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Droits des femmes : À travail égal salaire égal !
mercredi 10 mars 2021
En 1997, Rosa Bogaert, membre de l’ARBR jusqu’à sa mort en 2007, et qui tint, jusqu’à l’âge de 80 ans, un atelier de littérature à destination des femmes de son quartier ouvrier d’Avignon, publia une note manuscrite, recopiée par son mari – qui avait une belle écriture – intitulée « La condition des femmes avant et pendant la Révolution » . Ce mémoire leur était destiné.
Aidée par son époux, pendant plus de vingt ans, elle eut l’occasion de présenter la figure de très belles héroïnes de roman, initiant ainsi ses amies à la lecture des grandes œuvres quand celles-ci lui objectaient que ce n’était pas pour elles.
Des écrivains de renom, à son invitation, rencontrèrent ces lectrices attentives. Raymond Jean, en voisin leur parla de sa « lectrice ». Rosa déclarait préférer la Sansévérina à Louise de Rênal ou à Mathilde de la Môle parmi les héroïnes de Sthendal, car elle considérait que c’était la seule femme réellement « politique » qui par amour put aller jusqu’à ce qu’elle considérait « l’ultime sacrifice. »
C’est à cette femme-artiste, peintre, musicienne, passionnée de littérature, que je dois mon amour du théâtre et du cinéma. Avec son mari, elle contribua à « ce commencement de moi », comme le dit si bien Aragon.
Aujourd’hui, en cette journée internationale pour les Droits des Femmes dont on doit l’invention à une autre révolutionnaire, Clara Zetkin, je ne puis m’empêcher de penser à Rosa.
Voilà au détour d’une page ce que j’ai trouvé dans l’étude qu’elle avait menée et achevé le 22 mars 1997.
« Pour faire face au chômage, le gouvernement révolutionnaire ouvre des ateliers de filature. Les femmes y travaillent de 7 heures du matin à 7 ou 9 heures du soir. On y trouve des fillettes de 7 à 14 ans jusqu’aux plus vieilles de 60 à 80 ans. Dans ces ateliers on trimera pour vêtir les soldats qui font la guerre. « Ce sont vos époux, vous frères , leur dit un patriote. La République vous sera reconnaissante ». Mais la reconnaissance sera trop chichement comptée et les salaires resteront inférieurs à ceux des hommes. On verra donc apparaître cette revendication toujours valable :
« À travail égal, salaire égal ».
Cela est valable, à cette époque dans toutes les branches de métiers.
Ainsi, une institutrice de Périgueux écrit à l’Abbé Grégoire : « Je pense que pour propager l’émulation il faudrait salarier chaque talent car si, comme je te l’ai dit, un homme parce qu’il est un homme a 1200 livres pour enseigner à lire, à écrire, et l’arithmétique, et moi qui peux enseigner l’orthographe, je n’ai que 1000 livres, cela me moleste. Je pense que les femmes peuvent, à mérite égal, gagner autant que les hommes ».
Président de l’ARBR