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Jean-Paul Marat : Ébauche d’une séquence d’histoire : seconde bac pro thème N° 2
proposée par Bruno Decriem, professeur de lycée
lundi 9 septembre 2019
Le texte de Marat permet à l’enseignant d’expliciter la signification des trois pouvoirs : Législatif ( L’Assemblée Nationale Constituante), L’exécutif ( le Roi et ses ministres), le Judiciaire (Les tribunaux) La séparation des pouvoirs est évoquée par le mot : isoler.
( On peut relier cette notion avec l’EMC) . Fiche pédagogique proposée par Bruno Decriem
Ébauche d’une séquence d’histoire : seconde bac pro thème N° 2
CORPUS EXPLICITE DE DOCUMENTS DE JEAN-PAUL MARAT.
I LES LUMIERES.
« Pour organiser la machine politique de manière à faire triompher la justice et la liberté, il fallait mettre le pouvoir législatif dans la dépendance éternelle de la nation et l’isoler parfaitement du pouvoir exécutif. Il fallait borner le pouvoir exécutif aux seules relations pacifiques de l’État avec les puissances étrangères, à l’entretien des forces réglées de terre et de mer, et au commandement de ces forces. Il fallait isoler totalement les pouvoirs judiciaire et municipal en les faisant dépendre l’un et l’autre des lois seules. […] Enfin la constitution une fois achevée et les lois fondamentales sanctionnées par le peuple seul, il fallait que tous les dépositaires des différents pouvoirs fussent sans cesse surveillés par les citoyens et contenus par le peuple ; ce qui nécessitait comme base de la constitution l’exercice du droit qu’a le peuple de s’assembler à volonté […] et prendre des résolutions unanimes, propres à réprimer leurs mandataires, à les faire rentrer dans le devoir ou à les destituer. »
CONTEXTUALISATION : MARAT INTELLECTUEL ECLAIRE DES LUMIERES.
Jean-Paul Marat est né à Boudry en Suisse le 24 mai 1743. Après des études secondaires, il devient précepteur à Bordeaux puis séjourne à Paris, Londres et aux Pays-Bas. Véritable homme des Lumières, il étudie la médecine, la philosophie, les sciences physiques (l’électricité médicale). Il rédige de nombreux ouvrages de genre différents, romans, essais philosophiques dont le plus célèbre « Les chaînes de l’esclavage. » Savant reconnu, médecin des gardes du corps du Comte d’Artois, il put dire en 1793 sans être démenti : « J’arrivais à la Révolution avec des idées faites. » Pourtant, il alterne honneurs et reconnaissances avec des périodes de pauvreté et de dépression. Le déclenchement de la Révolution française en 1789 lui donne l’opportunité de devenir un journaliste patriote reconnu par le peuple, mais souvent craint et donc persécuté par les puissants. Son journal « L’Ami du peuple » qui paraît à partir de septembre 1789 devient emblématique de cette presse révolutionnaire de combat.
Dans ce numéro de novembre 1790, Marat expose ses conceptions politiques inspirées par les philosophes des Lumières, Rousseau et surtout Montesquieu.
De ce dernier, il retient le principe fondamental de la séparation des trois pouvoirs (Législatif, Exécutif, Judiciaire). Marat insiste également sur la nécessité pour le peuple de contrôler ses représentants ainsi que de limiter les prérogatives du pouvoir exécutif particulièrement suspect. (Le Roi et ses ministres en 1790 dans le cadre de la monarchie constitutionnelle)
Pour les textes ainsi que pour une biographie récente et renouvelée de Marat on se reportera aux ouvrages bibliographiques ci-après, de Serge Bianchi et de Michel Vovelle.
EXPLOITATION PEDAGOGIQUE POSSIBLE :
1 : Le texte de Marat permet à l’enseignant d’expliciter la signification des trois pouvoirs : Législatif ( L’Assemblée Nationale Constituante), L’exécutif ( le Roi et ses ministres), le Judiciaire (Les tribunaux) La séparation des pouvoirs est évoquée par le mot : isoler.
( On peut relier cette notion avec l’EMC)
2 : Montrer aux élèves que Marat privilégie la souveraineté du peuple. Ils pourront relever ses prérogatives : s’assembler à volonté, prendre des résolutions, réprimer leurs mandataires, les faire rentrer dans le devoir, les destituer, surveiller l’ensemble des pouvoirs.
3 : Les élèves pourront relever les seuls pouvoirs de l’exécutif que Marat désire limier au strict minimum craignant ses abus : seules relations pacifiques de l’État avec les puissances étrangères, à l’entretien des forces réglées de terre et de mer, et au commandement de ces forces.
II LA REVOLUTION FRANCAISE. (1789-1799)
« Peut-on douter encore que le grand général, le héros des deux mondes, l’immortel restaurateur de la liberté, ne soit le chef des contre-révolutionnaires, l’âme de toutes les conspirations contre la patrie ; peut-on douter qu’il n’ait dans tous les points de la France, des émissaires de la trempe de ses aides de camp, c’est-à-dire des fourbes adroits recueillis dans les tripots de Paris, et presque tous fameux dans les fastes de l’ancienne police. Peut-on douter qu’à l’aide de ces misérables vendus au despotisme, il n’ait réuni en corps, dans chaque département, tous les ennemis de la révolution, et formé des listes de proscription de tous les bons patriotes à corrompre ou à immoler. Peut-on douter qu’il n’existe toujours des compagnies de famine, dont l’administrateur parisien des subsistances est le directeur général, et dont les municipaux des provinces sont les associés ?
Peut-on douter que la majorité corrompue de l’Assemblée nationale, si empressée de lancer en leur faveur des décrets fulminants contre le pauvre peuple qu’ils affament, ne connive avec eux. Peut-on douter que dans tout le royaume les maréchaussées ne soient encore des satellites aux ordres du ministre pour enlever les bons citoyens, et les faire périr clandestinement ? […] enfin peut-on douter que l’intrigant Motier ne tienne dans ses mains tous les fils de leurs trames perfides ? Citoyens je vous le répète : vous vous faites illusion ; la machine ne marchera point, ou elle ne marchera qu’aux ordres du despote, jusqu’à ce que la hache vengeresse ait abattu les têtes criminelles des principaux conspirateurs, commençant par celle de l’indigne général. »
CONTEXTUALISATION : MARAT JOURNALISTE ENGAGE SOUS LA RÉVOLUTION FRANCAISE : DÉNONCER INLASSABLEMENT AU PEUPLE « SES ENNEMIS », L’EXEMPLE DE LA FAYETTE.
Marat journaliste est devenu « l’Ami du peuple », des sans-culottes cordeliers. Son rôle de Cassandre de la Révolution souvent inspiré, souvent prophétique est désormais reconnu. Il n’hésite pas à dénoncer les puissants du jour, accusés de confisquer la Révolution à leur profit et de pactiser avec la cour de Louis XVI. Parmi ses ennemis préférés, Necker, Mirabeau et Lafayette. Plus tard, en 1792 et 1793 il sera l’implacable pourfend