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Jean-Paul Rothiot : Poullain-Grandprey : biographie d’un Conventionnel vosgien.

par Jean-Paul Rothiot, maître de conférences honoraire à l’Université de Lorraine

mercredi 3 janvier 2024

Jean-Paul Rothiot : Poullain-Grandprey :
une riche et belle biographie d’un Conventionnel originaire des Vosges

Des historiens s’intéressent, et c’est heureux, à des Conventionnels qui ne sont pas parmi les plus connus !

Ainsi, cette excellente biographie de Joseph-Clément Poullain-Grandprey (1744-1826), député des Vosges à la Convention, par Jean-Paul Rothiot, maître de conférence honoraire de l’université de Lorraine.

Poullain-Grandprey, avocat aisé, participe activement à la Révolution et à la mise en place de ses nouvelles administrations entre 1789 et 1792. (Commandant de garde nationale, maire de Bulgnéville et surtout procureur général syndic des Vosges)

Élu premier député de ce département à la Convention, il incarne cette plaine, votant dans le procès du roi, pour la mort avec sursis et pour l’appel au peuple. En avril 1793, il opte également pour la mise en accusation de Marat.

Secrétaire de la Convention en mai 1793, une position délicate lors du dénouement du conflit entre Girondins et Montagnards, il continue à travailler activement et particulièrement dans le comité des Domaines après la victoire des Montagnards. On lui doit un code forestier remarqué.

Jean-Paul Rothiot décrypte minutieusement le positionnement politique du député, qui s’est finement rapproché du patriotisme montagnard sans abandonner ses convictions plus modérées.

Durant un an (Ventôse An II-Ventôse An III), malade, il bénéficie de congés « pour rétablir sa santé », retrouvant ensuite ses activités, particulièrement comme représentant en mission de messidor an III à brumaire an IV dans le Rhône et ses départements voisins.

C’est sous le Directoire qu’il est alors à « l’apogée » de son influence politique. Élu membre du Conseil des Anciens, puis de celui des Cinq-cents ( il en sera un temps président), il contribue au coup d’état du 18 fructidor an V contre les royalistes, puis s’oppose ouvertement à celui du 18 brumaire an VIII de Bonaparte.

Jean-Paul Rothiot y voit avec justesse une ligne politique, celle d’un «  révolutionnaire modéré, libéral, mais « pas modérément républicain »  »

Poullain-Grandprey a défendu une « République du juste milieu, démocratique, sociale et patriotique. »

Après le 18 brumaire, il se retire de la vie politique, un temps emprisonné, puis redevenu notable sous l’Empire, dans les emplois judiciaires.

Exilé comme régicide à Trêves de 1816 à 1818, il rentre ensuite en France dans sa propriété de Graux près de Neufchâteau.

Le parcours de Poullain-Grandprey est « exemplaire », dans la mesure où il s’effectue au gré des évènements révolutionnaires, s’arrangeant parfois avec ses évolutions, mais finalement resté fidèle à la première République.

Une abondante et très riche iconographie illustre l’ouvrage.

Une bibliographie très détaillée le termine. Hervé Leuwers en a assuré la préface.

Les sources renvoient principalement à celles des Archives Nationales et surtout à celles des Archives Départementales, des Vosges et de la Meurthe-et-Moselle. L’aspect local du personnage est extrêmement fouillé. L’auteur est un fin connaisseur de ce terroir lorrain.

En conclusion, une excellente biographie désormais de référence sur ce Conventionnel, écrite par un spécialiste de la Révolution, se lisant agréablement !

Bruno DECRIEM, vice-président des amis de Robespierre.
Jean-Paul ROTHIOT, Joseph Clément Poullain-Grandprey, un destin extraordinaire dans la Révolution, Edhisto, 2023, 394 p., 21 euros.

ISBN : 978-2-35515-049-4.