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Florence Gauthier en conférence à Arras : Galanterie à la cour et Amours paysannes dans les prés
conférence de Madame Florence Gauthier
jeudi 25 septembre 2025
La Bruyère, Les Caractères, De la Société, 1688.
La période moderne se confond avec l’essor de la galanterie, soit une politique de civilisation des rapports entre les sexes. Elle fut introduite dans le Royaume de France par François Ier qui la rencontra en Italie, chez la duchesse d’Urbino, et décida de l’introduire à sa cour. Elle régressa sous l’effet des Guerres de religion, durant lesquelles elle se réfugia dans des hôtels particuliers, puis réapparut à la cour sous Louis XIII pour triompher sous Louis XIV. Au siècle suivant, elle fut combattue par le libertinage, la débauche et les débuts du romantisme, mais offrit aussi des prolongements avant de tomber dans l’oubli.
A la cour de François Ier, les femmes se virent confier la tâche de civiliser « les nobles soudards illettrés et les clercs misogynes » par des moyens multiples : la séduction, le commerce spirituel, la culture et ses langages, la valorisation de l’amour et du plaisir.
La mixité fut une première conquête et, au XVIIe siècle dans ce royaume, les femmes se trouvent partout, dans les rues et les salons, à la cour et peuvent s’adresser à un galant homme sans déshonneur. Les hommes doivent apprendre à faire confiance aux femmes, ce qui a demandé, des deux côtés, un apprentissage : ce sont les femmes qui se gardent elles-mêmes et cette confiance réciproque offre les conditions de l’estime et de l’amour. Les galants hommes ont encore appris à parler de tout devant et avec elles.
La préciosité, avec Madeleine de Scudéry, a valorisé le droit des femmes à disposer d’elles-mêmes et affirmé la propriété de leur corps, ce qui constitue une immense conquête, qui a contribué à construire non seulement l’égalité entre les deux sexes, mais aussi leur désaliénation réciproque. Elle a rendu l’amour et la sexualité « précieux » et honorables, et leur a donné, à une époque où l’orgasme était considéré comme une fonction vitale mais qui appartenait au « bas corporel », le rôle de recéler les secrets de l’âme.
A la même époque, les cartésiens associaient les femmes à leurs travaux, pas seulement comme auditrices, mais comme savantes :
« C’est pourquoi il n’y a aucun inconvénient que les femmes s’appliquent à l’étude comme nous. Elles sont capables d’en faire aussi un très bon usage… » (Poulain de la Barre, p. 78).
La galanterie appartient au monde profane de la gaieté et de la joie de vivre, mais aussi de l’excitation que produit la mixité et la possibilité de séduire et de charmer. La liberté des femmes consiste encore à avoir une vie sociale, à parler avec des hommes qui ne sont pas seulement des proches. Elle a généré une érotisation sociale en permettant de parler d’amour publiquement, comme d’une passion commune au genre humain, et pas seulement sur le registre de la singularité sans partage...
Qu’est-ce que la galanterie ? Je me propose de présenter ce que fut cette politique de civilisation des rapports entre les sexes et son indéniable présence dans les mœurs, les arts, la culture et la politique de l’époque moderne.
Et enfin, de parler de la clef de cette culture qui se trouve dans les Amours paysannes…
XVIÈ-XVIIIÈ EN FRANCE.
Texte de la conférence présentée à Arras, le samedi 4 octobre 2025
Par Florence GAUTHIER, Historienne des
Révolutions de France et de St-Domingue/Haïti
Ce que l’on nomme galanterie se retrouve dans différentes parties du monde et sous d’autres noms et n’appartient pas seulement aux classes supérieures, puisqu’on rencontre des formes populaires depuis l’Antiquité en Europe et ailleurs. Je me limite au Royaume de France en commençant par la forme que lui a donné la cour du roi, avant de préciser quelques traits spécifiques de cette culture populaire.
La galanterie avait comme objectif de « civiliser les relations entre les sexes » et se déploya du XVIè au XVIIIè s. Elle fut combattue au XIXès, jusqu’à perdre son rôle d’éducation sociale, mais ne disparut pas pour autant, même si elle suscita mépris et rejet.
Historienne de la Révolution française, j’ai fait connaissance avec la galanterie lorsque je suis tombée sur un texte de Robespierre qui m’a interloquée : je ne comprenais pas ce dont il parlait et je suis partie à la recherche de ce qui m’échappait.
Il faut rappeler que depuis plus de deux siècles, la figure de Robespierre est devenue peu à peu celle d’une Méduse accouchant de monstres politiques, pourtant apparus ultérieurement ! Mais, par un effet singulier, ces fabricateurs de mythes de la Révolution française se sont efforcés d’en situer l’apparition chez Robespierre lui-même ! Ainsi, les Thermidoriens lui ont attribué la Terreur et l’anarchie, puis le centenaire de la Révolution française, en 1889, a voulu en faire le pontife d’une religion nouvelle, puis le stalinisme des années 1930 en a fait un petit bourgeois capitaliste, favorable à une « révolution bourgeoise », puis le post-modernisme l’a affublé de la paternité de la Terreur comme matrice des totalitarismes du XXe s [1] : soit fascismes, nazisme et stalinisme, dont Fr. Furet, ex-stalinien converti, fit sa spécialité et devint « le Roi du Bicentenaire » : il fallait un génocide, on en inventa un, la Vendée taxée de « génocide franco-français. »
Le dernier né de ces monstres vise l’exclusion des femmes des droits politiques attribuée à la Révolution française et, en particulier à Robespierre, a été repris par certains courants féministes récents [2]. Je ne répondrai ici qu’au dernier monstre d’un Robespierre misogyne, en présentant ce que j’ai trouvé dans ses textes et dans ses actes.
Robespierre à l’Académie d’Arras, 1783-1789
Robespierre, après des études de droit à Paris, retourna en 1781 au pays natal, Arras. Il avait 23 ans et devint avocat. Jeune, aimable et cultivé, il fut élu en 1783, membre de l’Académie d’Arras, fondée par Dubois de Fosseux. Les deux hommes s’estimaient et Dubois proposa à Robespierre, en 1786, la présidence de son Académie. Les deux hommes voulaient ouvrir l’Académie à la mixité des sexes et, en 1787, deux femmes furent élues comme membres honoraires : Marie Le Masson Le Golft, qui habitait le Havre et s’intéressait aux sciences de la nature, et Louise de Kéralio qui vivait à Paris.
Précisons que l’on ne connaît, semble-t-il, que 5 femmes qui aient participé aux Académies privées à cette époque : celle d’Arras en a fait entrer une troisième en 1789, Mlle du Chatellier, et forme ainsi la pointe avancée de ce mouvement de mixité dans ce type d’académies.
Notons que Louis-Félix de Kéralio [3], le père de Louise, avait été choisi parmi les précepteurs envoyés avec Condillac à la cour de Parme, car une des filles de Louis XV avait épousé le Prince de Parme, et son fils devait recevoir une éducation princière : Louise en bénéficia. Du même âge que Robespierre, Louise venait de publier une Histoire d’Elisabeth, reine d’Angleterre et les premiers volumes d’une Collection des meilleurs ouvrages français composés par des Femmes, qui en comptera 14 : notons que la littérature par des femmes ne manque pas !
Donc, le 18 avril 1787, Robespierre présenta Louise de Kéralio dans ce qu’il appelle « sa profession de foi [4] ». Constatant la rareté des femmes dans les sociétés savantes, il qualifie cette situation de « honteuse, […] de scandale d’un siècle éclairé » et en attribue la cause aux préjugés qu’il faut combattre et se révèle partager les principes de cartésiens comme Poulain de la Barre [5].
Robespierre affirme, en effet l’égalité entre les deux sexes doués des mêmes facultés et précise que des différences de sexe ne doivent pas devenir le prétexte d’une domination de l’un par l’autre. Il ajoute qu’offrir aux femmes des places de membre honoraire dans les sociétés savantes est insuffisant, parce qu’elles ne sont jamais là. Il propose de leur ouvrir la possibilité d’être des membres ordinaires qui participent physiquement et intellectuellement à la production du savoir et aux débats, je le cite :
« Ce n’est pas seulement par leurs lumières que les femmes contribueraient au progrès des lettres et à la gloire des sociétés savantes, c’est surtout par leur présence. [6] »
Son plaidoyer décrit longuement les avantages sur le plan intellectuel, mais aussi sur la vie des sociétés savantes et insiste sur l’émulation et la gloire qui en résulteraient, émulation transformée parce que les femmes participeraient au jugement des auteurs. La gloire qu’il définit ainsi, je cite :
« C’est l’amour et l’admiration de nos semblables. L’amour de la gloire est donc le désir d’inspirer ces sentiments aux autres [7]. »
Amour et admiration réciproques, mêlés à une émulation non dépourvue de séduction. Nous retrouvons ici ce que la Préciosité du XVIIe s avait mis en avant : les femmes sont précieuses et doivent être respectées, elles interviennent dans la vie littéraire, elles écrivent elles-mêmes et veulent, elles aussi, être juges des auteurs. Cette mixité ferait naître encore un bonheur particulier que Robespierre imagine et décrit.
Je m’arrête un instant sur ce dernier point car, la première fois que j’ai lu ce texte, j’ai senti que je ne comprenais pas de quoi il s’agissait. Ce sont ces formulations, où dominent la réciprocité, qui m’ont invitée à chercher ce dont Robespierre parlait et j’ai alors suivi les indications bibliographiques qu’il précisait dans son texte et j’ai fini par apprendre qu’il s’agissait du bonheur créé par une érotisation des relations sociales, propre à la culture galante et que, celle-ci étant tombée dans l’oubli, nous est devenue plus difficilement sensible [8].
Je cite ce que dit Mlle de Scudéry, qui inventa la Préciosité au XVIIè s dans son salon, et qui évoque la même chose que Robespierre :
« Il y a, je ne sais quoi… qui fait qu’un honnête homme réjouit et divertit plus une compagnie de dames que la plus aimable femme de la terre ne saurait faire ».
Robespierre fait l’exact pendant, du point de vue masculin :
« Ouvrez aux femmes l’entrée des Académies… et vous verrez se rallumer le feu d’une utile émulation et ce commerce enchanteur de l’esprit et de la pensée reprendra toute l’activité dont il est susceptible en acquérant des agréments jusqu’alors inconnus. »
Qu’est-ce que la galanterie ?
Je m’appuie sur le travail de Madame Claude Habib : la galanterie n’est pas à confondre avec le libertinage et encore moins la débauche et souligne que la galanterie est une politique qui a pour objet les rapports entre les deux sexes et se caractérise par une culture réciproque de civilisation : les hommes doivent respecter les femmes, avoir des égards pour elles, leur faire confiance et se soumettre à leurs jugements.
Robespierre exprime la même chose de la manière suivante : « Nous le savons et elles ne l’ignorent pas, nous sommes tout ce qu’elles veulent que nous soyons. C’est à elles à exiger que nous soyons toujours dignes d’elles » [9].
Claude Habib souligne que les relations amoureuses en font partie et la culture galante initie au commerce spirituel et donc, à la mixité de la société, à une érotisation sociale, à une valorisation de l’amour, du plaisir de la séduction, de la délicatesse et même à l’héroïsme amoureux. Ce respect des femmes a permis de valoriser le droit des femmes à disposer d’elles-mêmes, en commençant par la propriété de leur corps, ce qui représente une grande conquête, et a incontestablement contribué à construire l’égalité entre les deux sexes et leur désaliénation réciproque : la Galanterie parle d’amour publiquement, comme d’une passion universellement partagée et non sur un registre seulement privé comme le Romantisme l’imposera [10].
On ne peut s’empêcher de penser que la galanterie participe d’une culture du don et du contre-don [11].
Notons que la galanterie appartient au monde profane du bonheur, de la gaieté et des plaisirs [12] et qu’elle a croisé les chemins du grand mouvement de séparation des facultés humaines de la théologie, qui a caractérisé la période de la fin du Moyen-âge et de l’époque moderne, soit le long processus de laïcisation.
Selon Voltaire, le mot galanterie vient du celte gal, que l’on retrouve en espagnol avec regalado : délicieux, gala : grâce, élégance, galante en italien et galant en français qui renvoient à un mode relationnel de don et de contre-don.
En France, la galanterie fut introduite par François Ier, qui l’avait ébloui à la cour d’Urbino, en Italie, lors de ses guerres de conquêtes, au point de l’importer dans la sienne. Henri II poursuivit cette politique culturelle, qui fut suspendue durant les Guerres de religion, mais réapparut dans des salons privés, comme celui de Mme de Rambouillet, à Paris au XVIIè s .
Cette galanterie française a connu son apogée sous les règnes de Louis XIII et Louis XIV, avec la préciosité qui a rendu l’amour, le tendre et la sexualité précieux et honorables, alors que jusque-là, l’orgasme était considéré comme une fonction vitale, mais appartenait au « bas corporel ». Ce furent les Précieuses, avec Mlle de Scudéry, qui donnèrent à la sexualité le rôle de recéler les secrets de l’âme [13].
La politique royale de la galanterie a été une véritable éducation sociale de civilisation et l’esthétique baroque l’a chantée, et enchantée d’ailleurs, trois siècles durant, dans tous les arts et les beaux-arts, sans oublier le théâtre, la danse, l’opéra et la littérature.
La galanterie se cultive et s’entretient grâce aux salons privés, dans lesquels on se divertit des séances de travail et d’échange, par des jeux ou des pièces de théâtre ou de musique, jouées par les participants, ou encore par l’organisation de sorties et de promenades. Ces divertissements peuvent s’ouvrir à tous les âges et initient les enfants, les adolescents, comme les adultes.
Il y a encore des réunions consacrées à la lecture des auteurs des deux sexes, ou à des ateliers d’écriture. Par exemple, les romans galants comme L’Astrée, d’Honoré d’Urfé (1567-1625) a 5.000 pages et fut écrit à quatre mains : à la mort d’Urfé, son secrétaire rédigea les deux dernières parties. Par contre, les romans de Madeleine de Scudéry, qui travaillait avec son frère, pouvaient avoir plus de 15.000 pages, car il s’agissait d’ateliers d’écriture : un véritable salon-atelier où l’on pouvait s’entraîner à écrire un récit suivant un autre récit, en créant de nouveaux personnages, comme dans Les Mille et une nuits [14].
Ce qui permet de comprendre que les gens qui fréquentaient ces salons, faisaient les choses eux-mêmes : musiciens, acteurs, danseurs, écrivains, chercheurs, etc… ils n’étaient pas des spectateurs, comme nous le sommes devenus aujourd’hui !
Tableau de Watteau, L’embarquement pour Cythère, 1712, Musée du Louvre. Le peintre a remarquablement peint l’ambiance de la galanterie dans la société, au tournant du XVIIè s.
La Galanterie fut attaquée par le libertinage et la débauche.
La galanterie s’est défendue en refusant la figure de Don Juan, séducteur et tyran, qui domine et martyrise ses victimes. Don Juan est l’antithèse des relations galantes fondées sur la confiance réciproque et, plus encore, sur la réciprocité du respect et des égards entre hommes et femmes. En 1688, La Bruyère l’exprimait ainsi : « Le plaisir le plus délicat est de faire celui d’autrui » [15].
Et Sade répondit un siècle plus tard : « Il est faux qu’il y ait du plaisir à en donner aux autres ; c’est les servir cela. Et l’homme qui bande est loin du désir d’être utile aux autres. En faisant du mal, au contraire, il éprouve tous les charmes que goûte un individu nerveux à faire usage de sa force : il domine alors, il est un tyran [16] ».
La divergence est nette : la Galanterie s’appuie sur ce qui est commun au genre humain, comme la passion, le désir, le plaisir, le bonheur et qui peut être donné, reçu, partagé. Sade choisit la tyrannie et l’inégalité dans les relations entre humains.
Pierre Choderlos de Laclos a fait une remarquable critique de la tyrannie de Don Juan dans Les Liaisons dangereuses [17] : Valmont se révèle incapable de répondre à l’amour de Mme de Tourvel qu’il a séduite. Elle est d’une ignorance totale de ses propres sentiments, ce qui révèle qu’elle fut tenue à l’écart d’une éducation galante, qui lui aurait appris à se connaître. Valmont la viole pour commencer, la tyrannise, la méprise et la réduit à la solitude de sa passion qui la submerge. Valmont n’est pas davantage en état de répondre à l’amour de Mme de Merteuil, qui lui offre son amitié et la trahit de façon ignoble.
Un autre adversaire de la Galanterie fut Rousseau et ensuite le Romantisme.
A Genève, Rousseau connaissait la littérature galante qu’il dévorait, mais venu en France, il fut mal reçu, n’ayant pas connu l’apprentissage social de la culture de la Galanterie et sa déception lui fit écrire La Nouvelle Héloïse et l’Emile, (1761 et 62), dans lesquels il affirme la passion individuelle, qui n’est plus partagée et ne veut connaître que le moi singulier.
Tout au long du siècle suivant, le Romantisme a rompu avec les Lumières et la Galanterie : ce qui disparut alors, c’est bien l’apprentissage collectif dans la connaissance et l’expression des sentiments que la Galanterie favorisait, en mêlant tous les âges, de l’enfance à l’âge adulte. Le Romantisme ne connaît plus cet apprentissage et les sentiments, comme les passions, sont devenus individuels, uniques.
Notons que le XXe siècle a valorisé la figure de Don Juan, séducteur et tyran, qui n’offre que l’apprentissage de la domination et du martyr. Cette confusion tardive entre galanterie et débauche a probablement contribué à leurrer des courants féministes, qui ne voient plus dans la galanterie qu’une imposture, dissimulant la domination masculine, qualifiée de patriarcale : mais cette confusion ne repose que sur une ignorance.
Retour à Robespierre avec le surgissement d’Aspasie
Dans sa réponse à Louise de Kéralio, Robespierre exprime cette culture galante en proposant de la démocratiser.
La 1re fois que j’ai rapproché en public ces deux mots : galanterie et démocratie, j’ai suscité des exclamations de surprise car, m’a-t-on objecté, la galanterie ne saurait être démocratique. Il est vrai que la galanterie fait apparaître des comportements de respect réciproque, de séduction, de grâce et d’élégance. Ces qualités seraient-elles étrangères à la démocratie et au peuple ? Et pourquoi donc ?
En tout cas, ce fut une préoccupation de Robespierre et c’est à ce titre qu’elle nous intéresse ici.
Dans son texte, Robespierre cite les noms des femmes qui ont œuvré à la culture galante et la première est pour lui Aspasie, qui vécut avec Périclès, dans l’Athènes démocratique qu’il compare aux salons privés du XVIIè s :
« O douce illusion ! O spectacle enchanteur ! Je crois voir Socrate et Démosthène conversant avec Aspasie, ou bien les Deshoulières, les Sévigné, les La Suze, les La Fayette, assises dans le sanctuaire des muses, auprès des Bossuet, des Molière, des Racine, des Corneille. »
Et il compare ces muses à « de nouvelles Aspasies » :
« Puis-je oublier ces sociétés célèbres, formées dans un temps plus moderne où tous les hommes de génie de la France venaient faire l’hommage de leurs chefs-d’œuvre à de nouvelles Aspasies ! O Rambouillet ! O nom à jamais cher aux lettres ! O temple charmant des Muses et des grâces ! Heureux les hommes de lettres à qui il fut donné de venir dans votre enceinte sacrée recevoir des mains de la beauté la couronne des talents [18]. »
Image du tableau de Marie Bouliar, Aspasie, salon à Paris de 1794, actuellement au Musée d’Arras :
Pourquoi Aspasie ? Parce qu’étrangère, venue à Athènes, Périclès voulut l’épouser, mais ne le put parce que les lois d’Athènes interdisaient les mariages avec des étrangers. Alors ils vécurent ensemble et reçurent chez eux des gens de lettres et des politiques. Robespierre, en faisant cette comparaison entre Aspasie et les salons du XVIIè s provoque un rapprochement avec la démocratie athénienne fort audacieux. De plus, il souligne que Louis XIV refusa la présence des femmes dans l’Académie royale, officielle, je cite :
« Oui, n’en déplaise aux génies sublimes dont la 1re Académie du Royaume se glorifiait sous le règne de Louis XIV, il manquait à sa gloire de compter parmi ses membres les femmes illustres qui embellissaient ce siècle immortel ; et les jours brillants marqués par les triomphes des Muses françaises ne furent pas l’âge d’or de la littérature ».
Robespierre a inventé peut-être, sinon poursuivi, une interprétation particulièrement élogieuse d’Aspasie, qui construit le souvenir de la démocratie à venir : trois moments historiques forment chez lui cette constellation nouvelle : un passé double avec la démocratie athénienne ou siècle d’Aspasie, et la Galanterie du XVIIè s ou siècle de Catherine de Rambouillet, brille dans le présent de Robespierre, qui y voit la lumière des temps à venir…
Les Amours Paysannes
Je m’appuie sur les riches travaux de Jean-Louis Flandrin qui, à la recherche de cette très longue histoire, a mis en lumière le sujet des « Amours paysannes » [20].
Je précise qu’en 1789, la population française se montait à environ 26 millions d’habitants : le Tiers-état était formé pour 85% de la paysannerie, de 10% d’artisans et ouvriers urbains, de 3% pour la couche aisée des villes ; les Ordres privilégiés, clergé et noblesse, représentant 2% de la population.
Les « droits de libertés et franchises » médiévales étaient toujours des institutions communales paysannes. Les Communes se formaient en assemblées générales des habitants et des habitantes, pour organiser les travaux du système agraire communautaire, suivant un calendrier précis des cultures et des récoltes faites en commun par tous les habitants du village, et qui appliquaient les droits d’usage individuels et collectifs, y compris sur les biens communaux, et s’occupaient de toutes les autres questions concernant la vie du village, procès etc...
Je précise qu’au VIIIè s, Charlemagne créa les Etats-généraux : il voulait instituer un partage de la souveraineté entre le roi et le peuple et confia au peuple le pouvoir de décider de la Guerre et de la Paix et, donc du montant des impôts : en cas de guerre, il fallait payer les armes et les soldats. Ce fut ainsi que Charlemagne créa les Etats-généraux auxquels il n’assistait pas, puisque c’était au peuple de décider [21].
Ces Etats-généraux furent supprimés au XIVè s dans certaines périodes, et voici comment et pourquoi : le clergé et la noblesse, étaient devenus des « ordres privilégiés », car ils avaient obtenu du roi le privilège de payer peu d’impôts et la charge pesait sur le Tiers-état, d’où l’importance de supprimer ces Etats-généraux qui donnait le pouvoir sur les impôts au peuple.
Il faut encore rappeler que les femmes votaient dans les communes paysannes depuis la nuit des temps, fait qui a été soigneusement occulté tout au long du XIXès et ensuite, ce qui a permis de détruire l’héritage démocratique et égalitaire en droits, entre les deux sexes, au sein du peuple [22].
De plus, avec l’échec de la Révolution démocratique par le coup-d’Etat du 9 Thermidor- 27 juillet 1794, les nouvelles constitutions de la France ont toutes réservé le droit de vote aux mâles riches, excluant les femmes et tous les travailleurs, ouvriers et paysans, jusqu’en1875, lorsque la IIIè République a réintégré ouvriers et paysans, mais a exclu les femmes du droit de vote !
Cette longue occultation, qui n’est d’ailleurs pas achevée, visait la démocratie communale comme les cultures de la Galanterie et des Amours paysannes.
Commençons par un rapide rappel de la doctrine du mariage selon l’Eglise. Flandrin a consacré un livre à ce sujet et rappelle que du IIè s après JC jusqu’à Vatican 2, en 1964, soit 18 siècles, la doctrine de l’Eglise condamnait, tout d’abord l’attrait amoureux, le plaisir, la pulsion sexuelle, comme des péchés ; ensuite, l’accouplement dans le mariage était limité à la procréation et enfin, ce qui touchait au plaisir était qualifié de désordres charnels et d’adultère : l’Eglise qualifiait les hommes qui s’y livraient de paillards et les femmes de putains. Ce fut en ces termes qu’elle condamna l’amour des chevaliers et des dames, parce qu’ils se livraient aux désordres charnels et qu’ils avaient, de plus, des pratiques contraceptives.
Certes, la doctrine de l’Eglise existait, mais la culture paysanne aussi, avec ses plaisirs et un contrôle des naissances qui limita la moyenne des enfants par couples à 3, là où se fut étudié en Angleterre, depuis les années 1950, par l’Université de Cambridge, et en France par Flandrin et d’autres…
Ainsi, les pratiques sociales attestent que, depuis le XVè s où l’on dispose de sources écrites, les mariages sont de plus en plus tardifs, passant de 20 à 25 ans. Cela diffère de la doctrine de l’Eglise qui prônait le mariage très jeune, sans autorisation des parents, mais seulement d’un prêtre, à 11 ans pour les filles, à 13 ans pour les garçons, parce qu’elle y voyait un remède à ce qu’elle appelait la fornication.
Dans les campagnes, la liberté de fréquentation des jeunes des deux sexes, sans perte de « l’honneur des filles », était socialement reconnue, avec la connaissance transmise par les adultes de pratiques non fécondantes : caresses, attouchements de plaisir, mais pas de coït pour protéger les jeunes filles.
L’amour et la liberté sexuelle existaient bien dans les campagnes et s’exprimaient dans les fréquentations paysannes, avant le mariage, comme sentiments d’amour, pratiques d’attente, essais d’accord sexuel, sur fond de solidarités villageoises.
Enfin, la contraception dans le mariage est attestée et révèle une moyenne de 3 enfants par couple, comme je l’ai précisé.
Il y eut répression de ces pratiques paysannes de la part de la Contre-réforme catholique :
Le Concile de Trente en 1565, qui dura tout au long du XVIIè s, lança son offensive, mais rencontra une forte résistance paysanne.
Cette répression fut freinée aussi par les acquits juridiques royaux qui, depuis le XVIè s, dégageaient les femmes de la tutelle maritale, en reconnaissant la séparation de corps accordée à la femme, et même le divorce en cas de violences du mari sur sa femme. Dès le début du XVIIIè, cette répression de l’Eglise recula.
On comprend clairement que la culture amoureuse et les pratiques paysannes furent la source de l’Amour courtois, aux débuts du Moyen-âge, puis de la Galanterie, alors que les pratiques paysannes se poursuivaient, là où elles ont été étudiées, en Angleterre comme en France…
Ce sont bien les cultures politiques communales et les amours paysannes qui sont essentielles pour comprendre l’histoire de la démocratie, de la Révolution… et pas seulement…
Robespierre, défenseur des droits politiques des deux sexes
pendant la Révolution
Je rappelle que le mot « droit de franchise », qui désignait depuis le Moyen-âge le droit de vote, est toujours usité en anglais : vérifiez dans vos dictionnaires. Ce « droit de franchise », du mot « franc » qui veut dire « libre », signifie aussi « droit de vote », a été supprimé pour les élections des Etats généraux, et non pour la vie des communes paysannes, depuis 1614 mais, en 1787, Louis XVI fut contraint de les convoquer pour le 1er mai 1789, avec leur système électoral traditionnel.
Je rappelle que ce système électoral était celui du commis de confiance. Les électeurs des deux sexes, réunis en assemblée générale, choisissaient leurs mandataires, après discussion publique avec ces derniers et les chargeaient d’un mandat : c’était le Cahier de doléances. Les mandataires étaient responsables et révocables devant et par leurs mandataires, et en cas de non-respect du mandat, le mandataire était révoqué et remplacé par son électorat. Comme on le voit, c’était un système électoral démocratique, qui maintenait la souveraineté de l’électorat [23].
Et les femmes votaient dans les trois ordres : il y avait des femmes nobles et propriétaires en titre de seigneuries dans la noblesse, et dans le clergé, des femmes qui avaient fondé des couvents féminins, administrés par des femmes.
Par contre, les villes avaient perdu leurs privilèges communaux au XVIè s, car François Ier, qui avait besoin d’argent, les supprima pour leur substituer la vénalité des charges, qui réservait aux riches de diriger les villes.
On commence à mieux comprendre que le système des assemblées primaires des deux sexes, par commune paysanne, signifie de façon démocratique réelle.
Dès la réunion des Etats généraux de 1789, une immense jacquerie paysanne se développa dès le mois de juillet : les villages prenaient le pouvoir local, chassaient les représentants du roi ou du seigneur, organisaient une Garde communale formée de citoyens du village et recherchaient des armes ; ils exposèrent leur programme de suppression des rentes et impôts payés aux seigneurs, à l’Eglise et au roi et se mirent en grève de ces paiements pendant toute la Révolution.
La réaction des possédants qui formaient le côté droit de l’Assemblée Constituante depuis l’été 1789, s’exprima par l’idée de changer le système électoral, en réservant le droit de vote aux seuls mâles riches : furent exclus toutes les femmes, même riches, et les métiers manuels … Voilà le programme de la contre révolution qui va obtenir de l’Assemblée constituante, en septembre 1791, une Constitution qui impose une aristocratie des seuls mâles riches et procède à leur élection en septembre 1791.
Robespierre, mandataire du Tiers-état d’Arras, devint un des dirigeants du « côté gauche » avec Grégoire et Péthion depuis 1789, mais, minoritaires à l’Assemblée, ils ne purent que s’y exprimer, mais ne parvinrent pas à faire échouer le projet de Constitution du « côté droit », dont le grand théoricien fut Siéyès.
Le « côté gauche » démocratique, prépare une nouvelle Révolution le 10 août 1792, qui rétablit le suffrage universel, supprime la monarchie et arrête le roi : une nouvelle assemblée est élue, nommée la Convention.
Ce furent les Brissotins-Girondins qui gouvernèrent de septembre 1792, jusqu’à la 3e Révolution, celle des 31 mai 2 juin 1793. La Convention brissotine vota en février 1793, une guerre de conquête de la rive gauche du Rhin, mais la perdait au printemps 1793. Alors, une nouvelle Révolution, celle des 31 mai-2 juin se prépara : son objectif était de révoquer les mandataires brissotins qui avaient trahi leur confiance par leur électorat dans toute la France, ce qui eut bien lieu les 31 mai-2 juin.
Le 24 avril 1793, Robespierre proposa à la Convention un Projet de Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui était adopté par la Montagne et, le même jour, Saint-Just présenta un Projet de Constitution. Pourquoi ? Parce que la Convention était une nouvelle assemblée constituante, mais les Brissotins n’avaient pas encore achevé le débat sur la Constitution : ce qui signifie qu’ils gouvernaient depuis près d’un an sans constitution !
Je me limite à rappeler le principe central de Robespierre, celui de la souveraineté du peuple :
« Le peuple est souverain : le gouvernement est son ouvrage et sa propriété, les fonctionnaires publics sont ses commis. Le peuple peut quand il lui plaît, changer son gouvernement et révoquer ses mandataires. »
On voit clairement que Robespierre connaît fort bien le système électoral des communes rurales, formé par l’électorat des deux sexes, qui peut révoquer ses mandataires et les remplacer, s’ils trahissent leur mandat. Il revient plus en détail sur ce point dans un discours à la Convention, le 10 mai 1793, dont voici un extrait :
« Fuyez la manie ancienne des gouvernements de vouloir trop gouverner : laissez aux individus, laissez aux familles le droit de faire ce qui ne nuit pas à autrui ; laissez aux communes le pouvoir de régler elles-mêmes leurs propres affaires, en tout ce qui ne tient point essentiellement à l’administration générale de la république (…)
Respectez surtout la liberté du peuple souverain dans les assemblées primaires.
La Constitution doit s’appliquer surtout à soumettre les fonctionnaires publics à une responsabilité imposante, en les mettant dans la dépendance réelle, non des individus, mais du peuple souverain. »
Conclusion
La contre-révolution thermidorienne qui eut lieu le 9 Thermidor/27 juillet 1794, cédait la place « à la corruption et à la débauche », dans la société huppée qui avait pris le pouvoir.
Sous le Directoire, au Salon de 1799, le peintre Girodet présenta une « Danaë », qui exprime clairement ce tournant.
Je cite le Commentaire de ce tableau par le Journal des Arts de l’époque :
« Une allégorie représentant Danaë, coiffée de plumes de paon, tenant dans ses mains le miroir de la Vanité et recevant des pièces d’or qui tombent dans une draperie que soutient devant elle un jeune amour… Sur le châlit ignoble où Danaë est assise, on voit une colombe à qui une pièce d’or a coupé les ailes : elle est ensanglantée…
Girodet livre ici un réquisitoire implacable contre le choix d’une politique de corruption et de débauche. » [24]
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[1] Sur le legs thermidorien voir Marc DELEPLACE, L’Anarchie, de Mably à Proudhon, 1750-1850, Lyon, ENS éditions, 2000 ; sur Robespierre pontife cf. Alphonse AULARD, Histoire politique de la Révolution française, Paris, 1901, chap. IX, 4, p 487-93, qui fait de Robespierre, et contre l’évidence, un adepte de la religion civile selon Rousseau, et la mise au point d’Albert MATHIEZ, « Robespierre et le culte de l’Être suprême », (1910) Études sur Robespierre, Paris, Éd. Sociales, 1973 ; Aux sources de la version stalinienne voir Tamara KONDRATIEVA, Bolcheviks et Jacobins, Paris, Payot, 1989, chap 9 ; enfin, François FURET reprit la thèse de la matrice des totalitarismes du XXe siècle dans son Penser la Révolution française, Paris, 1978, qui s’est imposée depuis le bicentenaire de 1989.
[2] Voir l’historienne états-unienne Joan W. SCOTT, La Citoyenne paradoxale. Les féministes françaises et les droits de l’homme, (1996) Paris, Albin Michel, 1998, qui fait elle aussi de Robespierre, et contre toute raison sensible, un adepte de la misogynie propre à Rousseau.
Sur l’histoire des femmes, voir la très riche mise au point de Lynn HUNT, « L’histoire des femmes : accomplissements et ouvertures », in Martine LAPIED, Christine PEYRARD (dir.), La Révolution française au carrefour des recherches, Aix-en-Provence, PUP, 2003, pp. 281-292. Sur le mythe Robespierre voir Marc BELISSA, Yannick BOSC, Robespierre. La fabrication d’un mythe, Paris, Ellipses, 2013.
[3] Sur la famille Kéralio, voir Jean SGARD, « Louis Félix, Guynement de Kéralio, traducteur, académicien, journaliste, intermédiaire » ; Elisabeth BADINTER, « Auguste de Kéralio : un auxiliaire invisible de la république des sciences » ; Annie GEFFROY, « Les cinq frères Kéralio », Dix-huitième siècle, 2008.
[4] ROBESPIERRE, Œuvres, Paris, t XI, « Réponse de Robespierre au discours de Mlle de Kéralio, p. 189-201, et Correspondance entre Dubois de Fosseux et Robespierre, p. 129-135.
[5] François POULAIN DE LA BARRE, De l’égalité des deux sexes, (1673) Paris, Fayard, 1984 : « Partie 1 : Où l’on montre que l’opinion vulgaire est un préjugé, et qu’en comparant sans intérêt ce que l’on peut remarquer dans la conduite des hommes et des femmes, on est obligé de reconnaître entre les deux Sexes une égalité entière ».
[6] ROBESPIERRE, ibid, p. 194.
[7] Id, ibid, p 197.
[8] Claude HABIB, Galanterie française, Paris, Gallimard, 2006, chap III, 2, Le projet précieux, p 171. Mlle de Scudéry évoque le plaisir propre à la mixité des sexes p 271 : « Il y a je ne sais quoi, que je ne sais comment exprimer […] qui fait qu’un honnête homme réjouit et divertit plus une compagnie de dames que la plus aimable femme de la terre ne saurait faire ». Le propos de Robespierre fait l’exact pendant, du point de vue masculin : « Ouvrez aux femmes l’entrée des Académies […] et vous verrez se rallumer le feu d’une utile émulation et ce commerce enchanteur de l’esprit et de la pensée reprendra toute l’activité dont il est susceptible en acquérant des agréments jusqu’alors inconnus », op. cit, p 194.
[9] C. HABIB, Galanterie française, Gallimard, 2006, chap. 3 ; ROBESPIERRE, op. cit, p 197.
[10] HABIB, op. cit, p. 247 et s.
[11] Marcel MAUSS, Œuvres, Paris, Ed. de Minuit, où l’on trouvera la réédition de Essai sur le don, 1934.
[12] Habib, chap. 4. La liberté des femmes, p. 235.
[13] HABIB, ibid, p 184.
[14] Les Mille et une Nuits datent du IXè s de notre ère, venu du vaste monde musulman et fut traduit par le grand « orientaliste », Antoine Galland, au début du XVIIIè s.
[15] La Bruyère, Les caractères, De la Société, 1688.
[16] SADE, Philosophie dans le boudoir, 1795, 5e dialogue.
[17] CHODERLOS de LACLOS, Les Liaisons dangereuses, 1782.
[18] ROBESPIERRE, Réponse…, op. cit, p 195 et 199 pour les citations. On notera que Robespierre désigne ces écrivains des deux sexes de la même manière, par leur nom de famille : Rambouillet, Molière, La Suze, Bossuet etc... Sur l’âge d’or de ces sociétés où ces femmes couronnaient les talents voir C. HABIB, ibid, chap. III et IV.
[19] Platon, dans le Ménexène, dresse un portrait charge contre Aspasie, femme savante, et la renvoie à son « infériorité naturelle de femme ». J’ignore comment ce portrait d’Aspasie fait à Paris, se retrouve à Arras.[[ Platon, dans le Ménexène, dresse un portrait charge contre Aspasie, femme savante, et la renvoie à son « infériorité naturelle de femme ». J’ignore comment ce portrait d’Aspasie fait à Paris, se retrouve à Arras.
[20] J-L.Flandrin, Les Amours paysannes, Coll. Archives, 1975 ; L’Eglise et le contrôle des naissances, Flammarion, 1970 ; Familles, parenté, maison, sexualité dans l’ancienne société, Hachette, 1976 ; Le Sexe et l’Occident, Seuil, 1981.
[21] Voir MABLY, Observations sur l’histoire de France, 3 tomes, 1765, réed. Œuvres Complètes, 15 vol., Paris, Desbrières, 1794.
[22] Régine PERNOUD, La Femme au temps des cathédrales, Paris, Stock, 1980, 2è Partie, chap. 7, p. 239-267.
[23] Voir F. GAUTHIER, Entrées Communauté villageoise et Fidei commis dans Dictionnaire des biens communs, PUF, 2017, p. 246-250 et 554-556.
[24] Voir P. Bordes et Régis Michel édit., Aux armes et aux arts ! Les Arts de la Révolution, 1789-1799, Paris, Adam Biro, 1988, p. 94.




