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La famille Robespierre et « l’occupation espagnole » en Artois

Des internautes nous écrivent

mercredi 18 novembre 2015

Notre lettre d’information motive ses lecteurs qui nous font part de leurs réflexions. C’est avec plaisir que nous publions ces correspondances.

À propos de la « domination espagnole » en Flandres et en Artois ».

DE M. JEAN-MARIE HANNEBIQUE, UN FIDÈLE LECTEUR :

...la Province d’Artois [est] rattachée au royaume de France depuis 1659 après des siècles de domination bourguignonne et espagnole)....Comme vous le dites les préjugés sont tenaces et notamment en ce qui concerne cette « domination » espagnole que je considère comme avoir été beaucoup moins forte que celle des français

En effet, le pouvoir centralisateur de Louis XIV —d’une main ferme dans un gant de velours— a fait perdre la complète et certes petite influence —mais influence quand même— des Etats d’Artois qui se réunissaient régulièrement et plusieurs fois par an avec la présence d’un représentant de l’archiduc (espagnol, antérieurement bourguignon, même Charles Quint y a assisté) qui écoutait toues les doléances et parfois même les refus de lever plus d’impôts pour payer le soldats, l’Espagne étant très souvent en guerre.

Louis XIV lorsqu’il revint à Arras en 1677 fut tellement reçu froidement par les échevins que la cour du roi Louis, pour lui plaire et dénigrer les arrageois, a nommé ce passage « les ennuis d’Arras » et antérieurement encore en 1640, on sait que Richelieu a longtemps hésité d’attaquer Arras car a-t-il dit : « les Arrageois sont plus castillans que les espagnols ».

...J ’ai idée que Robespierre a peut-être été influencé dans son milieu par les souvenirs de ses proches qui avaient connu le pouvoir espagnol, ce qui a peut-être mis dans sa tête une certaine haine de la monarchie française.

Au plaisir de vous lire .

Jean-Marie HANNEBICQUE

LA RÉPONSE DE ARSÈNE DUQUESNE POUR L’ARBR :

Ce commentaire pose beaucoup de questions, notamment pour ce qui touche au particularisme artésien, marqué, entre autres choses, par la contreréforme catholique qui est ici sur ses terres de prédilection.

Pour s’en tenir à l’histoire et à la transmission familiale qui a dû alimenter la jeunesse de Robespierre, si on remonte à l’époque de Louis XIV, il est possible de se pencher sur les origines de la famille. En gros, vers 1650, ayant soutenu Louis XIV dans les guerres de rattachement de l’Artois et de la Flandre au Royaume de France, le dernier représentant de la famille des Princes d’Epinoy retrouve alors les possessions dont il avait été privé. C’est à ce moment en pleine de désolation due aux années de guerres que le grand ancêtre de Maximilien est amené à quitter ses fonctions à Harnes où le Comté est une dépendance de l’abbaye St Pierre de Gand, pour aller s’installer à Carvin où la Principauté qui y a son siège est une dépendance des Princes d’Epinoy ( attention même s’ils font partie des grands et des puissants du royaume, ces Princes-là ne sont pas des princes de sang)

C’est dans le contexte, que Robert de Robespierre se voit confier l’administration de la Chatellenie et Principauté carvinoise placée toutefois sous la coupe de l’homme de confiance du Prince, le Bailli. Plusieurs générations de Robespierre vont alors occuper des positions en vue à Carvin et dans les communes environnantes. Un membre de la famille Robespierre acquiert du pouvoir royal le droit de porter un blason.

Dans les faits, l’influence administrative des principaux membres de la famille qui se succèdent pendant trois générations aux postes clés repose sur deux types de charge : notaire royal et procureur d’office et/ou fiscal. L’influence grandissante des Robespierre est encore mesurable au fait que la famille essaime dans toutes les communes du secteur, au delà des seules paroisses faisant partie de la seule Châtellenie et Principauté d’Epinoy-Carvin. Ses différents membres contractent alliance avec d’autres familles bourgeoises et l’’un des Robespierre les plus en vue contractera mariage avec la fille du maître de postes de Pont-à-Vendin, fonction qui dépend également de l’attribution d’un brevet royal

Pour s’en tenir à cette période, le ressentiment qu’auraient pu nourrir les grands ancêtres de Robespierre à l’égard de la monarchie française de Louis XIV, n’apparait pas fondé dans l’histoire de cette famille bourgeoise qui doit au contraire au pouvoir de Louis XIV beaucoup de ses attributions qui lui permettent de se hisser, au premier plan du pouvoir local. La rupture de la prééminence des Robespierre à Carvin s’opère lorsque dans les années 1720, après quatre générations de règne su Carvin, le grand père de Maximilien devient avocat, gagne Arras où il fonde la lignée de trois nouvelles générations de Maximilien, tous trois avocats arrageois.

Quant aux Etats d’Artois, à la différence de la ville de Lens qui compte pourtant moins d’habitants, le siège de la principauté de Carvin-Epinoy n’y bénéficie pas de représentation. L’influence de ces Etats d’Artois paraît limitée localement à Carvin dont le doyenneté continue de dépendre de l’évêché de Tournai (si traces résiduelles de l’occupation espagnole il y a, c’est plutôt de ce côté qu’il faudrait regarder).

Pour autant, à Arras, lors de la campagne pour les élections aux Etats généraux, Robespierre s’appuyant sur les habitants des campagnes, pourra compter sur ses cousins de la campagne de Meurchin et Carvin, paroisses où ceux-ci se sont maintenant reconvertis au commerce.

Pour l’ARBR, Arsène Duquesne, membre du Comité