droite locale déversa du sang de bœuf dans les caniveaux de la rue Saint-Aubert pour empêcher l’inauguration d’un buste de l’Incorruptible, ou en mai 68 par les tergiversations quant à la dénomination du Lycée éponyme, ou pour finir aujourd’hui avec les soubresauts affligeants de certains de l’opposition municipale - s’instaurant « gardiens » de l’histoire inventée par Tallien en août 1794 pour justifier la politique réactionnaire qui suivit celle de l’an II.
Nous nous réjouissons que la municipalité ait, sur notre proposition, en 2016, installé un comité scientifique et retenu le principe de présenter dans la « Maison de Robespierre » le Robespierre arrageois, le révolutionnaire parisien et les « mythes Robespierre » en faisant de ce lieu un espace vivant devant s’enrichir et s’animer dans le futur.
Monsieur le Maire, l’ARBR vous remercie pour l’écoute que vous vous lui avez accordée.
La décision que vous avez prise avec l’appui d’une large majorité de votre conseil municipal est pour nous une décision historique. Elle ne l’est pas seulement dans l’histoire de notre association. Elle l’est aux yeux du monde. Nous le savons par nos adhérents chiliens, guatémaltèques, italiens, allemands, belges et anglais. Nous le savons par les courriers que nous recevons, par les rencontres que nous faisons : c’est une décision politique d’importance d’offrir un lieu qui donne place à l’histoire dépassionnée pour celui qui fut — qu’on le critique ou non — un grand homme d’état qui œuvra toute sa vie, une fois la décision prise un certain 22 septembre 1792, pour faire vivre une République démocratique et sociale, le droit à l’existence et à la dignité pour tous et sortir notre pays de la guerre et d’une société monarchique fondée sur le droit divin et séparée en ordres hiérarchisées dans laquelle la majorité du peuple, selon l’expression de l’abbé Seyès « n’était rien ».
Nous sommes convaincus que ce lieu, dont vous avez choisi de confier la gestion à l’Office de Tourisme, accueillera de nombreux touristes et curieux arrageois, que le projet dont le comité scientifique en garantit la dimension historique en fera un espace vivant devant s’enrichir et s’animer dans le futur.
Notre association est riche de plus de trois cents adhérents, elle s’est dotée d’un conseil scientifique de plus de vingt membres parmi lesquels nous comptons de nombreux professeurs passionnés d’histoire et des maîtres de conférences de renom. Nos travaux sont reconnus et nous nous honorons de pouvoir accueillir des conférenciers de renom. Nous sommes prêts à travailler auprès de Hervé Leuwers, le Comité et les Services municipaux concernés afin d’enrichir concrètement le contenu.
Depuis plusieurs années nous mettons à disposition du public un site internet – il faut vivre avec son temps – riche de près de 800 articles accessibles à tout public qui nous le rend bien car chaque jour il est visité par 5 ou 600 internautes, c’est là un outil que nous mettons à disposition du centre, comme nous mettons à disposition la bibliothèque spécialisée que nous avons constituée au fil de nos 35 année d’existence et l’iconographie dont nous disposons et qui est bien riche.
Nous mettons aussi à sa disposition les compétences de nos membres arrageois pour accompagner les visites de groupe, les promener sur les pas de Robespierre et contribuer ainsi à notre façon à faire connaître l’histoire de notre belle ville, et entre autres, leur parler de l’État du droits des bâtards à l’époque de Robespierre ou même le contexte dans lequel il prit le parti de la corporation des savetiers mineurs et rejoignit ainsi les États généraux ; et pourquoi pas commenter la projection des extraits du film que nous avons produit avec Apia et réalisé par Thomas Gallo.
Enfin s’agissant de son aménagement, je ne saurais que vous offrir les services de notre amie Marianne Gilchrist, qui sut si bien nous parler du nez de Robespierre, au musée en 2019. Elle est docteure en histoire et en histoire de l’art, et anglaise de surcroît. Je ne lui connais qu’un défaut : elle ne fera pas partie des admirateurs de Charles III. C’est incompatible pour une Anglaise qui se prénomme Marianne. Mais c’est une fine connaisseuse de l’iconographie du XVIII ième.
Nous ne disons pas cela pour tirer une quelconque couverture à soi.
Notre Robespierre est celui de l’historien. Comme le disait Georges Lefebvre, inaugurant ce fameux buste en 1933, « Robespierre n’appartient à personne qu’à l’histoire de la République et ainsi à tous les Républicains qui y sont sincèrement attachés. »
Ce qui nous intéresse, c’est d’éclairer l’Histoire, d’apporter des outils conceptuels solides pour que chacun puisse se forger son regard, et d’interroger le présent et l’avenir. C’est pour ça que la Révolution française continue de nous fasciner. »
Et nous considérons que notre association d’éducation populaire a aussi et surtout pour rôle de participer à l’animation culturelle de sa ville, tout en gardant son indépendance et son originalité.
Nous nous réjouissons aussi de pouvoir animer et célébrer sa naissance en partenariat. Nous gageons que cette après-midi sera un succès et éclairera plus d’un. Certes cela s’ouvre en forme de paradoxe : Michel Biard qui bien que très occupé par ailleurs, accompagné de son complice historique Hervé Leuwers, nous fait l’honneur « d’en finir avec Robespierre » le jour de la naissance de l’Incorruptible. Que ce paradoxe qu’il me plaît d’exposer vous conduise nombreux à venir l’écouter et vous régaler ensuite à découvrir les « morceaux choisis des Mémoires de Charlotte. Nous espérons vivement que dans la maison qui les abrita, les Robespierre, Maximilien, Augustin qui est trop mal connu, oublié même alors qu’il fut un conventionnel très actif et un représentant en mission auprès de Bonaparte efficace et juste, Charlotte dont nous savons si peu de choses n’y soient pas oubliés.
Merci, encore Monsieur le Maire. Mais pas plus que l’on compte en finir avec Robespierre ne comptez pas que vous en auriez fini avec nous ! L’ARBR a encore beaucoup de pain sur la planche.
Je ne saurais terminer, vous me connaissez bien, sans vous prier avec insistance d’ouvrir rapidement ce lieu, ne plus procrastiner pour cela jusqu’en juillet comme je me le suis laissé entendre dire. En 2018 en l’état la Maison accueillit 2750 personnes sans compter les groupes que nous y avons accueillis et nous sommes souvent pressentis.

Et bon anniversaire à Robespierre. Le pot c’est pour ce soir après la conférence, avant le spectacle.