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La Société Républicaine d’Arras à la Convention Nationale le 16 août 1793

mardi 10 février 2015

La Société Républicaine d’Arras à la Convention Nationale le 16 août 1793

En août 1793, la société Républicaine d’Arras soutient la Convention par l’envoi d’une adresse qui sera lu devant les représentants du peuple [1]
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Par cette adresse, la Société Républicaine d’Arras encourage la Convention à ne pas céder aux dangers. En effet, en ce printemps et été 1793, la Nation est en danger.

Les premières pages de cette adresse à la Convention rendent hommages aux révolutionnaires qui ont permis de sauver la Nation notamment lors des journées mémorables des 31 mai et 2 juin. Puis la journée du 10 août 1792, qui « fut un jour de joie… ».

La Société Républicaine en vient rapidement au sujet de cette adresse : « Nous ne venons donc pas vous parler de ce que vous avez fait, mais de ce qui vous reste à faire… Dès le lendemain vous avez annoncé que vous alliez céder la place à vos successeurs, et que vous ne mettiez de terme à votre remplacement que le temps nécessaire pour le préparer. »

« Des ennemis puissants sont à nos portes. Ils sont sur notre territoire, ils le dévastent, ils pillent nos propriétés, ils sont dans le sein de nos villes… Nous n’osons plus serrer un frère dans nos bras, nous craignons toujours d’embrasser un ennemi ; et c’est dans cette affreuse situation qu’on nous propose de dissoudre cette Convention nationale… ».

En un mot, la Société républicaine d’Arras fait une description grave de la situation globale de la Révolution.

En juin 1793 les armées reculent sur toutes les frontières. Dunkerque est assiégée, les espagnols avancent vers Bayonne et Perpignan, tandis que les Piémontais franchissent les Alpes. A l’intérieur, une soixantaine de départements entrent en résistance contre les sans-culottes parisiens, tandis que les vendéens assiègent Nantes après avoir pris Saumur et Angers. Si ce tableau effrayant est vrai, il ne correspond pourtant pas exactement à la réalité. Les armées étrangères avancent lentement, sans détermination, sous-estimant les Français [2]
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La guerre civile devient l’élément majeur pour le devenir de la Révolution. La Révolte fédéraliste prend devient dangereuse pour l’unité de l’Assemblée. A Paris, les Conventionnels adoptent une position de compromis, pour garder une unité à l’Assemblée et échapper à une victoire complète des sans-culottes. Le mois de juin se passe en tractations, pour éviter que les modérés et les indécis ne soient amenés à se rallier au fédéralisme. [3]

Les agitations sont vives à Paris, Marat est assassiné le 13 juillet 1793 ; pour les sans-culottes c’est un martyr, mais pour les Enragés c’est un concurrent qui disparaît. L’assassinat de Marat reclasse d’un seul coup tout le paysage politique. Jacques Roux attaque les Montagnards dans son journal le Publiciste de la République française. Le 20 juillet, c’est Leclerc qui relance, l’Ami du peuple, titre du premier journal de Marat.

Robespierre parle aux Jacobins, le 5 août : « Deux hommes (Roux et Leclerc), salariés par les ennemis du peuple, deux hommes que Marat dénonça, ont succédé à cet écrivain patriote. C’est par leurs moyens que les ennemis de l’État se sont persuadés qu’ils nous entameraient encore. L’acharnement (notamment J. Roux dans son journal) avec lequel ils distillent (Roux et Leclerc) le venin de leur calomnie, au moment où les Fédérés nous arrivent de toutes parts… »

C’est sur la question des rapports avec la Montagne que Marat -à la fin de sa vie- et les enragés – après sa mort – suivent des chemins contraires.
Marat place moins d’espoir dans la violence populaire que dans l’alliance avec la gauche de l’Assemblée, Leclerc va, davantage que Roux, durcir progressivement sa critique des Montagnards et remettre en cause la Convention [4]

Cette position est dénoncée par les jacobins d’Arras qui soutiennent la Convention et Robespierre au mois d’août. Le 6 août, un article violent de Leclerc est publié contre la Convention, qui n’a selon lui, accordé au peuple aucunes de ses demandes.

Robespierre, au nom du Comité de Salut Public, contre-attaque. Roux ne serait qu’un prêtre démagogue et Leclerc un ci-devant « patriote d’un jour ». Le 8 août, Robespierre fait citer la veuve de Marat pour qu’elle dénonce ceux qui usurpent le nom de l’Ami du peuple. Roux essaie de soulever les sections. Il est mis en minorité et emprisonné dès le 22 août. Paris ne s’insurge pas [5]

La Société Républicaine d’Arras par sa position politique est un allié de la Convention et de Robespierre contre ses ennemis, les Enragés et les Fédéralistes. « Votre devoir est de rester à votre poste, vous ne pouvez quitter vos fonctions sans compromettre le salut de la République…Purgé la France de tous les venins qui l’infectent ; et lorsqu’il arrivera ce jour heureux où vous aurez proclamé que le danger de la patrie est passé, vous quitterez le poste que nous vous avons confié [6].… ».

Bernard VANDEPLAS
Docteur en histoire contemporaine

 


[1Archive Privée. Adresse de la Société Républicaine d’Arras à la Convention Nationale, le 16 août 1793, 8 p.

[2Jean-Clément Martin, « Nouvelle histoire de la Révolution française », éd. Perrin, Paris, 2012, p.376 et suivantes.

[3Idem, p. 378-379.

[4Voir l’ouvrage de Claude Guillon, « Deux enragés de la Révolution : Leclerc de Lyon et P. Léon », éd. La Digitale, 1993, 256p.

[5Jean-Clément Martin, p. 385.

[6A. P., Adresse de la Société Républicaine d’Arras, op. cit