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Femme de révolutionnaire. d’apres Les Memoires d’Eisabeth Duplay (1773-1859), Veuve Le Bas

Une note de lecture de Bruno Decriem

vendredi 29 novembre 2024

FEMME DE RÉVOLUTIONNAIRE . D’APRES LES MEMOIRES D’EISABETH DUPLAY
(1773-1859), Veuve Le Bas,* De Michel Biard,

LE TEMOIGNAGE D’UNE FEMME DU PEUPLE DURANT LA REVOLUTION FRANCAISE.

On sait gré à Michel Biard, historien spécialiste de la Révolution française de présenter pour la première fois dans cet ouvrage les mémoires d’Élisabeth Duplay accompagnés d’un important et précis appareil critique scientifique.

L’introduction de l’ouvrage éclaire tout d’abord les difficultés à être « femme de Révolutionnaire » particulièrement lorsque l’époux, homme public, député, tombait en disgrâce et payait de sa vie ses engagements politiques. Certes, la Révolution avait supprimé les « peines infamantes » de l’Ancien Régime, mais la notion de « complicité de crimes » pouvait être retenue contre les femmes de ces révolutionnaires déchus.

L’histoire du texte des mémoires est ensuite très précisément explicitée. Aujourd’hui hélas disparu comme manuscrit, il a fait seulement l’objet d’une édition en 1901, inséré dans une biographie « Autour de Robespierre. Le Conventionnel Le Bas  » rédigée par Paul Coutant alias Stéfane-Pol dont la filiation familiale, les parcours professionnel et intellectuel méritaient en effet grandement d’être contés.

Fille du menuisier Maurice Duplay, l’hébergeur de Maximilien Robespierre entre 1791 et 1794, Élisabeth épouse Philippe Le Bas, Conventionnel du Pas-de-Calais. Un fils naîtra de cette union. Après Thermidor, elle subit un emprisonnement complètement injustifié uniquement en raison du suicide de son mari, qui désira, par une fidélité exceptionnelle, volontairement partager le sort de Robespierre et de ses compagnons arrêtés lors de la dramatique séance à la Convention du 9 thermidor an II puis exécutés le lendemain.

Vers la fin de sa vie, au milieu du XIXe siècle, respectant une demande insistante de son fils, Élisabeth rédige ses mémoires sur cette époque.

Au delà de l’empathie ressentie envers cette jeune femme et sa touchante histoire d’amour avec Philippe Le Bas, l’auteur insiste à juste titre sur la valeur de son témoignage, de première importance particulièrement sur la connaissance de l’intimité de Robespierre, de sa famille et de ses amis durant ces années 1793 et 1794. La figure de Robespierre y apparaît humaine, amicale, et protectrice. Sur fond d’une période décisive pour la préservation de la République, se dessine également dans le texte une véritable galerie de portraits de révolutionnaires.

Les notes très développées situées en bas de page montrent bien l’exactitude historique des propos tenus par Élisabeth.

Suprême originalité, Michel Biard a ajouté (en les différenciant) plusieurs pages de sa plume érudite « à la manière de » afin de combler des périodes non traitées par Élisabeth, pages parfaitement crédibles en raison de l’appropriation parfaite de la personnalité d’Élisabeth et bien sûr de sa connaissance de la période révolutionnaire.

C’est donc un livre inclassable et indispensable pour tout lecteur cherchant à en connaître davantage sur Robespierre, Philippe Le Bas, et la Révolution française !

Bruno DECRIEM ( 2024),

*Michel BIARD, Femme de Révolutionnaire D’après les Mémoires d’Élisabeth Duplay (1773-1859), veuve Le Bas, Paris, Lemme EDIT, 2024. 19 euros.

Voir la quatrième de couverture en cliquant ici

Un des changements opérés par la Révolution en matière de justice a été la fin des peines infamantes, celles où la condamnation d’un criminel pouvait rejaillir sur ses parents. Pourtant, en 1793-1795, des femmes sont arrêtées sur la seule accusation d’avoir été les compagnes d’hommes mis en accusation. Tel est le sort qui échoit à Élisabeth Duplay, l’une des filles du menuisier qui logea Robespierre entre 1791 et 1794, mais également épouse du Conventionnel Le Bas qui périt avec Robespierre.
Emprisonnée avec son bébé puis libérée après quelques mois, elle rédige vers 1844 des Mémoires qui n’ont été publiés qu’en 1901. Ce texte, ici pour la première fois accompagné d’un appareil critique, permet de découvrir cette femme de révolutionnaire, mais aussi de pénétrer dans l’intimité domestique de Robespierre.
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