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Historique de la « Maison Robespierre » à Arras.
mercredi 22 février 2017
Ce sont les historiens de la Société des Etudes Robespierristes qui, le 24 octobre 1923, lors d’une cérémonie présidée par M. Lemelle, alors maire d’Arras, voulurent marquer solennellement le caractère historique de cette maison en y apposant une plaque de marbre toujours visible aujourd’hui.
- Plaque offerte par la SER en 1923
En français
La Maison de Robespierre...Ainsi dénommée parce que Maximilien Robespierre l’occupa de 1787, avec sa sœur Charlotte, jusqu’à son départ pour les États-Généraux à Versailles en avril 1789. [1]
Les dix propriétaires successifs de cette maison
1)°Selon l’écrivain et historien belge Hector Fleischmann, cette maison (construite en 1731) appartint durant près d’un siècle et jusqu’en 1830 à la famille DUFETEL. [2]
2°) Dès 1827 Léon DEBEUGNY-D’HAGERUE chevalier, propriétaire demeurant à St-Omer (Pas-de-Calais), neveu de la famille Dufétel est héritier de la maison .
3° Le 27 mai 1830 il la revendit aux enchères (en même temps que la maison contiguë par l’arrière et qui donne sur la rue St Aubert). Sise rue des Rapporteurs, [3] la maison comprenait : salle à manger, antichambre, salon cuisine ayant vue su la cour et à l’étage supérieur chambres et mansardes. Elle est vendue 11 754 F à Henri Joseph TILMAN, capitaine de gendarmerie, chevalier de St Louis et de la Légion d’Honneur.
4°) Le 6 mai 1833 Henri Tilman vend la maison, 9 rue des Rapporteurs, à Jacques VASSEUR, ancien négociant et président du tribunal de Commerce d’Arras, qui avait acquis l’autre partie de la propriété Dufétel en 1830.
5)° Le 13 août 1848, M et Mme Vasseur étant décédés, leur fille Clémentine VASSEUR hérite de la maison (estimée à 8 000 F). Elle est alors l’épouse de François PINTA, propriétaire à Arras et fabricant de sucre à Mt-St-Eloi [4] (Pas-de Calais).
6°) En 1866, Mme Pinta-Vasseur, veuve et retirée à Paris, loue la maison puis la revend à Alexandre LE BARBIER, négociant d’Ecoust-St-Martin, qui la loue successivement à un avoué puis un huissier
7°) Le 28 juin 1898, M. Henri CAYAT-MORIN, commissionnaire en marchandises, acquiert la maison qu’il occupe et dont il sous-loue une partie à son beau-père M. Morin, ferblantier.
8°) Le 25 mai 1932, M. et Mme Cayat-Morin font donation de leur maison en nue propriété à leur fille Louise CAYAT, née en 1890 (épouse de M. CHARTIER (pour 40 000F, fonds de commerce compris).
Mme Chartier-Cayat dirige dans cette maison un cours technique privé de sténo-dactylo qui fonctionnera jusqu’aux années cinquante.
C’est aussi dans cette maison qu’on vend les billets d’entrée au théâtre d’Arras tout proche.
9°) Le 12 septembre 1960, Mme Vve Chartier-Cayat, vend la maison (pour 40 000 F, fonds de commerce compris) à M. et Mme LEPRAND-ROBERT (lui étant né à Carvin) demeurant à Arras.
10°) Le 28 février 1990, la VILLE D’ARRAS achète (pour 375 000 F) l’immeuble (cadastré sect AC n° 44) d’une superficie de 143 m2. Il comprend : caves, rez-de-chaussée (avec entrée, 5 pièces, dégagement, wc, débarras) 5 pièces à l’étage et grenier.
La délibération prise le 20 novembre 1989, précise que c’est « en vue de la création d’un musée » que la ville se propose d’acquérir un immeuble situé 9 rue des rapporteurs.
Abandonnée, restaurée, et enfin « consacrée »
Façade de plus en plus grisâtre, volets clos, à l’abandon durant près de quarante ans, la maison se dégradait et devenait sinistre.
La plaque apposée en 1923 reléguée au plus haut de la façade n’était plus guère lisible. [5]
Régulièrement les Amis de Robespierre s’en alarmaient. En 1996, la municipalité étant renouvelée, Me Bleitrach, avocat et président de l’association rappelait la promesse faite depuis longtemps de restaurer cette maison.
- Maison de Robespierre. Arras
- Vue ancienne (Archives du PdC)
En 1997 la maison disparaissait sous les bâches et les échafaudages : la restauration confiée aux soins experts des Compagnons du Devoir, était engagée, supervisée par un architecte des Monuments historiques [6]
Une intervention du maire lors du Conseil municipal du 26 mai 1997 précisait qu’une location à ces mêmes Compagnons était prévue, que cette maison resterait ouverte au public avec un programme muséologique allégé (compte tenu « qu’il ne restait pas grand chose de Robespierre »). Le maire précisait que les Amis de Robespierre « seraient consultés pour la définition de ce site culturel ».
Le 5 juin 1999, la maison Robespierre superbement rénovée était inaugurée. La façade blanche illumine désormais toute la rue depuis repavée à neuf. Des projecteurs l’éclairent la nuit. Le rez-de chaussée est entièrement consacré à une exposition de chefs-d’œuvre des Compagnons et à leur histoire. Seul un mur du sas d’accueil était réservé à Robespierre : un buste en bronze (copie de celui de Cladel à l’hôtel de Ville) quelques objets en vitrine , et une évocation en gravures du Robespierre arrageois.
Désormais signalée en ville par des panneaux, la Maison Robespierre attire régulièrement les touristes exprimant souvent leur déception d’y trouver si peu d’évocation du célèbre personnage.
Les Amis de Robespierre multiplièrent les appels (et notamment en une pétition qui recueillit 5850 signatures) pour que, sitôt libérée, la Maison devienne enfin un lieu consacré à la mémoire de Robespierre.
Les Compagnons libérant les lieux, le conseil municipal d’Arras décida le 22 décembre 2016 de créer un Comité scientifique chargé de « définir le projet historique, et muséographique de la Maison Robespierre ».
Ce ne fut donc pas une guerre de cent ans mais presque, puisqu’il fallut batailler 94 ans pour qu’aboutisse le projet de faire de la Maison Robespierre un lieu consacré à sa mémoire.
L’ARBR se félicite d’avoir durant 30 ans pris la relève de ce difficile combat pour que le plus illustre des Arrageois trouve sa juste place dans sa ville natale et dans sa maison.
In English
It was the historians of the Société des Etudes Robespierristes who, on 24 October 24 1923, in a ceremony presided over by M Lemelle, then Mayor of Arras, wanted to mark the historic character of this house formally by affixing the marble plaque still visible today.
Robespierre’s House... So named because Maximilien Robespierre occupied it from 1787, with his sister Charlotte, until his departure for the Estates-General at Versailles in April 1789.1
The Ten Successive Owners of the House
1) According to the Belgian writer and historian Hector Fleischmann, this house (built in 1731) belonged for almost a century, until 1830, to the DUFETEL family.2
2°) From 1827 Léon DEBEUGNY-D’HAGERUE, knight, landowner living in St-Omer (Pas-de-Calais), nephew of the Dufétel family, was heir to the house.
3° On 27 May 1830 he sold it at auction (at the same time as the adjacent house behind, which opens on the Rue St Aubert). Located on the Rue des Rapporteurs,3 the house comprised : dining room, antechamber, living room and kitchen, overlooking the courtyard, and on the upper floor, bedrooms and attics. It was sold for 11 754 F to Henri Joseph TILMAN, Captain of the Gendarmerie, Knight of St Louis and of the Legion of Honour.
4°) On May 6, 1833 Henri Tilman sold the house, 9 Rue des Rapporteurs, to Jacques VASSEUR, former merchant and president of the Commercial Court of Arras, who had acquired the other part of the Dufétel property in 1830.
5)° On August 13, 1848, M and Mme Vasseur having died, their daughter Clémentine VASSEUR inherited the house (estimated at 8 000 F). She was then the wife of François PINTA, landowner in Arras and sugar manufacturer in Mt-St-Eloi,4 (Pas-de Calais).
6°) In 1866, Mme Pinta-Vasseur, now a widow and retired in Paris, rented the house and then resold it to Alexandre LE BARBIER, a businessman in Ecoust-St-Martin, who rented it successively to a solicitor then an usher.
7°) On 28 June 1898, M Henri CAYAT-MORIN, freight forwarder, acquired the house, in which he lived and of which he sublet part to his father-in-law M Morin, a tinsmith.
8°) On 25 May 1932, M and Mme Cayat-Morin gave their house in private ownership to their daughter Louise CAYAT (b. 1890, wife of M CHARTIER) for 40 000 F, including leasehold.
Mme Chartier-Cayat ran a private shorthand-typing school in the house until the 1950s.
The house was also the box-office for the nearby Arras theatre.
9°) On 12 September 1960, the widowed Mme Chartier-Cayat sold the house (for 40,000 francs, including leasehold) to M and Mme LEPRAND-ROBERT (originally from Carvin), living in Arras.
10°) On 28 February 1990, the TOWN OF ARRAS bought the building for 375 000 F (listed sect AC n° 44), with an area of 143 m2. It includes : cellars, ground floor (with entrance, 5 rooms, corridor, toilet, storage room) 5 rooms upstairs and attic.
The decision taken on 20 November 1989 specified that it was « with a view to the creation of a museum » that the town proposed to acquire a property located at 9 Rue des Rapporteurs.
Abandoned, restored, and finally « consecrated »
Its façade growing increasingly grey, shutters closed, abandoned for nearly forty years, the house deteriorated and became spooky-looking.
The plaque affixed in 1923, relegated to the highest part of the façade, was barely legible.5
The Friends of Robespierre were constantly worried. In 1996, after council elections, Maître Bleitrach, advocate and president of the association, recalled the promise made a long time before to restore this house.
- Maison de Robespierre. Arras
- Vue ancienne (Archives du PdC)
In 1997 the house disappeared under tarpaulins and scaffolding : the restoration entrusted to the expert care of the Journeymen Companions was undertaken, supervised by an architect of Historic Monuments.6
An announcement by the Mayor at the Town Council on 26 May 1997 specified that a lease to the Companions was planned, that the house would remain open to the public with a reduced museological programme (taking into account « that not much about Robespierre remained »). The mayor specified that the Friends of Robespierre « would be consulted in defining this cultural site ».
On 5 June 1999, Robespierre’s House, superbly renovated, was inaugurated. The white façade now shone throughout the street, which was newly repaved. Spotlights illuminated it at night. The ground floor was entirely devoted to an exhibition of masterpieces of the Companions and their history. Only one wall of the reception hall was reserved for Robespierre : a bronze bust (a copy of the one by Cladel in the Town Hall), a few objects in a glass case, and an evocation in engravings of Robespierre in Arras.
Now signposted in the town, Robespierre’s House regularly attracted tourists who often expressed disappointment at finding so little evocation of the famous character.
The Friends of Robespierre redoubled their appeals (in particular, in a petition which collected 5850 signatures) so that, as soon as it was freed up, the House could finally become a place dedicated to Robespierre’s memory.
When the Companions freed up the site, Arras Town Council decided on 22 December 2016 to create a Scientific Committee in charge of « defining the historical and museographic project of Robespierre’s House ».
It was not a hundred-years war but almost, since it took a fight of 94 years to achieve the project of making Robespierre’s House a place dedicated to his memory.
ARBR is happy to have spent 30 years of this difficult struggle to ensure that the most illustrious of Arras citizens takes his rightful place in his hometown and his house.
1) Robespierre left the house in April 1789, but one may assume it remained occupied for three years by his sister Charlotte and younger brother Augustin. The latter, departmental representative and active member of the Jacobin Society, left Arras (with his sister) only on September 25, 1792 after his election to the Convention. One can also assume that Maximilien Robespierre stayed there during his brief return to Arras in October 1791.
2)Citizen DUFETEL, 36 years old, married without children (owner of the house in the Rue des Rapporteurs in Arras) lived in Saint-Omer . He was noble and was in fact called Ignace Joseph Marie le François, known as Defétel. He was imprisoned at St Omer from October 1793 to November 1794. His troubles came from the fact that his brother, the Chevalier de Marconville, had emigrated.
3)The Rue des Rats-porteurs led to the Council of Artois, where Robespierre pleaded cases. His neighbour was the Chevalier de Mardre, second president of the court. The choice of this district and this residence was the sign of some degree of comfort. It was in 1933 that the Rue des Rats-porteurs took the name of Rue Maximilien Robespierre.
4) A small town about 10 km from Arras, famous as the location of the towers of the famous abbey of that name.
5) When the plaque was affixed in 1923, the house was still damaged by the bombardments that had destroyed part of the town during four years of war. Because the plaque had been broken shortly after the inauguration it was long relegated out of reach.
6) On the oldest engravings of the house, one notes that the entrance is located in the centre of the façade. During restoration work in 1998, traces were found of the existence of this entrance, which was later relocated. Originally the rooms were arranged on either side of a central corridor.
[1] Robespierre quitta cette maison en avril 1789, mais on peut supposer qu’elle resta durant trois ans occupée par sa sœur Charlotte et son frère cadet Augustin. Celui-ci, élu départemental et membre actif de la société des Jacobins, ne quitta Arras (avec sa sœur ) que le 25 septembre 1792 après son élection à la Convention . On peut aussi supposer que Maximilien Robespierre y séjourna lors de son bref retour à Arras en octobre 1791.
[2] Le citoyen DUFETEL, 36 ans, marié sans enfants (propriétaire de la maison rue des rapporteurs à Arras) habitait Saint-Omer . Il était noble et s’appelait en fait Ignace Joseph Marie le François, dit Defétel. Il fut incarcéré à St Omer d’octobre 1793 à novembre 1794. Ses ennuis vinrent de ce que son frère, chevalier de Marconville , avait émigré
[3] La rue des Rats porteurs conduisait au Conseil d’Artois où plaidait Robespierre. Son voisin était le chevalier de Mardre second président du tribunal. Le choix de ce quartier et de cette demeure était le signe d’une certaine aisance. C’est en1933 que la rue des Rats-porteurs prit le nom de rue Maximilien Robespierre
[4] Petite commune à une dizaine de km d’Arras, célèbre pour abriter les Tours de la célèbre abbaye éponyme
[5] Quand, en 1923, la plaque fut apposée, la maison était encore endommagée par les bombardements qui durant quatre ans avaient détruits une partie de la ville. C’est parce que la plaque avait été brisée peu après l’inauguration qu’elle fut longtemps reléguée hors de portée.
[6] Sur les plus anciennes gravures de la maison on remarque que la porte d’entrée est située a centre de la façade. Lors des travaux de restauration de 1998 on trouva trace de l’existence de cette entrée déportée par la suite. À l’origine les pièces étaient réparties de part et d’autre un couloir central.