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Ça s’est passé le 17 juillet 1791 : La fusillade du Champ-de-Mars.

(Un article de Marat dans l’Ami du Peuple n°524.) et un extrait du roman historique de Claude Fournier « Le temps d’une vie »

mardi 30 juin 2020

Le 17 juillet 1791, la foule chantant le « ça ira », entraînée par les Cordeliers, va porter une pétition monstre demandant la déchéance royale à l’Autel de la Patrie du Champ de Mars.
Lafayette à la tête des gardes nationaux, fait tirer sur le peuple. Les morts sont très nombreux.

Ça s’est passé le 17 juillet 1791 : La fusillade du Champ-de-Mars.

La tentative de fuite de Louis XVI et de sa famille arrêtée à Varennes, a suscité des rassemblements populaires. Les Cordeliers, déjà très démocrates deviennent républicains, puisqu’on peut se passer de roi, surtout d’un roi suspect. Le mouvement républicain s’amplifie : le 17 juillet 1791, la foule chantant le « ça ira », entraînée par les Cordeliers, va porter une pétition monstre demandant la déchéance royale à l’Autel de la Patrie du Champ de Mars.

La municipalité de Paris, applique la loi martiale et Lafayette à la tête des gardes nationaux, fait tirer sur le peuple. Les morts sont très nombreux. C’est la scission entre les patriotes démocrates et la bourgeoisie constitutionnelle. L’assemblée ordonne des poursuites contre les Cordeliers et leurs journaux.

Un article de Marat dans l’Ami du Peuple n°524.
Portrait de Marat, l’Ami du Peuple

« Le sang des vieillards, des femmes et des enfants massacrés autour de l’autel de la patrie fume encore, il crie vengeance, et le législateur infâme vient de donner des éloges et des actes de remerciements publics à leurs cruels bourreaux, à leurs lâches assassins. Après avoir consommé cet horrible massacre, Bailly (maire de la commune de Paris), ce fourbe insigne, à la tête de ses municipaux, accourt au Sénat déplorer les événements malheureux qu’il a prémédités.

Non contents d’anéantir les sociétés patriotiques, ces scélérats attentent encore à la liberté de la presse ; ils anéantissent la déclaration des droits de la nature. Lâches citoyens, l’apprendrez-vous sans frémir ? Ils déclarent perturbateurs du repos public tout opprimé qui, pour se soustraire à la tyrannie, se fera une arme de son désespoir et conseillera le massacre de ses oppresseurs ; ils déclarent perturbateurs du repos public tout citoyen qui, dans les émeutes, criera aux satellites féroces de baisser ou de poser les armes ; métamorphosant de la sorte en crimes l’humanité même des citoyens paisibles et les cris de la frayeur, les cris de la défense naturelle.

Massacres du Champ de Mars
Laffitte : Musée Carnavalet

Infâmes législateurs, vils scélérats, monstres altérés d’or et de sang, brigands sacrilèges, qui trafiquez avec le monarque de nos fortunes, de nos droits, de notre liberté, de nos vies, vous avez cru frapper de terreur les écrivains patriotes et les glacer d’effroi à la vue des supplices. Je me flatte qu’ils ne molliront pas. Quant à l’ami du peuple vous savez depuis longtemps que tous vos décrets attentatoires à la déclaration des droits ne sont pour lui que des torches-cul. Que ne peut-il rallier à sa voix deux mille hommes déterminés ! Pour sauver la patrie, il irait à leur tête arracher le cœur de l’infernal Motier au milieu de nos nombreux bataillons d’esclaves, il irait brûler dans son palais le monarque et ses suppôts, il irait vous empaler sur vos sièges et vous ensevelir sous les débris embrasés de votre antre. Juste ciel ! que ne peut-il faire passer dans l’âme de ses concitoyens les feux qui dévorent la sienne ! que ne peut-il laisser aux tyrans du monde entier un exemple effrayant de vengeances populaires ! O ma patrie reçois les accents de ma douleur et de mon désespoir ! »

Choix du texte : Vandeplas Bernard.


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Un extrait du roman historique de notre ami Claude Fournier : « Le temps d’une vie »

Robespierre était aux Jacobins avec une poignée de députés qui avaient envoyé des émissaires dans Paris, afin de savoir ce qui s’était réellement passé. Il était une nouvelle fois monté à la tribune :
« Je suis effrayé des maux qu’on nous prépare : on veut se perpétuer, on veut régner : depuis deux ans, vous voyez les ambitieux sacrifier tout à leurs vues. Le peuple conservait une sorte d’énergie ; il fallait déployer un moyen qui le soumit, afin de l’empêcher de rester dans cette attitude fière qui effraye ses oppresseurs. Ce peuple croyait avoir le droit de présenter une pétition à ses représentants : eh bien, on a fait couler son sang sur l’autel de la patrie : on a choisi des foules de stipendiés, des bouches mercenaires, qui de tous côtés répandaient la calomnie. Déjà toutes les batteries sont dirigées, déjà ceux qui avaient proposé des mesures de justice sont dénoncés de toutes parts comme de mauvais citoyens ; moi, je ne puis paraître dans l’Assemblée nationale ; on m’y attribue toutes les horreurs que l’on commet ou que l’on invente. À l’instant encore, aux Champs Élysées, on publiait sous mon nom un discours séditieux dont il n’est jamais sorti un mot de ma bouche, on veut lier les événements d’aujourd’hui à des faits qui vous regardent, on veut vous les attribuer et vous charger de toutes ces abominations ; on frémirait si je rapportais toutes les expressions qu’un membre de l’Assemblée nationale qui jouit d’une certaine réputation de patriotisme proférait dernièrement sur cette assemblée. ».

Champ de Mars
Estampe anonyme, Bureau des Révolutions de Paris, 1791,
Paris, BnF, département des estampes et de la photographie.

Un charivari l’avait interrompu. Dans la rue, c’était maintenant la débandade des gardes nationaux, dont certains étaient visiblement alcoolisés. Ils revenaient de leur forfait. Ils s’arrêtaient devant les Jacobins, ils voulaient qu’on leur ordonnât d’abattre la salle à coups de canon. Les soldats étaient postés aux grilles et empêchaient quiconque d’y entrer, seuls ceux qui étaient à l’intérieur pouvaient en sortir. Robespierre était de ceux-là, mais ayant fait quelques pas dans la rue Saint- Honoré, il comprit qu’il aurait le plus grand mal à rejoindre sain et sauf sa chambre, rue Saintonge, dans le marais. Un menuisier, jacobin et admirateur convaincu, l’avait tiré de cette ornière en le prenant par le bras, il l’avait fait entrer chez lui. Il n’eut pas de mal à le persuader d’accepter son hospitalité pour la nuit [1].

Madame Roland qui était dans la tribune des Jacobins, fut l’une des dernières à en être sortie. En arrivant chez elle, elle trouva les Robert [2] qui lui demandèrent l’hospitalité pour la nuit. Ils craignaient pour leur vie, s’ils regagnaient leur domicile.

Les espoirs de 89 étaient loin, le sang des innocents avait coulé, la petite terreur constitutionnelle commençait et, sous d’autres formes, ne s’arrêterait plus.

Pour commander le roman : C’est ici : Le temps d’une vie
A propos du film : Un peuple et son roi : C’est ici
Le roman le Temps d’une vie se trouve chez les libraires ici


[1Connu sous le nom de Duplay

[2il s’agit de Pierre François Robert : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierr... et de sa femme Louise de Kéralio.