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Droits des femmes : À travail égal salaire égal !

mercredi 10 mars 2021

« À TRAVAIL ÉGAL, SALAIRE ÉGAL » DÉJÀ EN 1793

En 1997, Rosa Bogaert, membre de l’ARBR jusqu’à sa mort en 2007, et qui tint, jusqu’à l’âge de 80 ans, un atelier de littérature à destination des femmes de son quartier ouvrier d’Avignon, publia une note manuscrite, recopiée par son mari – qui avait une belle écriture – intitulée « La condition des femmes avant et pendant la Révolution » . Ce mémoire leur était destiné.

Rosa Bogaert en 2004

Aidée par son époux, pendant plus de vingt ans, elle eut l’occasion de présenter la figure de très belles héroïnes de roman, initiant ainsi ses amies à la lecture des grandes œuvres quand celles-ci lui objectaient que ce n’était pas pour elles.

Des écrivains de renom, à son invitation, rencontrèrent ces lectrices attentives. Raymond Jean, en voisin leur parla de sa « lectrice ». Rosa déclarait préférer la Sansévérina à Louise de Rênal ou à Mathilde de la Môle parmi les héroïnes de Sthendal, car elle considérait que c’était la seule femme réellement « politique » qui par amour put aller jusqu’à ce qu’elle considérait « l’ultime sacrifice. »

C’est à cette femme-artiste, peintre, musicienne, passionnée de littérature, que je dois mon amour du théâtre et du cinéma. Avec son mari, elle contribua à « ce commencement de moi », comme le dit si bien Aragon.

Aujourd’hui, en cette journée internationale pour les Droits des Femmes dont on doit l’invention à une autre révolutionnaire, Clara Zetkin, je ne puis m’empêcher de penser à Rosa.

Voilà au détour d’une page ce que j’ai trouvé dans l’étude qu’elle avait menée et achevé le 22 mars 1997.

Son mari, « Bog », à la « si belle écriture ».

« Pour faire face au chômage, le gouvernement révolutionnaire ouvre des ateliers de filature. Les femmes y travaillent de 7 heures du matin à 7 ou 9 heures du soir. On y trouve des fillettes de 7 à 14 ans jusqu’aux plus vieilles de 60 à 80 ans. Dans ces ateliers on trimera pour vêtir les soldats qui font la guerre. « Ce sont vos époux, vous frères , leur dit un patriote. La République vous sera reconnaissante ». Mais la reconnaissance sera trop chichement comptée et les salaires resteront inférieurs à ceux des hommes. On verra donc apparaître cette revendication toujours valable :
« À travail égal, salaire égal ».
Cela est valable, à cette époque dans toutes les branches de métiers.
Ainsi, une institutrice de Périgueux écrit à l’Abbé Grégoire : « Je pense que pour propager l’émulation il faudrait salarier chaque talent car si, comme je te l’ai dit, un homme parce qu’il est un homme a 1200 livres pour enseigner à lire, à écrire, et l’arithmétique, et moi qui peux enseigner l’orthographe, je n’ai que 1000 livres, cela me moleste. Je pense que les femmes peuvent, à mérite égal, gagner autant que les hommes ».

Alcide CARTON
Président de l’ARBR

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