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Qui était réellement Joseph Le Bon ?

Accusé des pires excès à Arras sous la Terreur

mercredi 3 mai 2017

QUI ÉTAIT RÉELLEMENT JOSEPH LE BON ?

Introduction

Il fut longtemps impossible de parler de Robespierre à Arras sans qu’aussitôt ne se dresse l’image exécrée de LE BON et des 391 guillotinés, parfois au son du violon, sur la place du théâtre.
 
Rares furent ceux qui osèrent le présenter comme une « des célébrités de la Région », ainsi que le fit le quotidien socialiste Le Réveil du Nord qui écrivait le 21 Octobre 1923 : « Joseph Le Bon fut un des hommes de la Révolution sur lesquels la réaction s’est le plus acharné. Il fît avorter les tentatives des ennemis de la France et de la Révolution. En 1795, sur un rapport bâtard, la Convention, asservie par la contre-révolution, décréta qu’il y avait accusation et le renvoya devant le tribunal correctionnel d’Amiens. Privé du secours d’un avocat, et malgré la rigueur et la dignité de sa plaidoirie, il fut condamné à mort et mourut courageusement  ».
 
A la même époque, Albert MATHIEZ contribua, lui, pour défendre ROBESPIERRE, à conforter la répulsion des Arrageois pour LE BON. C’était à l’occasion de l’inauguration (le 14 octobre 1923) par la Société des Etudes Robespierristes de la plaque apposée sur la Maison de Robespierre. MATHIEZ qui en était l’initiateur, répondit à la virulente campagne menée alors contre l’Incorruptible, par une série d’articles publiés du 13 au 24 novembre 1923 dans le journal local L’Avenir d’Arras et du Pas-de-Calais [1] sous le titre « Réponse à un réquisitoire : la vérité sur Robespierre et Joseph Le Bon »
 
A ceux qui écrivaient : « Robespierre était la tête et Le Bon était le bras » et que « Robespierre et Le Bon étaient amis de tout temps » MATHIEZ répliqua en multipliant les exemples d’opposition entre les deux hommes, renforçant ainsi l’image d’un LE BON criminel.
 
Particulièrement concernés par une période qui a laissé des souvenirs douloureux dans de nombreuses familles, les Arrageois ont évidemment longtemps lu avec une certaine avidité les ouvrages qui ont été consacrés à LE BON, notamment par des personnalités locales réputées comme A.J. PARIS et le Docteur DHOTEL [2].
 
L’inauguration mouvementée du buste de Robespierre en octobre 1933 fut de derechef l’occasion (dans un contexte politique tendu) d’en appeler au devoir de mémoire des descendants des victimes de Le BON pour rendre intolérable le souvenir de ROBESPIERRE et de la Révolution.
 
Plus récemment, le bicentenaire donna lieu à un spectacle en la cathédrale d’Arras avec le concours d’élèves des écoles confessionnelles évoquant « un sanguinaire et des martyres », l’histoire de quatre « soeurs de la Charité » guillotinées sur ordre de Le BON. (3)
 
Essayons si possible aujourd’hui de savoir qui était vraiment LE BON tour à tour accusé de modérantisme et d’exaltation et de restituer les circonstances dans lesquelles il a agi et été encouragé à se montrer impitoyable.

Oratorien curé de Neuville-Vitasse

Jospeh Le Bon

Joseph LE BON est né à Arras le 25 septembre 1765, le second d’une famille de 9 enfants qui vit pauvrement du traitement du père, petit officier de justice, puis gardien de prison. Sa mère est Marie Régnier

Il est bon élève du collège d’Arras, et les oratoriens l’envoient gagner son noviciat à Paris en 1783. Un an plus tard il est nommé au collège de Beaune et la même année ordonné prêtre par l’évêque Talleyrand (pas encore célèbre). Joseph LE BON est réputé bon pédagogue et manifeste des sentiments patriotiques qu’il fait partager à se élèves, ce qui lui vaut d’être exclu de l’ordre en mai 1790. Devenu actif jacobin, il obtient à Beaune une charge de curé constitutionnel.

Comme il a noué des contacts avec les patriotes de sa ville natale (et avec Robespierre, ce que nie Mathiez, démenti par d’autres historiens), Joseph LE BON est élu à la cure de Neuville-Vitasse (près d’Arras) en juin 1791. De nombreux affrontements l’opposent au curé resté sur place et au clergé réfractaire relativement nombreux dans le diocèse sur lequel l’ancien évêque De Conzié (qui a rejoint le comte d’Artois à Coblentz) garde une forte influence.

Député suppléant et maire d’Arras

En 1792 il est le porte-parole des sans-culottes arrageois qui critiquent sans ménagement l’administration départementale présidée par le ci-devant Dubois de Fosseux (premier maire élu d’Arras) accusé de monarchisme.

Joseph LE BON prend une part active aux élections d’août-septembre 1792 pour désigner les députés à la Convention ; mais il n’est élu que de justesse comme premier suppléant le 10 septembre. C’est que les 775 électeurs réunis à Calais se répartissent à peu près équitablement entre jacobins et modérés avec une légère prédominance de ceux-ci. Sur 11 conventionnels du Pas-de-Calais cinq voteront la mort du roi, cinq prendront parti pour les Girondins les 31 mai 1793.

Un maire d’Arras réputé « modéré ».

Ayant renoncé à son sacerdoce (tout en restant fidèle, dit-il à « l’Être suprême ») Joseph LE BON quitte sa cure de Neuville-Vitasse (devenue « Neuville la Liberté ») et s’installe à Arras.

Il prend la tête de l’Assemblée Primaire qui a décidé de siéger en permanence et qui dénonce l’attitude de la municipalité en place conduite par BRASS ART. Celui-ci a en effet déploré publiquement les « sinistres événements du 10 août » tout comme le général DILLON qui commande le régiment en garnison dans la ville qui a réaffirmé sa fidélité « à la nation, à la loi et au Roi ». La ville est en effervescence. Les patriotes s’inquiètent de voir la garde des portes de la ville confiée à des parents d’émigrés.

La municipalité désavouée, de nouvelles élections ont lieu, et Joseph LE BON est élu maire d’Arras entouré de ses amis dont Augustin ROBESPIERRE élu procureur de la ville.

De l’avis même de ses détracteurs, Joseph LE BON durant les 12 semaines qu’il gérera Arras fera preuve des réelles qualités d’administrateur. Il surprendra les observateurs par la modération de sa gestion se révélant, dit-on, « moins sans-culotte que ses paroles n’auraient pu le laisser supposer ».

Une contre-révolution très active.

L’ennemi n’est pas qu’aux frontières toutes proches. Les contre-révolutionnaires sont particulièrement entreprenants dans le Pas-de-Calais, s’appuyant pour une bonne part sur l’activité d’une noblesse restée influente et sur le clergé très majoritairement hostile au nouveau régime, ils ne répugnent pas à favoriser les plans des armées étrangères.

Sur 1134 prêtres du département, on n’en comptait que 207 assermentés. Et Monseigneur de CONZIE, l’ancien évêque devenu le principal conseiller du futur Charles X et des Emigrés, entretient une intense propagande auprès des réfractaires.

Faisant écho à l’Assemblée Nationale qui estimait que « les troubles excités par les ecclésiastiques non assermentés sont une des premières causes du danger de la Patrie », LE BON déclarait : « Tous les conspirateurs ne sont pas à Coblentz, ils sont dans toutes les villes et presque chaque village ; ils ont partout des parents des amis, des affidés ».

L’effort de guerre : tâche première de la nouvelle municipalité.

Lettre de Le Bon

Le 19 septembre le général MARASSE a demandé au département de mobilier 10 000 hommes. Chaque commune est impliquée dans le recrutement des volontaires.

Arras accueille en outre des milliers de recrues et l’armée charge LE BON et la municipalité de participer au ravitaillement des troupes. Il faut vaincre les réticences des paysans à assurer cet approvisionnement, prendre des mesures de taxation du prix du pain et de la viande qui se font rares. LE BON réorganise les bureaux de charité et fait distribuer aux pauvres pain, viande et charbon. Il décide de désarmer le régiment suisse de Salis-Samade (commandé par le seigneur d’Achiet-le-Petit, De DIESBACH) comme l’exigeait la loi du 20 août , non appliquée par la précédente municipalité.

Dans le même temps, il organise les premiers services d’Etat-civil.

Au Directoire du département.
Dans la difficile gestion de la ville, Joseph LE BON se heurte à une administration du département qu’il considère comme trop peu patriote. C’est aussi l’avis de la Convention qui envoie le 30 septembre 1792 dans le Pas-de-Calais, six de ses députés avec des pouvoirs illimités pour déployer l’effort de guerre nécessaire. Ils décident le 20 octobre 1792 de relever de ses fonctions de président du Directoire le ci-devant DUBOIS (qui a supprimé le de FOSSEUX accolé à son nom). Joseph LE BON est désigné au poste provisoire de Procureur général Syndic du Pas-de-Calais. Il est confirmé à cette fonction par les élections du nouveau Directoire qui se déroulent à St-Omer le 11 novembre 1792. Il est élu au second tour par 243 voix (sur 608 votants), Dubois restant membre du Directoire. Au milieu de toutes ces activités, le 25 novembre 1792, le jeune maire Joseph LE BON trouve quand même le temps d’épouser sa cousine Elisabeth REGNIEZ, originaire de St-Pol-sur-Ternoise, dont il aura deux enfants. Mais sa nouvelle responsabilité le conduit à démissionner de son poste de Maire d’Arras le 5 décembre 1792. Son ami HACOT le remplace.Au département, LE BON est chargé des réquisitions, de l’arrestation des malveillants et des contre-révolutionnaires.

Député Montagnard, presque Immédiatement envoyé en mission.

Élu député suppléant en septembre 1792, Joseph LE BON siège à la Convention dès le 1er juillet 1793 en remplacement de Magniez député du Pas-de-Calais évincé, comme tous les Girondins.

Le 9 août suivant, il est désigné avec Dumont, comme missionnaire de la République dans les départements de la Somme et de l’Oise, tous deux chargés de la lutte contre les accapareurs et pour assurer des approvisionnements militaires.

De retour à Paris le 4 septembre, il siège bientôt au Comité de Sûreté Générale. Il y défend, avec Le Bas son compatriote artésien, les positions de Robespierre lors des différends avec le Comité de Salut Public.

Le 23 octobre il est à nouveau en mission, cette fois dans le Pas-de-Calais, où il demeurera presque sans interruption jusqu’à la chute de Robespierre le 9 Thermidor. Sa tâche s’exerce aussi de fait dans département du Nord.

Une terrible responsabilité dans l’un des pires moments de la guerre

Joseph LE BON qui n’a pas encore trente ans va donc se trouver investi pendant neuf mois d’une des plus lourdes missions qu’on puisse confiera un jeune homme dont l’expérience politique est encore toute récente.

Les troupes étrangères sont à quelques dizaines de kilomètres d’Arras et de Cambrai prêtes à fondre sur Paris si le front est enfoncé. C’est sur LE BON, à qui le gouvernement de la France a donné tous les pouvoirs, que repose le ravitaillement des populations et celui des troupes, le racheminement du matériel militaire, les réquisitions chez les paysans, le recrutement des volontaires, la chasse aux déserteurs, l’état des routes, le fonctionnement des transports et des postes aux chevaux et aux lettres, la mobilisation des civils pour la fabrication des armes et de la poudre, la collecte du salpêtre...

Impossible pour SAINT-JUST et LEBAS de contenir l’ennemi puis de mener la contre-offensive, sans un effort considérable de mobilisation de toute la région sur les arrières de l’armée du Nord. Ces deux missionnaires aux armées, qui sauveront la patrie, sont en constante liaison avec LE BON.

La contre-révolution au service de l’ennemi

Or le drame est que LE BON doit mener ces tâches sur un vaste territoire où les forces contre-révolutionnaires sont nombreuses et actives et dont tous les espoirs reposent sur la victoire de l’armée ennemie !

L’influence de l’Église est restée prépondérante dans le Pas-de-Calais qui détient le record de prêtres réfractaires. Beaucoup de ceux qui n’ont pas été déportés sont les émissaires dans le département de Mgr de CONZIE, ci-devant évêque d’Arras, principal conseiller à Çoblentz du Comte d’Artois (le futur Charles X). Plus du tiers, des noble du Pas-de-Calais, on en a répertorié 840 dont 3/4 de militaires) ont passé la frontière surtout après Varennes, Montreuil est quasiment vidé de sa noblesse, ainsi qu’Arras et St-Omer.

L’aristocratie de l’Artois (province rattachée à la France en 1659) a gardé des liens et parfois des intérêts aux Pays-Bas espagnols auxquels elle a longtemps appartenu. 90 nobles du département combattent contre la France au sein de l’armée des princes ou de celle Condé ou celle de Bourbon alliées aux Autrichiens, ou aux côtés des Anglais comme dans l’attaque de Quiberon. Le département a compté au total 2686 émigrés, nobles et surtout riches bourgeois. Leurs familles ou leurs amis restés sur place n’hésitent pas à saboter l’effort de guerre de la nation.

Boulogne, Calais, Dunkerque, sont aux portes de l’Angleterre, qui expédie des armes, répand ses agents et ses espions à la bourse grande ouverte. Plusieurs villes assiégées comme Valenciennes ont déjà été conquises par l’ennemi grâce à des connivences à l’intérieur. Le 26 Brumaire, le Comité de Salut Public alerte LE BON sur une vaste conjuration pour livrer les places de première ligne et signale un convoi de 67 canons convoité par l’ennemi à qui par ailleurs des fermiers de St-Omer ont livré du ravitaillement.

Mission militaire et mission politique étroitement imbriquées

Le 11 messidor à la Convention, après les succès remportés par l’Armée du Nord BARERE, loue SAINT- JUST et LEBAS puis ajoute : « LE BON tant calomnié par les ennemis de la liberté a fait exécuter à Cambrai, les espions et les intelligences de l’ennemi. La police faite à Cambrai depuis deux mois a fait changer le plan de campagne de nos ennemis. Le fait est attesté par les rapports de plusieurs officiers prisonniers » et SAINT-JUST parle de « l’œuvre salutaire de LE BON ».

Que LE BON ait eu aussi pour mission politique d’exterminer par tous les moyens les tentatives de fédéralisme dans le Pas-de-Calais jugé peu favorable aux Montagnards, qu’il ait exagéré ce danger et l’ait combattu parfois par des méthodes inacceptables est indéniable . Mais peut-on pour autant nier ou minimiser, comme l’ont fait la plupart de ses biographes, que le sort de la patrie et de nos armées était alors en jeu, que l’ennemi était autant à l’intérieur qu’à l’extérieur et que toute clémence pouvait coûter la vie à des bataillons entiers sur le champ de bataille ?

Elu Condamné à mort et exécuté à Amiens en 1795.

La mission de Joseph Le BON dans le Nord-Pas-de-Calais s’achève avec la chute de Robespierre. Rentré à Paris, il reprend sans défiance sa place à la Convention.

Accusé à la tribune d’être « un second Robespierre », il est arrêté le 15 Thermidor alors qu’il demandait qu’une com^ mission fasse la lumière sur sa mission. Incarcéré à la prison du Luxembourg puis a Meaux., dans des conditions abjectes, il est ramené à la Conciergerie, tandis qu’une commission de 21 conventionnels est chargée d’examiner ses actes.

Ceux-là mêmes qui, comme Collot d’Herbois, Billaud-Varenne et autres l’avaient encouragé dans la répression se joignent à ses accusateurs avant d’être à leur tour condamnés puis déportés à Cayenne en Germinal an III.

Finalement LE BON sera transféré à Amiens le 19 Thermidor an III pour être jugé par un jury spécial constitué en violation à la législation en vigueur.

Durant sa longue incarcération de 15mois, il écrivit à sa jeune épouse des lettres d’une grande sensibilité qui semblent donner du personnage une toute autre image ... si l’on oublie que durant sa mission il avait montré beaucoup de sollicitude envers les pauvres et multiplié partout les mesures en leur faveur.

Son fils Émile Le Bon devenu juge d’instruction, publiera ces lettres en 1845 avec une préface consacrée à la réhabilitation de la mémoire de son père.

Le BON réclamera en vain pour sa défense ses dossiers saisis à Arras. Sans argent pour se payer un avocat et faire venir des témoins à décharge, il est condamné à mort pour excès de pouvoir par le tribunal criminel de la Somme le 13 Vendémiaire an III (11 octobre 1795) et exécuté sur la Grand-Place d’Amiens le 24 Vendémiaire an III. Il avait 30 ans et laisse une veuve et deux jeunes enfants dans le dénuement.

« Quatre mois qui ont dévoré sa réputation  »

C’est son propre fils qui s’exprime ainsi. Impossible bien sûr d’excuser, l’espèce de jubilation que Joseph Le Bon a parfois manifestée devant le spectacle de la mise à mort des condamnés. Et même s’il faut admettre qu’il n’a fait qu’appliquer à la lettre les consignes impitoyables que lui réitérait le Comité de Salut Public, parce que le salut de la patrie était à ce prix, certains de ses comportements laissent à penser que la haine de l’ennemi avait fini par l’aveugler. Près de 550 guillotinés de toutes conditions en quelques mois sans parler d’une centaine de morts en détention dans les prisons surpeuplées : c’est un lourd bilan... même si on sait que le sinistre Fouché (que Napoléon et Louis XVIII prirent pour ministre) ou Collot-d’Herbois ou Carrier firent bien pire. Jeter le discrédit sur ses accusateurs ne suffit pas à innocenter un coupable, mais on ne peut s’empêcher de constater que le camp de ceux qui depuis plus de deux siècles s’acharnent sur la mémoire de Joseph Le Bon compte bien des procureurs peu reluisants.

A commencer par l’ignoble avocat arrageois Guffroy, qui, après avoir longtemps répandu les appels les plus sanguinaires dans son journal « Le Rougyff », s’est brusquement mué en ultra-modéré après avoir été chassé des Jacobins pour ses comportements louches. N’osant s’en prendre directement à Robespierre, Guffroy s’est fait le principal accusateur de Le Bon devant la Convention. Allié de Fréron, l’homme lige des Muscadins , il a multiplié les pamphlets répandant sur Le Bon des calomnies telles que les juges eux-mêmes n’ont pas voulu les retenir, mais qui sont restées vivaces. Surtout à Arras où l’image d’un Le Bon repoussoir sanglant sert encore aujourd’hui à atteindre Robespierre.

Ni réhabilitation, ni acharnement aveugle.

Jospeh Le Bon
Auteur(s) :
Gabriel, Georges François Marie (en 1775 - vers 1836), dessinateur

Il reste beaucoup a faire pour effacer les méfaits d’une méconnaissance, voire d’une falsification de l’histoire, surtout quand elle prétend se référer à des événements locaux.

Pour preuve cet article de la presse locale qui manifestement se réjouit du sort qu’ont réservé à LE BON les habitants de ce village d’Arleux [3], alors que sa mission et celle des Sans-culottes qui l’accompagnent consiste à recruter des volontaires et assurer leur ravitaillement pour combattre les troupes ennemies postées à quelques lieues de là.

Il suffit d’affirmer d’entrée que le personnage est « sinistre et sanguinaire » pour faire accepter un jugement qui en toute autre circonstance eût révolté les lecteurs. Surtout quand on connaît le patriotisme souvent exacerbé des populations d’une région qui a particulièrement souffert des occupations étrangères.

Notre projet n’est pas de réhabiliter Le Bon mais, sachant à quel point son seul nom suffit encore à figer toute réflexion, nous essayons d’appeler à une meilleure connaissance de ce personnage parfois déroutant et surtout de toute une période sur laquelle pèsent encore tant de clichés et d’à priori.
Maison de J. Le Bon Arras

Christian Lescureux.
in l’Incorruptible n°s 51,52,53,54


Voir en ligne : Ce qu’en disent les Archives départementales du Pas-de-Calais


[1Voir les archives départementales du Pas-de-Calais

[2Disponible au fonds documentaire de l’ARBR

[3Pendant la Révolution Le village est hostile : « Le sinistre et sanguinaire Lebon, par lettre du 27 pluviôse an II de la République, pourchasse les réfractaires à l’engagement dans les armées du nord. Il lance les Sans Culottes pour débusquer les paysans peu enclins à s’enrôler pour défendre la Patrie, et encore moins à livrer des vivres aux armées. Arleux se montre plus que réticent à la livraison nourriture pour les troupes. Les commissaires du peuple venant d’Arras sont fraîchement accueillis. Malgré les menaces d’arrestation de. ceux demeureront hostiles, les paysans d’Arleux, astucieux, vendant leur récolte… C’est la déconvenue pour les réquisitionnaires. Le Bon est ridiculisée et le village ne sera plus inquiété. » Extrait d’un journal local