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Jean-Paul Marat : la liberté des cultes et les ministres de la religion.

Article proposé par Stefania Di Pasquale

mardi 24 novembre 2020

Jean-Paul Marat : la liberté des cultes et les ministres de la religion.

Référence :
La Constitution ou Projet de Déclaration des Droits de l’homme et du Citoyen
par Jean-Paul Marat. Août 1789.

Projet de déclaration des droits par J.P. Marat


Nous sommes au tout débuts de la révolution. Au lendemain de la Prise de la Bastille, fin juillet début août 1789, l’Assemblée constituante, débat de la fameuse Déclaration des droits de l’homme et du Citoyen.

Marat se méfie de la majorité des membres qui la composent, comme Bailly, Mirabeau ou La Fayette et bien d’autres.

Il rédige alors un projet de Constitution (déjà en 1789) et de Déclaration des droits.

En parcourant cet ouvrage [1] on se rendra compte de la grande modernité de la pensée de Marat, soit pour les finances, pour les droits, pour l’instruction publique et gratuite, la liberté de parole et l’égalité.

Il nous parle aussi de la religion et de liberté des cultes à laquelle il demeurera profondément attaché tout comme Robespierre. Marat se prononcera toujours contre l’athéisme, avec fermeté contre la destruction des églises et des tous les lieux de culte au contraire de certains Girondins et des Enragés.

On mettra volontiers en rapport la position de Marat et celle qui prévalut pour dans la loi sur la Constitution civile du clergé.


Voyons ce qu’il nous dit à ce sujet :

Portrait de Marat (don de S.D.)

« Tous les peuples de la terre ont une religion, lien subtil que leurs chefs ont tissé pour les enchaîner.

C’est du ciel que chaque religion prétend tirer son origine et sans doute le Christianisme a des titres dont aucune autre ne peut se glorifier. Mais comme ses apôtres établissement la vérité sur des preuves qui ne sont point du ressort de la raison, l’homme raisonnable n’est point obligé de s’y rendre. Heureux celui qui a reçu la foi, qui s’applique ses douces consolations et qui a le courage de se dévouer à la misère dans cette vie pour jouir de la béatitude dans la vie à venir !

La liberté religieuse est de droit civil et nul citoyen ne doit être recherché que pour avoir troublé un culte établi.

La société doit tolérer toutes les religions, excepté celles qui la sapent.

En prêchant l’obéissance aveugle, le christianisme ne tend qu’à faire des esclaves ; il attaque le pacte social et détruit le corps politique ; les apôtres doivent donc avoir le bon sens de ne jamais toucher à ce point, si même le législateur ne leur en impose l’obligation.

La religion chrétienne n’est point liée au système social. Mais ses ministres sont dans la société ; ils en sont membres ; ils sont très nombreux et d’autant plus nombreux qu’ils ont trouvé le secret de s’ériger en hiérarchie sacrée, de s’attirer les respects par une vaine pompe, de se faire de la crédulité des peuples un riche patrimoine, de vivre dans l’oisiveté, l’abondance, les plaisirs et de consommer les biens des pauvres au sein du faste et des délices.

Le dégraisseur public . Musée Carnavalet

Le moment est enfin venu de faire cesser cet affreux scandale, de rappeler le haut clergé à l’esprit de son institution, d’acquitter sa dette et de rendre aux pauvres leurs biens, qu’il dissipe si honteusement.

Les prélats, comme les prêtres, sont les disciples de Jésus. Ils doivent aux fidèles l’exemple des vertus qu’ils leur prêchent, l’exemple de l’amour du travail, de la frugalité, de la pauvreté, du renoncement au monde, de la douceur, de la patience, de la résignation.

C’est aux fidèles et aux fidèles seuls de nommer leurs pasteurs, comme c’est la nation seule de nommer ses ministres ; et qui prétendrait mieux juger et des lumières et de la vertu des aspirants ? Sous quelque dénomination que s’annoncent les ministres des autels, qu’ils soient choisis dans chaque paroisse par les suffrages des paroissiens. C’était la pratique constante de la primitive Église et c’est le vœu de la raison. »

Mme DiPasquale en habit révolutionnaire


Article proposé par Stefania Di Pasquale

[1Texte tiré d’après les Œuvres Politiques de Jean-Paul Marat, Tome I Édition Pôlenordgroup par Charlotte Goetz-Nothomb et Jacques de Cock.