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A propos de la prétendue sarcoïdose de Robespierre

(On Robespierre’s alleged sarcoidosis)

mardi 16 février 2021

La cause de la mort de Robespierre ne fait évidemment aucun doute : le célèbre révolutionnaire a été guillotiné le 28 juillet 1794. Mais, s’il n’avait pas été envoyé à l’échafaud à l’âge de 36 ans, Robespierre n’aurait peut-être pas vécu très vieux.

(The cause of Robespierre’s death is obviously beyond doubt : the famous revolutionary was guillotined on 28 July 1794. But had he not been sent to the scaffold at the age of 36, Robespierre might not have lived very long.)

En français

La cause de la mort de Robespierre ne fait évidemment aucun doute : le célèbre révolutionnaire a été guillotiné le 28 juillet 1794. Mais, s’il n’avait pas été envoyé à l’échafaud à l’âge de 36 ans, Robespierre n’aurait peut-être pas vécu très vieux.
Le légiste Philippe Charlier, du laboratoire d’anthropologie médicale et médico-légale de l’Université Versailles - Saint Quentin en Yvelines vient en effet de révéler qu’après avoir souffert de la variole, celui que l’on surnommait « l’Incorruptible » était probablement atteint d’une Sarcoïdose diffuse.

Pour poser ce diagnostic 219 ans après la mort de Robespierre, le Dr Philippe Charlier s’est appuyé à la fois sur des témoignages de ses contemporains (en particulier les comptes-rendus médicaux de son médecin, le Dr Joseph Souberbielle et les souvenirs (controversés) de Marie Grosholtz (plus connue sous son nom d’épouse, Madame Tussaud) et sur l’examen de deux masques mortuaires dont l’un a servi de base à la reconstitution faciale en 3D réalisée par l’infographiste Philippe Froesch du laboratoire Visual Forensic de Barcelone.
 
Passons en revue la liste des symptômes présentés par le révolutionnaire telle qu’établie par le Dr Charlier : une asthénie (fatigue intense) et un affaiblissement progressif et généralisé ; une atteinte cutanée à la fois au niveau des jambes (ulcères récurrents) et au niveau du visage (nodules principalement sur les joues et les ailes du nez) ; une atteinte ophtalmologique (sa vision se serait brutalement altérée) ; une atteinte hépatique (sub-ictère conjonctival qu’il dissimulait derrière des lunettes teintées) et une atteinte des voies respiratoires supérieures (épistaxis profuses au point de « couvrir son oreiller de sang chaque nuit »).
 
La Sarcoïdose ou maladie de Besnier-Boeck-Schaumann (décrite pour la première fois en 1877 par un médecin anglais, Sir Jonathan Hutchinson) est une maladie inflammatoire systémique de cause inconnue, qui atteint
préférentiellement les poumons, mais peut toucher n’importe quel autre organe. Elle comporte des signes respiratoires, mais aussi extra-respiratoires : manifestations générales, cutanées, ophtalmologiques, articulaires, ganglionnaires, neurologiques, hépatiques, cardiaques, rénales et ORL. Néanmoins, face à cette pathologie polymorphe, aucun tableau clinique n’est suffisamment spécifique pour affirmer le diagnostic avec certitude.
Ce qui explique que celui-ci ne peut-être porté que par la conjonction d’éléments cliniques, radiologiques, biologiques et surtout anatomopathologiques.

L’examen clé est la biopsie d’un organe atteint qui retrouve un granulome épithélioïde gigantocellulaire sans nécrose caséeuse.

(Encore que, pour être tout à fait exact, ce dernier ne soit pas réellement spécifique puisqu’on peut le retrouver dans certaines maladies auto-immunes – encore appelées connectivites – et dans les vascularites, d’où la nécessité d’un faisceau consistant d’arguments).
 
Mais revenons-en au cas Robespierre : une suite de signes cliniques totalement a-spécifiques (asthénie, affaiblissement généralisé), qui plus est rarement présents dans les cas avérés de Sarcoïdose (atteintes hépatique et ORL), dont certains ne font même pas partie du tableau de la maladie (ulcères des membres inférieurs), ainsi que l’absence de documents radiographiques et histologiques (et pour cause !!!)… et un facteur confondant pour les lésions cutanées car Robespierre avait le visage marqué par la variole… Il nous est donc formellement impossible d’affirmer – n’en déplaise au Dr Charlier – que l’illustre révolutionnaire ait, un jour, pu souffrir d’une telle pathologie !
 

Marie CSANYI, étudiante en médecine

Docteur Michel CSANYI

  • Il a été depuis révélé que la méthode de reconstitution faciale utilisée par Philippe Froesch serait utilisée en vue d’une série télé produite par des sociétés espagnole et britannique.
    Après le visage de Robespierre, sont prévus ceux de Dante, du marquis de Sade, de Napoléon, de Jules César et de Marie-Antoinette…
Moulage du buste de Robespierre par Deseine (Conciergerie)
Photo : Mme Dr Gilchrist

Illustration 1 : buste de Robespierre par Claude-André Deseine (1791) considéré comme un portrait fidèle de l’Incorruptible

Robespierre, portrait anonyme, Musée Carnavalet

Illustration 2 : Portrait de Robespierre au Musée Carnavalet :« Le teint pâle, les yeux verts, habit de nankin rayé vert, gilet blanc rayé bleu, cravate blanche, toujours poudré »comme le décrit un de ses contemporains

In English

The cause of Robespierre’s death is obviously beyond doubt : the famous revolutionary was guillotined on 28 July 1794. But had he not been sent to the scaffold at the age of 36, Robespierre might not have lived very long.
The forensic scientist Philippe Charlier, from the medical and forensic anthropology laboratory of the University of Versailles - Saint Quentin en Yvelines has just revealed that, having suffered from smallpox, the one who was nicknamed « the Incorruptible » was probably suffering from diffuse sarcoidosis.

To make this diagnosis 219 years after Robespierre’s death, Dr Philippe Charlier relied both on the testimonies of his contemporaries (in particular the medical accounts of his doctor, Dr Joseph Souberbielle and the (controversial) memories of Marie Grosholtz (better known under her married name as Madame Tussaud) and on the examination of two death masks, one of which was used as the basis for the 3D facial reconstruction carried out by the computer graphics designer Philippe Froesch from the Visual Forensic laboratory in Barcelona.

Let us review the list of symptoms presented by the revolutionary as established by Dr. Charlier : asthenia (intense fatigue) and progressive and generalised enfeeblement, simultaneous cutaneous lesions to the legs (recurrent ulcers) and the face (nodules mainly on the cheeks and the wings of the nose), ophthalmological damage (his vision would have been drastically impaired), hepatic damage (conjunctival subicterus which he hid behind tinted glasses) and upper respiratory tract damage (profuse epistaxis to the point of « covering his pillow with blood every night »).

Sarcoidosis or Besnier-Boeck-Schaumann disease (first described in 1877 by an English doctor, Sir Jonathan Hutchinson) is a systemic inflammatory disease of unknown cause, which usually affects the lungs, but can affect any other organ. It includes respiratory symptoms, but also extra-respiratory : general, cutaneous, ophthalmological, articular, neurological, hepatic, cardiac, renal and ENT manifestations. Nevertheless, in the face of this polymorphic pathology, no clinical picture is specific enough to confirm the diagnosis with certainty.

This explains why it can only be carried by the conjunction of clinical, radiological, biological and especially anatomopathological elements.
The key examination is the biopsy of an affected organ that finds a gigantocellular epithelial granuloma without caseous necrosis. (Although, to be completely accurate, the latter is not really specific since it can be found in certain autoimmune diseases - still called connectivities - and in vascularitis, hence the need for a consistent collection of arguments.)

But let’s go back to Robespierre’s case : a series of completely non-specific clinical signs (asthenia, generalised weakness), are rarely present in proven cases of sarcoidosis (liver and ENT damage), and some of which are not even part of the disease picture (lower limb ulcers), as well as the absence of radiographic and histological documents (for obvious reasons !), and a confusing factor for the skin lesions being that Robespierre had smallpox scars... It is thus formally impossible for us to affirm – with all due respect to Dr Charlier – that the illustrious revolutionary could at some time have suffered from such a pathology !

Marie CSANYI, medical student
Doctor Michel CSANYI
  • It has since been revealed that the facial reconstruction method used by Philippe Froesch would be used for a TV series produced by Spanish and British companies. After Robespierre’s face, those of Dante, the Marquis de Sade, Napoleon, Julius Caesar and Marie-Antoinette are planned...
Moulage du buste de Robespierre par Deseine (Conciergerie)
Photo : Mme Dr Gilchrist

Illustration 1 : bust of Robespierre by Claude-André Deseine (1791), regarded as a faithful portrait of the Incorruptible

Robespierre, portrait anonyme, Musée Carnavalet

Illustration 2 : Portrait of Robespierre in the Musée Carnavalet :« Pale complexion, green eyes, nankeen yellow coat with green stripes, white waistcoat with blue stripes, white cravat with red stripes, hair always powdered » as a contemporary described


Voir en ligne : Peter McPhee n’est pas convaincu par une analyse médicale de Robespierre qui cite ses propres recherches (en anglais – Peter McPhee is unconvinced by a forensic analysis of Robespierre that cites his own research)