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La proposition d’une politique de galanterie démocratique par Robespierre.
Florence Gauhtier :La révolution et les femmes dans l’espace public.
lundi 1er novembre 2021
Après des études de droit à Paris, Robespierre retourna au pays natal, Arras, en 1781, à l’âge de 23 ans, y devint avocat et, jeune, aimable et cultivé, il fut élu, en 1783, membre de l’Académie de cette ville, fondée par Dubois de Fosseux, son secrétaire perpétuel. Les deux hommes s’estimaient réciproquement, comme l’atteste leur correspondance, et Dubois de Fosseux insista pour que Robespierre accepte d’être élu directeur de l’Académie en février 1786.
Les deux hommes souhaitaient ouvrir les Académies à la mixité entre les deux sexes. C’est ainsi qu’en 1787 deux femmes furent élues à l’Académie d’Arras comme « membres honoraires ». Il s’agit de deux femmes de lettres, Marie Le Masson Le Golft, née en 1749 et qui habitait le Havre, et Louise de Kéralio, qui vivait à Paris.
On connaît, semble-t-il, cinq femmes qui furent élues membres honoraires par des Académies privées : Arras fait figure de pointe très avancée avec ses deux membres en 1787 et une troisième en 1789 [3] [3].
Née en 1758, Louise de Kéralio [4] [4] avait le même âge que Robespierre. En 1787, elle venait de publier une Histoire d’Elisabeth, reine d’Angleterre et les premiers volumes d’une Collection des meilleurs ouvrages français composés par des Femmes, qui en comportera quatorze.
Robespierre présenta à l’Académie, le 18 avril 1787, sa Réponse au discours de Mlle de Kéralio [5] [5]. Son propos est remarquable, il s’agit de ce qu’il appelle « sa profession de foi » [6] [6]. Constatant la rareté des femmes dans les sociétés savantes, il qualifie cette situation de « honteuse », de « scandale d’un siècle éclairé » [7] [7] et attribue la cause de cette rareté aux préjugés, qu’il faut combattre par les Lumières, et se révèle partager les positions des cartésiens, comme Poulain de la Barre [8] [8]. Robespierre réaffirme, en effet, le principe de l’égalité entre les deux sexes, doués tous deux des mêmes facultés, et précise que des différences de sexe ne doivent pas devenir le prétexte d’une domination de l’un par l’autre.
Robespierre ajoute qu’offrir aux femmes des places de « membres honoraires » dans les sociétés savantes est insuffisant, précisément parce qu’elles ne sont jamais là, et il propose de leur ouvrir la possibilité d’être des « membres ordinaires » qui participeraient physiquement et intellectuellement à la production du savoir et aux débats : « Ce n’est pas seulement par leurs lumières que les femmes contribueraient au progrès des lettres et à la gloire des sociétés savantes, c’est surtout par leur présence » [9] [9].
Son plaidoyer se développe alors en faveur de la mixité, dont il décrit longuement les avantages sur le plan intellectuel, mais aussi sur celui de la vie des sociétés savantes. Il insiste sur l’émulation et la gloire qui en résulteraient, émulation transformée parce que les femmes participeraient au jugement des auteurs. La gloire qu’il définit ainsi : « C’est l’amour et l’admiration de nos semblables. L’amour de la gloire est donc le désir d’inspirer ces sentiments aux autres. [10] [10] »
Amour et admiration réciproques, mêlés à une émulation, non dépourvue de séduction. Nous retrouvons ici ce que la préciosité du XVIIe siècle avait mis en avant : les femmes sont « précieuses » et doivent être respectées ; elles interviennent dans la vie littéraire, elles écrivent elles-mêmes et veulent, elles aussi, être juges des auteurs. Cette mixité ferait naître encore un bonheur particulier que Robespierre imagine et décrit [11] [11].
Je m’arrête un instant sur ce dernier point car, la première fois que j’ai lu ce texte, j’ai senti que quelque chose m’échappait et que je ne comprenais pas de quoi il s’agissait. J’ai alors suivi les indications bibliographiques que Robespierre précisait dans son texte, et j’ai fini par apprendre qu’il s’agissait du bonheur créé par une érotisation des relations sociales, propre à la culture de la galanterie, et que cette culture, étant tombée dans un relatif oubli, nous est devenue plus difficilement sensible. J’ai appris qu’il s’était produit la même chose, avec la musique baroque et plus généralement avec l’esthétique baroque, qui accompagna, d’ailleurs, la galanterie du XVIe au XVIIIe siècle [12] [12].
Voilà donc la galanterie devenue un trésor perdu comme La liberté avant le libéralisme, que Quentin Skinner a pu ramener à la surface du passé de l’Angleterre, en s’aidant de la méthode de Laslett dans son grand livre Un monde que nous avons perdu [13] [13]
Qu’est-ce que la galanterie ?
Je m’appuie ici sur le travail de Claude Habib. La galanterie n’est pas à confondre avec le libertinage et encore moins la débauche. La galanterie est une politique [14] [14] qui a pour objet les rapports entre les deux sexes, et se caractérise par une culture réciproque de civilisation : les hommes doivent respecter les femmes, avoir des égards pour elles, leur faire confiance et se soumettre à leurs jugements [15] [15]. La galanterie devait permettre de polir « les mœurs rudes et grossières du noble guerrier comme de l’austère lettré » [16] [16].
Les relations amoureuses en font partie et la culture galante initie au commerce spirituel, et donc à la mixité de la société ; à une érotisation sociale [17] [17], mais en même temps retenue ; à une valorisation de l’amour et du plaisir de la séduction, de la délicatesse et même de l’héroïsme amoureux. Ce respect des femmes a permis de valoriser le droit des femmes à disposer d’elles-mêmes, en commençant par la propriété de leur corps, ce qui représente une grande conquête, et a incontestablement contribué à construire l’égalité entre les deux sexes et leur désaliénation réciproque. On ne peut s’empêcher de penser que la galanterie participe d’une culture du don et du contre-don [18] [18].
Ajoutons que la galanterie appartient au monde profane du bonheur, de la gaieté et des plaisirs [19] [19] et qu’elle a croisé les chemins du grand mouvement de séparation des facultés humaines de la théologie, qui a caractérisé la période dite moderne, soit le long processus de laïcisation. Ce qui n’empêchait pas de galantes personnes de choisir de finir leurs jours dans des couvents.
En France, la galanterie a évolué du XVIe au XVIIIe siècle. François Ier l’avait rencontrée à Urbino, en Italie, et importée dans sa propre cour. Henri II poursuivit une politique galante, qui fut interrompue pendant les horreurs des guerres de religion, et qui réapparut, au XVIIe siècle, dans des sociétés privées comme celle de Madame de Rambouillet à Paris. La galanterie française a connu son apogée sous les règnes de Louis XIII et de Louis XIV, avec la préciosité, qui a rendu l’amour et la sexualité précieux et honorables, à une époque où l’orgasme était considéré comme une fonction vitale, mais appartenait au « bas corporel ». Ce furent les précieuses qui donnèrent à la sexualité le rôle de recéler les secrets de l’âme [20] [20].
La politique royale de la galanterie a été une véritable éducation sociale de civilisation et l’esthétique baroque l’a chantée, et enchantée d’ailleurs, durant trois siècles dans tous les arts et beaux-arts, sans oublier l’opéra.
En France, la galanterie a été attaquée par le libertinage et la débauche, sous Louis XV, puis combattue par les débuts du romantisme, mais à l’époque de la Révolution, bien qu’attaquée, elle était encore bien prégnante.
Le surgissement d’Aspasie
Voyons maintenant comment Robespierre reprit cet héritage de la galanterie et le démocratisa. La première fois que j’ai rapproché en public ces deux mots : « galanterie » et « démocratie », j’ai suscité des exclamations de surprise parce que, m’a-t-on dit, la galanterie ne saurait être « démocratique ». Il est vrai que la galanterie fait apparaître des comportements de respect réciproque, de séduction, de grâce et d’élégance. Ces qualités seraient-elles interdites au « démos » ? et pourquoi donc ? Si l’on veut bien ne pas perdre de vue que la galanterie est une politique qui a été menée en France par des rois, dans le but de civiliser, comme on l’a rappelé, les mœurs brutales, grossières et aliénées des courtisans et des clercs, on ne voit pas pourquoi une politique galante ne pourrait être menée en démocratie. En tout cas, ce fut une préoccupation de Robespierre, et c’est à ce titre qu’elle nous intéresse.
Dans son texte, Robespierre cite les noms des femmes qui ont cultivé la galanterie et la première est, pour lui… Aspasie, venue de Milet et qui vécut avec Périclès :
« O douce illusion ! O spectacle enchanteur ! je crois voir Socrate et Démosthène conversant avec Aspasie, ou bien les Deshoulières, les Sévigné, les La Suze, les La Fayette, assises dans le sanctuaire des muses, auprès des Bossuet, des Molière, des Racine, des Corneille. [21] [21] »
Il compare ces muses à de « nouvelles Aspasies » :
« Puis-je oublier ces sociétés célèbres, formées dans un temps plus moderne où tous les hommes de génie de la France venaient faire l’hommage de leurs chefs-d’œuvre à de nouvelles Aspasies ! O Rambouillet ! O nom à jamais cher aux lettres ! O temple charmant des Muses et des grâces ! Heureux les hommes de lettres à qui il fut donné de venir dans votre enceinte sacrée recevoir des mains de la beauté la couronne des talents [22] [22]. »
Ces muses étaient toutes femmes de lettres, poétesses, romancières et, à la suite de Madame de Rambouillet [23] [23] qui renouvela au début du XVIIe siècle la culture galante, animèrent des sociétés dans leurs demeures.
Robespierre, dans l’Académie d’Arras, vivait la mixité entre les ordres puisque nobles et roturiers, comme Dubois de Fosseux et lui-même, pouvaient s’y retrouver, et il propose la poursuite d’une politique galante ouverte à la mixité entre les sexes dans les sociétés savantes, qu’il place carrément sous l’égide d’Aspasie, c’est-à-dire de la démocratie athénienne, provoquant un rapprochement proprement stupéfiant par son audace [24] [24]. Ce qui annoncerait à ses yeux : « un progrès des Lumières » et « une heureuse révolution » [25] [25].
Ajoutons que Robespierre accorde aux sociétés qu’animèrent ces « nouvelles Aspasies » une place supérieure à l’Académie royale officielle qui, précisément, refusait la présence des femmes :
« Oui, n’en déplaise aux génies sublimes dont la première Académie du Royaume se glorifiait sous le règne de Louis XIV, il manquait à sa gloire de compter parmi ses membres les femmes illustres qui embellissaient ce siècle immortel ; et les jours brillants marqués pour les triomphes des Muses françaises ne furent pas l’âge d’or de la littérature. [26] [26] »
La galanterie était une politique qui au XVIIe siècle, et Robespierre nous le rappelle, n’osa pas vaincre les préjugés qui refusaient aux femmes d’accéder à la production du savoir [27] [27]. C’était à ses yeux une tâche du présent, et il s’y employa dans le cadre de l’Académie d’Arras, et du futur.
On le sait, Aspasie est la femme la plus célèbre du monde antique, bien que l’on connaisse peu de choses à son sujet, si ce n’est le sentiment d’amour et le respect, sur lesquels on insiste, qu’elle a pu inspirer à Périclès, à quoi l’on ajoute l’influence c’est-à-dire le pouvoir qu’elle a pu exercer sur lui. Les deux historiennes, Marie Delcourt et Nicole Loraux, s’accordent pour penser que ce qui se dégage du faisceau d’interprétations, largement calomnieuses, léguées par l’antiquité grecque et romaine au sujet d’Aspasie, c’est bien le scandale que provoqua Périclès, parce qu’il portait un attachement amoureux et constant à Aspasie, cette Milésienne instruite et libre, avec qui il vivait sans pouvoir l’épouser car les lois d’Athènes le lui interdisaient [28] [28].
Robespierre a inventé peut-être, sinon poursuivi, une interprétation particulièrement élogieuse d’Aspasie, qui vient construire le souvenir de la démocratie galante à venir. Trois moments historiques forment ici une constellation nouvelle, pour reprendre la belle métaphore de Walter Benjamin [29] [29] : un passé double, avec la démocratie athénienne ou siècle d’Aspasie et la galanterie du XVIIe ou siècle de Mme de Rambouillet, brille dans le présent de Robespierre qui y voit la lumière des temps futurs.
Robespierre « féministe » dira-t-on ? le terme est anachronique [30] [30], on lui préférera : « un galant homme » [31] [31] !
Au salon de peinture de 1794, Marie-Geneviève Bouliar présentait un remarquable portrait d’Aspasie, thème plutôt rare en peinture. La peintre était toute jeune, 22 ans, et habitait Paris. Le tableau se trouve aujourd’hui au Musée des Beaux-Arts d’Arras [32] [32].
Le buste de Périclès se trouve en arrière-plan, dans l’ombre, et une Aspasie rayonnante est représentée assise à un bureau : elle tient dans sa main gauche un manuscrit, sur la table un globe du zodiaque. Son vêtement est simple, une tunique blanche légère et un manteau rouge, elle ne porte aucun bijou et peut se regarder dans son miroir pour y voir : Aspasie, femme de lettres comme on l’entendait à l’époque de la galanterie, version 1794, séduisante, cultivée, aimée, respectée.
[3] Léon BERTHE, « Un inédit de Robespierre », Annales Historiques de la Révolution Française, 1974, a retrouvé ce discours de Robespierre dans les papiers de Dubois de Fosseux, p. 270. Cette troisième était Mlle du Chatellier élue « membre honoraire » le 16 octobre 1789, p. 272, n. 24.
[4] Sur la famille Kéralio voir Jean SGARD, « Louis Félix Guynement de Kéralio, traducteur, académicien, journaliste, intermédiaire », Elisabeth BADINTER, « Auguste de Kéralio : un auxiliaire invisible de la république des sciences », et Annie GEFFROY, « Les cinq frères Kéralio », Dix-huitième siècle, 2008, pp. 43-77. Ces recherches permettront d’éviter de confondre les cinq frères entre eux, comme je l’ai malencontreusement fait moi-même, en prenant Auguste, l’oncle de Mlle de Kéralio pour Louis-Félix, son père, dans ROBESPIERRE, Œuvres, Paris, 2007, t. XI, p. 189, n 4.
[5] ROBESPIERRE, Œuvres, Paris, 2007, t. XI, « Réponse de Robespierre… au discours de Mlle de Kéralio », pp. 189-201 et « Correspondance entre Dubois de Fosseux et Robespierre », pp. 129-35.
[6] ROBESPIERRE, « Réponse… », op. cit., p. 192.
[7] Ibid., p. 193
[8] François POULAIN DE LA BARRE, De l’égalité des deux sexes, (1673), Paris, Fayard, 1984.
[9] ROBESPIERRE, « Réponse… », op. cit., p. 194.
[10] Ibid., p. 197.
[11] Claude HABIB, Galanterie française, Paris, Gallimard, 2006, chap. III, 2. Le projet précieux, p. 171 et s. Mlle de Scudéry évoque le plaisir propre à la mixité des sexes, p. 271 : « Il y a je ne sais quoi, que je ne sais comment exprimer (…), qui fait qu’un honnête homme réjouit et divertit plus une compagnie de dames que la plus aimable femme de la terre ne saurait faire. » Le propos de Robespierre fait l’exact pendant, du point de vue masculin : « Ouvrez aux femmes l’entrée des Académies (…) et vous verrez se rallumer le feu d’une utile émulation et ce commerce enchanteur de l’esprit et de la pensée reprendra toute l’activité dont il est susceptible en acquérant des agréments jusqu’alors inconnus », op. cit., p. 194.
[12] Voir les travaux littéraires et musicaux de Philippe BEAUSSANT et en particulier, Vous avez dit baroque ? Musiques du passé, pratiques d’aujourd’hui, Arles, Babel, (1988), 1994.
[13] Q. SKINNER, La liberté avant le libéralisme, (Cambridge 1988), Paris, Seuil, 2000 ; P. LASLETT, Un monde que nous avons perdu. Les structures sociales pré-industrielles, trad. française, Paris, Flammarion, 1969.
[14] C. HABIB, Galanterie française, op. cit., chap. III. L’âge galant : instauration, signification, p. 137 et s.
[15] Robespierre donne de cette politique de la galanterie une remarquable définition : « Nous (les hommes) le savons et elles (les femmes) ne l’ignorent pas : nous sommes tout ce qu’elles veulent que nous soyons. C’est à elles à exiger que nous soyons toujours dignes d’elles », op. cit., p. 197.
[16] Dominique GODINEAU, Les femmes dans la société française, XVIe–XVIIIe siècles, Paris, Colin, 2003, p. 139.
[17] C. HABIB, op. cit., p. 247 et s. a souligné cet intéressant caractère. La galanterie permet de parler d’amour publiquement, comme d’une passion universellement partagée et non sur un registre seulement privé.
[18] Sur le don, voir Marcel MAUSS, « Essai sur le don » (1924), in Sociologie et anthropologie, Paris, PUF, 1968 ; sur le don en amour voir une conception récente avec André BRETON, L’amour fou, Paris, Gallimard, 1937.
[19] C. HABIB, op. cit., chap. IV, 1. La liberté des femmes, p. 235 et s.
[20] C. HABIB, op. cit., p. 184.
[21] ROBESPIERRE, « Réponse… », op. cit., p. 195.
[22] Ibid., p. 199. Sur l’âge d’or de ces sociétés où ces femmes couronnaient les talents voir C. HABIB, op. cit., chap. III et IV.
[23] Catherine de Vivonne-Savella marquise de Rambouillet (1588-1655) vit sa société qualifiée d’Académie ou Parnasse français ; Antoinette Deshoulières (1637-1694), roturière, animait une société et publia des poésies galantes ; Henriette de Coligny comtesse de La Suze (1618-1673), poétesse galante ; Marie de Rabutin-Chantal marquise de Sévigné (1626-1696) exprima dans sa correspondance sa gaieté galante et son esprit précieux ; Marie-Madeleine Pioche de la Vergne comtesse de La Fayette (1643-1693), amie de la précédente, auteur de romans dont La Princesse de Clèves, La Princesse de Montpensier. Voir A. ADAM, Histoire de la littérature française au XVII e siècle, Paris, (1948) 1997 ; Alain VIALA, Les Institutions de la vie littéraire en France au XVIIe siècle, Lille, 1985.
[24] Y a-t-il eu, avant Robespierre, un tel rapprochement entre les femmes galantes et précieuses de la période moderne et Aspasie ? Je l’ignore. Une enquête mérite d’être menée à ce sujet.
[25] Ibid., p. 198.
[26] Ibid., p. 195
[27] On sait que Madeleine de Scudéry, par exemple, faillit entrer à l’Académie française, voir M. et Georges de SCUDERY, Artamène ou le Grand Cyrus, (1649) Paris, GF, 2005, textes choisis, Présentation p. 9.
[28] M. DELCOURT, Périclès, Paris, 1939 ; N. LORAUX, « Aspasie, l’étrangère, l’intellectuelle », Clio, 2001, n° 13, pp. 17-42. Dans le Ménexène, Platon dresse un portrait charge contre Aspasie, femme savante. Elle ferait donc l’homme, mais Socrate la suspecte de plagier Périclès, la renvoyant ainsi à son infériorité « naturelle ». Comme on le sait, cette critique de la femme-qui-veut-faire-l’homme a été formulée par les adversaires des femmes et de la démocratie athénienne depuis… Aspasie. Il est pour le moins surprenant de retrouver ce thème sous la plume de « féministes » déclarées, comme J. Scott qui, à propos d’Olympe de Gouges, reproduit cette antienne que l’on espérait, en tout cas de ce côté-là, périmée ! voir PLATON, « Ménexène », Œuvres, trad. La Pléiade, I, p. 493 et J. SCOTT, La Citoyenne paradoxale, op. cit., p. 83.
[29] W. BENJAMIN, « Sur le concept d’histoire », section 2, B, (1940) traduit par lui-même, Écrits français, Paris, Folio, 1991, p. 444.
[30] Le mot « féministe », dans son emploi actuel de défense de la cause des femmes opprimées, apparut en français en 1872 pour devenir courant en Europe dans les années 1890, voir F. ROCHEFORT, « Du droit des femmes au féminisme en Europe, 1860-1914 », in Christine FAURÉ (dir.), Encyclopédie historique et politique des femmes, Paris, PUF, 1997, p. 552.
[31] Il ne faut pas confondre un « galant homme » avec un « homme galant », voir C. HABIB, op. cit., « Le sens du mot », p. 147.
[32] Annick NOTTER, Guillaume AMBROISE, Le Musée des Beaux-Arts d’Arras, Arras, Réunion des Musées nationaux, 1998, tableau reproduit avec une brève notice sur son auteur p. 100-101.