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Le calendrier républicain.

mercredi 7 janvier 2015

22 septembre 1792 : 1er JOUR DU CALENDRIER RÉPUBLICAIN

Réunis pour la première fois, les députés abolissent la royauté. 22 septembre 1792, ils fondent la République. 5 octobre 1793 ; la Convention décrète que le début de l’ère républicaine (commencement de l’an I) est fixé à la date de cette date de proclamation de la République : 22 septembre 1792 (1er vendémiaire an I). 24 novembre 1793, les députés valident par un nouveau calendrier la conception du monde portée par la Révolution française.

Décision ô combien judicieuse. Rien n’est plus symbolique d’une conception du monde qu’un calendrier avec les noms de ses jours et de ses mois.

Ils éliminent ainsi du quotidien toute référence aux dictateurs (juillet), aux empereurs (août), aux astres déifiés etc.
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"Les noms des mois deviennent :

  • pour l’automne, vendémiaire (mois des vendanges), brumaire (des brumes), frimaire (du froid) ;
  • pour l’hiver, nivôse (des neiges), pluviôse (des pluies) et ventôse (du vent)
  • pour le printemps, germinal (de la germination), floréal (de l’épanouissement des fleurs) et prairial (des prairies fauchées)
  • pour l’été enfin, messidor (des moissons), thermidor (des chaleurs) et fructidor (des fruits).
    Que c’est beau ! Quel lien remarquable avec le cycle annuel de la nature ! Je parie qu’un jour, l’histoire reprendra les magnifiques noms de mois créés par les révolutionnaires de 1792.

La suppression des semaines remplacées par des décades relève d’une volonté de simplification en se basant sur le système décimal.
1er jour : primidi ;
2e jour : duodi ;
3e jour : tridi ;
4e jour : quartidi ;
5e jour : quintidi ;
6e jour : sextidi ;
7e jour : septidi ;
8e jour : octidi ;
9e jour : nonidi ;
10e jour : décadi (jour de repos - dimanche).
La répartition de chaque jour en dix heures, de chaque heure en cent minutes et de chaque minute en cent secondes provient également d’une souhait de simplification se basant sur le système décimal.
Cinq jours complètent l’année ordinaire pour correspondre au temps mis par la terre dans son périple autour du soleil :
1er jour : primidi, fête de la vertu ;
2e jour : duodi, fête du génie ;
3e jour : tridi, fête du travail ;
4e jour : quartidi, fête de l’opinion ;
5e jour : quintidi, fête des récompenses.
Un 6e jour intercalaire s’y ajoute lors des années bissextiles : sextidi, fête de la Révolution.

Les principes de ce calendrier ont été établis par le Montagnard Charles-Gilbert Romme, une personnalité révolutionnaire intègre, cohérente qui ne reniera rien et finira par se suicider pour échapper aux thermidoriens.

Les noms du nouveau calendrier sont dus à l’imagination du poète, acteur et dramaturge Fabre d’Églantine, auteur de l’immortelle comptine : « Il pleut, il pleut, bergère... ». De 1772 à 1790, celui-ci avait parcouru la France au sein de compagnies de théâtre et écrit plusieurs pièces dont certaines ont reçu un accueil triomphal (Le Collatéral en 1789 et Le Philinte de Molière en 1790).

Parmi les autres instigateurs du calendrier, citons le mathématicien Monge, le poète Chénier, le peintre David...

Le bouleversement du rythme quotidien occasionné par ce calendrier nous apparaît aujourd’hui complètement hors du temps.

Qu’est-ce qui a pu donner un tel courage, un tel souffle d’épopée aux conventionnels ?

  • A coup sûr, la victoire de Valmy contre les armées autrichiennes, prussiennes et royalistes françaises.
  • A coup sûr aussi, la mobilisation populaire considérable qui se développe à ce moment-là, portant les élus.
  • Enfin, l’ancien régime a essayé depuis 1789 d’enrayer la Révolution ; en septembre 1792, monte des départements ruraux comme des sans-culottes parisiens une volonté d’en finir avec la royauté pour construire enfin une société répondant aux besoins des citoyens.

    Voici le texte exact du décret final voté par les conventionnels le 24 novembre 1793 :

Art. Premier. L’ère des Français compte de la fondation de la république, qui a eu lieu le 22 septembre 1792 de l’ère vulgaire, jour où le soleil est arrivé à l’équinoxe vraie d’automne...

Art. 8. Chaque mois est divisé en trois parties égales, de dix jours chacune, qui sont appelées décades.

Art. 9. Les noms des jours de la décade sont : primidi, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi, septidi, octidi, nonidi, décadi.
Les noms des mois sont, pour l’automne, vendémiaire, brumaire, frimaire ; pour l’hiver, nivôse, pluviôse, ventôse ; pour le printemps, germinal, floréal, prairial ; pour l’été, messidor, thermidor, fructidor.
Les cinq derniers jours s’appellent les sansculotides.

Art. 10. L’année ordinaire reçoit un jour de plus, selon que la position de l’équinoxe le comporte, afin de maintenir la coïncidence de l’année civile avec les mouvements célestes. Ce jour, appelé jour de la révolution, est placé à la fin de l’année et forme le sixième des sans-culotides
.
La période de quatre ans, au bout de laquelle cette addition d’un jour est ordinairement nécessaire, est appelée la franciade, en mémoire de la révolution qui, après quatre ans d’efforts, a conduit la France au gouvernement républicain. La quatrième année de la franciade est appelée sextile.

Art. 11. Le jour, de minuit à minuit, est divisé en dix parties ou heures, chaque partie en dix autres, ainsi de suite jusqu’à la plus petite portion commensurable de la durée. La centième partie de l’heure est appelée minute décimale ; la centième partie de la minute est appelée seconde décimale. Cet article ne sera de rigueur pour les actes publics, qu’à compter du Ier vendémiaire, l’an 3e de la république.

Art. 12. Le comité d’instruction publique est chargé de faire imprimer en différents formats le nouveau calendrier, avec une instruction simple pour en expliquer les principes et l’usage.

Art. 13. Le calendrier, ainsi que l’instruction, seront envoyés aux corps administratifs, aux municipalités, aux tribunaux, aux juges de paix et à tous les officiers publics, aux armées, aux sociétés populaires et à tous les collèges et écoles. Le conseil exécutif provisoire le fera passer aux ministres, consuls et autres agents de France dans les pays étrangers.

Art. 14. Tous les actes publics seront datés suivant la nouvelle organisation de l’année.

Art. 15. Les professeurs, les instituteurs et institutrices, les pères et mères de famille, et tous ceux qui dirigent l’éducation des enfants, s’empresseront à leur expliquer le nouveau calendrier, conformément à l’instruction qui y est annexée.

Art. 16. Tous les quatre ans, ou toutes les franciades, au jour de la révolution, il sera célébré des jeux républicains, en mémoire de la révolution française.
Ce calendrier sera aboli par décret de Napoléon 1er le 9 septembre 1805 (22 fructidor an XIII) en invoquant deux raisons :

  • le calendrier républicain débute le jour de l’équinoxe d’automne mais l’équinoxe n’est pas régulier
  • le fait que majoritairement les Français avaient continué à penser le temps en fonction de l’ancien calendrier.

Si vous cliquez ici vous pourrez découvrir comment les « Amis de Robespierre » d’Italie décrivent le calendrier républicain
Calendrier républicain vu d’Italie


Voir en ligne : Convertisseur de dates Archives départementales du PdC